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dimanche 28 mars 2010

Rencontres d'auteurs, chapitre 1 !


La bibliothèque, en partenariat avec la librairie La Licorne, organise cette année des rencontres d'auteurs pour trois classes de 3ème secondaire, de Ste Ursule à Forest et de St Vincent de Paul à Uccle.
Trois romans ont été proposés en lecture aux élèves :
. le chagrin du roi mort, de Jean-Claude Mourlevat;
. Un sale gosse, de Jan Simoen;
. le chant de l'innocent, de Irène Cohen-Janca,
trois livres très différents les uns des autres, dont ils auront ensuite l'occasion de rencontrer les auteurs.

La première rencontre commence ce jeudi 4 mars après-midi, par une course dans les allées de la Foire du Livre de Bruxelles, à la recherche du forum où nous rencontrerons Jean-Claude Mourlevat, l'auteur du "Chagrin du roi mort".
Il est bien là, souriant et détendu, et répond volontiers à toutes les questions.
Petit résumé de ses réponses :
Il ne se sent pas célèbre, puisque les gens connaissent ses livres, mais pas son visage. Par contre, ses livres ont été traduits en plusieurs langues et il a reçu de nombreux prix. En ce sens, il a le sentiment maintenant d'être "attendu" par ses lecteurs, et donc le risque de les décevoir est plus grand. "Mais, dit-il, l'écriture, c'est une affaire entre moi et moi. Je me sens responsable du cadeau que je fais aux gens". Alors il travaille son texte jusqu'à ne plus avoir de doutes. Se relit-il parfois, une fois son livre publié? "Non, dit-il, car relire ses livres, c'est comme se regarder dans la glace, se regarder comme on est beau, comme on écrit bien... :-)"
De quel pays s'est-il inspiré pour écrire "Le chagrin du roi mort"?
De tous les pays froids du Nord de l'Europe : Scandinavie, Islande, Sibérie, Russie... La Petite Terre du roman, c'est l'Islande, par exemple.
Et il s'est aussi inspiré de la campagne de Napoléon en Russie pour décrire la guerre de conquête de Guerolf.
Il écrit ses romans sans plan préalable, avance en aveugle vers la fin de l'histoire, et parfois se retrouve dans un mur! :-)
S'inspire-t-il de souvenirs d'enfance?
Oui et non. "Chaque écrivain intègre dans son disque dur des choses obsessionnelles qui lui sont propres." Dans son cas, c'est le désir de partir, de quitter, la quête. Ses personnages cherchent toujours quelque chose.
Plus anecdotique : "l'épicerie avec la porte qui fait ding-ding dans La rivière à l'envers, c'est l'épicerie de mon enfance".
La Rivière à l'envers est d'ailleurs un de ses romans auquel il est le plus attaché. Peut-être parce qu'il l'a écrit presqu'entièrement pendant ses voyages en train, en regardant le paysage défiler. "Ca coulait de source, je ne me suis presque pas senti l'écrire", dit-il en nous montrant ses cahiers à spirales aux pages couvertes de mots serrés. Eh non, tous les écrivains ne sont pas encore convertis au clavier!
La troisième vengeance de Robert Poutifard, lui, est né parce qu'il avait lu tous les livres de Roald Dahl à ses enfants, et qu'ils étaient déçus qu'il n'y en ait plus. Alors il a essayé d'écrire un récit qui y ressemble, drôle et cruel à la fois.
L'histoire de cet instituteur à la retraite commence par ces mots : "Robert Poutifard détestait les enfants..." Tout un programme!
Aimeriez-vous que vos livres soient adaptés au cinéma? lui demande-t-on.
Oui, bien sûr, mais en même temps "on perdrait le secret du silence de la lecture, les nuances, les images mentales, les états d'âme difficiles à faire passer..."
Et le prochain livre? Il mélangera policier et S.F. et sera en tout cas "décalé par rapport à la vraie vie".
Affaire à suivre...

Le chagrin du roi mort, par Jean-Claude Mourlevat, ed. Gallimard, 2009.

Isabelle P.

vendredi 26 mars 2010

Prix Astrid Lindgren 2010


Au pays du prix Nobel, il y a aussi le prix Astrid Lindgren, du nom de l'inoubliable auteure suédoise de Fifi Brindacier. Ce prix récompense chaque année depuis 9 ans un auteur de littérature de jeunesse. Parmi les lauréats : Maurice Sendak et Philip Pullman. Et cette année, battez tambours, sonnez trompettes... c'est notre compatriote Kitty Crowther qui remporte ce prix prestigieux!
Bravo Kitty! Nous nous souvenons avec bonheur que nous avons déjà eu l'occasion de montrer à nos lecteurs ses magnifiques illustrations de "La grande ourse", il y a quelques années.
Son univers est particulier, son trait reconnaissable au premier coup d'oeil.
"Mon ami Jim", "Scritch scratch clip clapote", "Moi et rien", "le grand désordre"... autant d'histoires qui touchent le lecteur. "Ecrire et dessiner des histoires, pour moi, c'est un peu comme mieux apprivoiser le monde qui m'entoure. Je n'essaie pas de faire des livres plaisants, mais des histoires qui m'intéressent profondément. D'ailleurs, je n'ai pas l'impression de décider, ce sont elles qui me choisissent" dit-elle.
Et le lecteur à son tour les choisit, attiré par l'atmosphère de poésie et d'émotion qui s'en dégage.
Ainsi ce "Va faire un tour" pour lequel j'ai une tendresse particulière! :-)
Dédié à "toi qui un jour as maudit la terre entière parce que plus rien n'allait comme tu le voulais", il montre en une suite de petites vignettes un drôle de bonhomme qui à la suite d'une dispute avec sa mère s'en va faire le tour de la terre avant de revenir à son point de départ. Rien ni personne n'arrive à le distraire de sa bouderie...jusqu'au retour dans le cocon familial!

Va faire un tour, par Kitty Crowther, ed. Pastel, 1995.

Isabelle P.

mercredi 10 mars 2010

Journée de la Femme, suite...

Heure du Conte scolaire, ce mercredi matin. Je présente à un groupe d'enfants de 2ème primaire l'album "Histoire d'un petit garçon qui était une petite fille".
En introduction, on parle de la journée de la femme. Les réactions fusent : "C'est un jour où on peut pas embêter les filles!""C'est un jour où les filles sont les chefs!"... et un garçon s'étonne : "Pourquoi y a pas la journée des hommes?"...:-)
L'histoire d'Adalbert Tripette, charcutier de son état, père de six filles alors qu'il n'aurait voulu que des garçons fait beaucoup rire, et alimentera le débat!
Il faut dire qu'il n'y va pas de main morte, Adalbert : pour lui, les garçons c'est grand, beau et fort, et les filles, c'est mou, bête et peureux! A sa femme qui attend un septième enfant, il déclare : "Si c'est encore une fille, je la découpe en deux avec mon grand couteau à saucisson!". Pour éviter cela, on lui fera croire que l'enfant est un garçon. Adalbert n'y voit que du feu, jusqu'au jour où...
L'album a plus de 30 ans, et non seulement il n'a pas pris une ride, mais il est toujours autant d'actualité, si l'on en croit les réflexions des enfants!

D'autres idées de lecture sur le sujet? Consultez la bibliographie "Allez les filles!" que nous avons concoctée à votre intention : des albums et des romans pleins d'héroïnes loin d'être bêtes et peureuses, n'en déplaise à Maître Tripette! :-)


Histoire du petit garçon qui était une petite fille, par Didier Herlem, illustré par Jean-Claude Luton, ed. Magnard, 1979.

Isabelle P.

lundi 8 mars 2010

La Journée de la Femme...


... c'est aujourd'hui!
Mais à la bibliothèque, nous vous proposerons plusieurs moments de rencontre autour de cet événement dans les semaines à venir. Vous en trouverez tous les détails en cliquant sur notre calendrier de mars!
Epinglons le très beau spectacle littéraire et musical "Histoires d'Elles", orchestré par l'association Le Plaisir du Texte le vendredi 19 mars à 20h30, et pour les petits l'Heure du Conte le mercredi 17 mars à 15 heures.
Nous vous proposons aussi une exposition à visiter, et des suggestions de lectures, rassemblées dans des bibliographies que vous pourrez télécharger sur notre blog dans quelques jours.

Notre départemement de périodiques s'enrichit également dorénavant de la revue "Axelle", mensuel édité par Vie Féminine, mouvement féministe d'action interculturelle et sociale. Un regard engagé, toujours intéressant et interpellant, sur les femmes d'ici et d'ailleurs...

Isabelle P.

vendredi 5 mars 2010

La garde à vue de Beigbeder


Après avoir été arrêté pour usage de stupéfiant sur le capot d’une voiture en pleine rue parisienne et après son placement en garde à vue dans une cellule froide et inhumaine, Frédéric Beigbeder se remémore sa jeunesse qu’il croyait à tout jamais perdue au fin fond de sa mémoire passablement entamée.

Donc, pour ne pas perdre son temps et surtout pour échapper à sa détention nauséeuse, il décide de récupérer quelques souvenirs d’enfance, tâche qui lui semble pourtant totalement insurmontable. Et quelle n’est pas sa surprise de se rendre compte que, tel un fil arraché d’un pull, tous ses souvenirs se mettent à s’effilocher sans qu’on ne puisse plus les arrêter. Son père démissionnaire, sa mère romantique et passionnée, son grand frère (le Beigbeder qui réussit) qu’il admire toujours autant et ses grands parents aristocrates qui connurent la déchéance économique et sociale. Toute la famille y passe, les voisins, les voisines aussi bien-sûr, ainsi que cette brève histoire du 20ème siècle qu’il nous décrit avec ses yeux d’enfants. Ses yeux d’enfants qui lui font penser qu’en somme, il n’a jamais vraiment grandi.

« Un roman français » n’est donc pas vraiment un roman, il se situe plutôt du côté des autobiographies, mais n’est-ce pas le cas de tous les livres de Beigbeder qui, sans aucun doute, est l’écrivain français actuel le plus narcissique ? Narcissique certes, mais écrivain tout de même. Ceux qui n’aiment pas Beigbeder ne l’aimeront pas plus avec ce livre et ne l’aimeront certainement jamais. Pour les autres, « Un roman français » est la confirmation que l’auteur ne cesse d’évoluer. Certes, il s’encombre toujours de ses sempiternelles allusions à Oscar Wilde et autres artistes maudits, et son penchant exagéré pour la déchéance humaine est toujours aussi présent. Mais son écriture va vers quelque chose de plus intime et universel, ce qui peut nous faire espérer que, probablement un jour, il sera reconnu pour sa prose et non plus uniquement pour ses poses et frasques médiatiques.

Un roman français, par Frédéric Beigbeder, ed. Grasset, 2009, 281 p.

Pierre C.

mercredi 3 mars 2010

les lionnes


Elles sont deux, la mère et la fille. Elles ont quitté le groupe, animées d'une rage qui les soude dans leur chasse aux humains qui ont tué deux des leurs.
Mère et fille ensemble face aux hommes, face à la douleur, aux charognards, à la mort...
"Je me sers d'animaux pour instruire les hommes" disait La Fontaine; Jean-François Chabas le rappelle en citation ouvrant ce roman-fable poignant.
En 50 pages défilent en images superbes le destin de ces deux fauves.
Mais dans cette savane impitoyable, il est aussi question de liberté, d'amour et du sens de la vie, qui donnent à ce récit une portée universelle.
Quelques lignes en italique le concluent qui, en vers, auraient pu naître sous la plume de La Fontaine : "Aux plus jeunes de mes lecteurs qui s'attristeraient de cette fin, je voudrais dire de ne pas avoir de peine. La vie, je vous le souhaite, vous apprendra qu'il est bien plus terrible de vivre en hyène que de mourir en lionne".

Les lionnes, par Jean-François Chabas, Ecole des loisirs (Neuf), 2009, 55p.

Isabelle P.