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vendredi 24 janvier 2014

Nouvelle rubrique : Ados lit' !




On connaissait la chick lit', ou littérature "pour poulettes" et la bit lit', ou littérature "mordante", où abondent les vampires, voici donc notre rubrique Ados lit', ou sélection mensuelle des livres pour ados que nos bibliothécaires ont lus et aimés.
Des nouveautés, des titres en rapport avec l'actualité, des "classiques" qui méritent d'être dépoussiérés... Un peu de tout chaque mois!



En attendant New-York, par Mitali Perkins, ed. Thierry Magnier, 2010, 293p.

Nous sommes en Inde, dans les années 1970.  La crise économique oblige le père d’Asha, 16 ans, à partir chercher du travail à New-York.  En attendant de le rejoindre, sa femme et ses deux filles, Reet et Asha iront vivre à Calcutta, dans sa famille.
Très vite, Asha se sent enfermée dans cette maison où l’on vit de manière très traditionnelle , elle a qui un père aimant laissait presqu’autant de liberté qu’à un fils.
Le rêve de New-York s’effondre lorsqu’on apprend la mort accidentelle du père.
La famille ne peut continuer à nourrir trois bouches supplémentaires.  Il faut donc marier Reet, la soeur aînée au plus vite.  Mais les prétendants sont tous inacceptables aux yeux d’Asha la rebelle, qui a promis à son père de veiller sur sa soeur, et entend respecter cette promesse, dût-elle faire le sacrifice de son propre bonheur…
Un roman passionnant et émouvant qui décrit fort justement la condition de la femme en Inde, et l’affrontement entre une tradition séculaire et oppressante, et une modernité qui cherche ses marques. (à partir de 14 ans)

Sako, par Martine Pouchain, Oskar editeur, 2011, 119p.

La couverture du roman, très évocatrice, présente les deux personnages de cette histoire.
Sako et sa maman ont débarqué dans des conditions difficiles du Mali, et depuis leur arrivée en France, leur situation reste très précaire.  La petite fille s’étonne : ici, il faut des papiers pour travailler, mais pour avoir des papiers, il faut travailler.  Alors, comment ils font, les gens?  Leur dernier abri : une caravane sans chauffage dans un camping désaffecté.
De l’autre côté du grillage, il y a la maison de la vieille Mado, dont la famille se préoccupe peu. Sa rencontre avec Sako va changer sa vie, elle s’attache à cette petite fille, à sa maman, et reconstruit ainsi la famille qu’elle a perdue.
Un roman facile à lire, mais plein de choses intéressantes sur lesquelles s’interroger et débattre.  Pas de grands discours, mais la volonté de l’auteur de montrer que chacun peut oeuvrer à son niveau pour que change une situation inhumaine. (à partir de 10-11 ans)

Velvet, par Mary Hooper, ed. Les Grandes Personnes, 2012, 324p.

Après “la messagère de l’au-delà” et “Waterloo Necropolis”, deux romans historiques captivants autant que bien documentés, l’auteur entraîne cette fois les lecteurs à l’époque victorienne, dans un Londres qui se passionne pour le spiritisme.
Velvet est orpheline et survit tant bien que mal en travaillant comme une esclave dans une blanchisserie.  Une chance incroyable la fait entrer au service de Madame Savoya, l’une des médiums les plus en vogue de la ville. D’abord subjuguée, elle découvre peu à peu les coulisses de ce qui pour certains est communication avec les esprits et pour d’autres, moins crédules, spectacle confinant à l’escroquerie. Faire parler les esprits peut en effet s’avérer fort rentable!...
Une belle reconstitution historique pour une aventure qui se lit avec beaucoup de plaisir! (à partir de 12-13 ans)

Double jeu, par Jean-Philippe Blondel, ed. Actes Sud junior, 2013, 135p.
 
“Changer. C’est ce qu’ils veulent tous.  Il faut que j’arrête de poser des problèmes aux adultes.  Que je cesse d’être dans leur ligne de vision, de mire, de tir.  Que je bouge de là.  C’est ce que je voudrais, oui.  A l’intérieur, je bous.  J’aimerais être loin.  Loin, genre à l’autre bout du monde.  Me réinventer une existence avec un début moins pourri.”…
Quentin a quitté son lycée de banlieue où son comportement posait problème, pour un établissement plus huppé, une décision censée lui permettre un nouveau départ.
Sauf que cette chance, l’adolescent révolté n’a aucune envie de la saisir.
Jusqu’à sa rencontre avec le theatre, et “la menagerie de verre” de Tennessee Williams dont le personage qu’on lui propose de jouer semble porter les mêmes peurs, les mêmes envies, les mêmes rebellions…
Comme le slam dans “Brise glace” ou la musique dans “Re-play”, de precedents romans de Jean-Philippe Blondel, le theatre est ici un vecteur de découverte de soi pour le héros, lui permettant de se comprendre et de comprendre les autres.
On sent chez l’auteur, enseignant par ailleurs, une grande tendresse pour son personnage, qu’il rend proche du lecteur.  Une belle rencontre! (à partir de 14 ans)

Souvenirs de ma nouvelle vie, par Marie Colot, ed. Alice (Deuzio), 2013, 155p.

Depuis ce qu’elle appelle “le pire des pires jours”, la vie de Charlie, 12 ans, est toute chiffonnée. Avec son père et sa mère, elle a quitté une belle maison pour un appartement tout en grisaille au rez-de-chaussée du plus grand immeuble de Bruxelles.
Alors, pour tromper l’ennui et la tristesse (dont la cause sera dévoilée peu à peu), Charlie décide d’explorer l’immeuble, de faire connaissance avec ses habitants, et de faire une photo de la vue que l’on a de chaque logement. Les rencontres sont diverses et variées, la plus extraordinaire étant celle de Madame Olga Slavinskaya, qui se prétend descendante d’une princesse russe et écrit des romans à l’eau de rose…
Un roman émouvant et drôle à la fois, qui sans pathos parle de choses graves et tristes.
“Et si, finalement, les pires malheurs pouvaient rendre heureux?”
Marie Colot est belge, professeure de français dans une Haute Ecole, et a déjà publié un autre roman , “En toutes lettres” chez Alice editions.
Petit défi : grâce aux indices donnés par l’auteure, pourrez-vous retrouver l’endroit précis de l’action de ce roman? J (à partir de 11-12 ans)


Le fil à recoudre les âmes, par J.J.Greif,  Ecole des loisirs (medium), 231p.
 
1942, en Californie.  Après l’attaque de Pearl Harbour, le gouvernement et la population semblent pris d’hystérie à l’égard des ressortissants japonais installés parfois depuis plusieurs générations, et dont les enfants, comme Kenichiro, un des personnages principaux de cette histoire sont d’ailleurs américains.  Lui et bien d’autres deviennent subitement des américains inférieurs, ces orientaux sournois ne pouvant être que des espions à la solde de l’ennemi, vieillards et bébés inclus.
Spoliées de leurs biens, ces familles seront regroupées dans de véritables camps de concentration.  Celui où atterrira Kenichiro et sa famille sera situé en plein désert d’Arizona.  Climat, conditions sanitaires, désespoir… les morts seront nombreux dans ces camps que l’Amérique mettra plus de 50 ans à reconnaître comme tels, en acceptant de dédommager ces soi-disant espions dont le seul tort était d’avoir les yeux bridés.
Kenichiro raconte son histoire à travers ses lettres à Mrs Moore, son ancienne institutrice.
Plus tard, il sera avec sa famille échangé par le gouvernement américain contre des soldats prisonniers des Japonais.  Au Japon, dans un pays qu’il ne connaît pas, et dont il se sent tout à fait étranger, il fait la connaissance de Yuriko, une adolescente sensible et poète.  Ils sont à quelques kilomètres d’Hiroshima…
Un livre bouleversant et passionnant, un récit historique solidement documenté, basé sur de nombreux témoignages recueillis par l’auteur.
La première partie, racontée par Kenichiro est éclairée par l’humour pince-sans-rire du narrateur.
La deuxième partie, vécue par Yuriko, la tragédie d’Hiroshima décrite heure par heure, ses conséquences terribles pour les survivants est particulièrement poignante. (à partir de 14 ans) 

Isabelle P.


mardi 7 janvier 2014

Europalia Inde : derniers jours...



Il est encore temps de venir à la bibliothèque découvrir, si ce n'est déjà fait, la très riche bibliographie établie par les bibliothèques de la région bruxelloise au sujet de la littérature indienne, mais ne tardez pas, les livres exposés vont bientôt retrouver leur place habituelle dans les rayons!

Et si la bibliographie vous semble trop touffue, voici pour vous quelques uns de nos coups de coeur!




Compartiment pour dames, par Anita Nair, ed. Piquier (poche)

Un train en Inde, qui s’en va vers le Sud.
A l’intérieur, un compartiment réservé aux femmes.  Dans ce wagon, six femmes rassemblées là par le hasard.  Au centre de ce huis-clos, Akhila, 45 ans.
Elle s’est trouvée brutalement responsable de sa famille à la mort de son père et ne s’est jamais mariée.   25 ans plus tard, elle se retourne sur sa vie et n’y voit qu’oubli de soi-même et enfermement . Elle a entrepris ce voyage sur une impulsion, une urgence : celle de ne pas passer à côté du reste de sa vie.
L’intimité forcée pousse aux confidences, et chaque passagère va livrer un peu d’elle-même à Akhila, mettant ainsi au cœur de ce roman choral le problème majeur de la femme indienne, quels que soient son âge et sa caste : sa dépendance à l’homme, père, mari ou fils, et la menace que constitue pour l’ordre social et familial une femme célibataire et autonome.
A l’arrivée, Akhila devra faire un choix : continuer à vivre par procuration, dans les différents « compartiments pour dames » où les hommes lui permettront d’être, ou…
De beaux portraits de femmes qui vivent et qui vibrent, sous la plume d’Anita Nair, auteure native du Kerala, dans le sud de l’Inde.


La fille secrète, par Shilpi Somaya Gowda.- Gallimard, 2013.- (Folio).

Un récit poignant, qui plonge dans le drame des filles nées dans des familles paysannes indiennes pauvres, et dont on se débarrasse, au pire par l’infanticide, au mieux dans un orphelinat.
Asha a eu de la chance, et 20 ans après son adoption aux Etats-Unis, cherche à renouer avec ses origines…

La chambre des parfums, par  Inderjit Badhwar., Le livre de poche, 2006.

Veillant son père mourant, le narrateur revoit sa jeunesse dans cette province du Nord de l’Inde.  Emigré aux Etats-Unis, il s’interroge sur son identité écartelée entre ses racines indiennes incarnées par son père, le « shikari » vénéré, et le bouillonnement de sa culture  d’adoption.  Un roman en grande partie autobiographique, Prix du premier roman étranger en 2004.

L’émeute, par Shashi, Tharoor.- Seuil, 2004.- (Points).

1989 : une jeune Américaine, bénévole dans une ONG au Nord de l’Inde est poignardée au cours d’un affrontement entre Hindous et Musulmans. Était-elle au mauvais endroit au mauvais moment ? Son assassinat a-t-il une autre cause ? Témoins et protagonistes racontent la genèse du drame dans un roman choral qui donne à voir les complexités indiennes héritées du passé et  les dérives identitaires qui en découlent.

Le vendeur de saris , par Rupa, Bajwa.- J’ai lu, 2007.

Ramchand, le jeune vendeur de saris, aspire à une vie meilleure mais se heurte à la cruauté des inégalités sociales et culturelles de la société.  Riches et pauvres y vivent aux antipodes les uns des autres, et l’oublier expose à toutes sortes de déboires…
Entre comédie et tragédie, un portrait plein de sensibilité du quotidien indien.


Bonnes lectures!

Isa P.