mardi 23 août 2016
lundi 22 août 2016
lundi 27 juin 2016
de "tof" lectures !

La chance m'a permis de participer au jury de ce prix, et de découvrir tout au long de cette année 12 livres récents et très différents les uns des autres. En voici quelques uns parmi mes préférés. Le verdict du jury, présidé par Philippe Delerm : le 18 août prochain! D'ici là., faites-vous votre opinion, ... bonne lecture et bel été!

Habité par cet héritage, John sera un de ces héros anonymes,
découpant sans relâche les poutrelles effondrées pour essayer d’en extraire des
survivants.
Et pendant que ce monde s’effondre, l’auteur nous invite
à remonter le temps, à la rencontre des générations précédentes, dans ces
tribus indiennes que l ’insensibilité supposée au vertige a conduit à bâtir
l’Amérique à travers ses ponts et ses gratte-ciel de plus en plus
vertigineux. Et c’est ainsi que la clé à
mâchoire servant à riveter les poutres d’acier a un jour remplacé le tomahawk…
Un récit à plusieurs niveaux, une belle construction
littéraire où le passé peu à peu éclaire le présent, et où l’on s’attache à
cette confrérie hors du commun, consciente du danger mais aussi de sa valeur,
et ne résistant pas à tutoyer le ciel, toujours plus haut.
A noter que l’auteur a couvert comme journaliste les
événements du 11 septembre, d’où la documentation extrêmement fournie qui étaye
son récit.
Ciel d'acier, par Michel Mouton, ed. Seuil (Points), 2016, 440 p.
Ciel d'acier, par Michel Mouton, ed. Seuil (Points), 2016, 440 p.
Anthime, un ado discret (mais on sait ce qu’il en est de
l’eau qui dort) se révèle une flèche sur un parcours de cross. Ses performances lui valent bientôt une
renommée de futur champion et l’adulation des foules.
L’adolescent serre les dents, endure les entraînements
éprouvants sous la férule d’un entraîneur vieillissant dont il est la dernière
chance d’emmener un jeune athlète en haut des podiums.

Et puis Anthime s’effondre. Trop sollicité, son corps le trahit en pleine
course, et il en reste pétrifié de honte et de désespoir. Tellement pétrifié que pendant 20 ans, il s’abîmera dans une vie fossilisée, aux côtés de Joanna,
son admiratrice de toujours, qu’il a épousée sans l’aimer.
Et pourtant, dans ce corps ankylosé bat toujours le cœur
d’un pélican…
Anthime n’est pas un héros sympathique auquel on
s’attache. C’est un homme en colère, une
colère née de toutes ses frustrations. Et le lecteur suit sa course aveugle et
cruelle avec un malaise qui s’intensifie au fil des pages.
Le sport est ici un spectacle, avec des fans qui adulent
le pélican qui s’envole, le chargeant de leurs frustrations de ne pouvoir faire
pareil, et l’écrasent de leur mépris lorsqu’il chute.
Un livre fort et dérangeant.
Le coeur du pélican, par Cécile Coulon, ed. Seuil (Points), 2016, 261p.
Javier Mallarino est depuis 40 ans le caricaturiste
politique du plus important quotidien en Colombie.
Autorité morale pour certains, ennemi public pour
d’autres, il s’apprête à recevoir un hommage officiel pour l’ensemble de sa
carrière. Il n’est pas dupe de cette
reconnaissance politique, mais il l’accepte.

Tout cela a un prix, bien sûr. Agressivité à son égard, amis qui lui
tournent le dos, menaces… Comme le dit son rédacteur en chef : « dans
ce pays, on ne devient quelqu’un que lorsque quelqu’un d’autre cherche à te
faire du mal ». Magdalena, la femme
de Mallarino, ne l’a pas supporté, et s’est éloignée , elle aussi.
Et puis arrive cette confrontation inattendue avec un
événement de son passé…
Juan Gabriel Vasquez, dans tous ses romans, implique ses
personnages dans l’histoire contemporaine de son pays, la Colombie, en sonde les
plaies, en dénonce les dysfonctionnements.
Dans un style simple, fluide, il amène ici le lecteur à
s’interroger avec lui sur le pouvoir de la presse et des médias en
général. Où commence l’abus de
pouvoir ? La page de journal
est-elle la preuve de la réalité d’un fait ?
Une question universelle et d’autant plus cruciale
aujourd’hui qu’Internet permet à tout un chacun de s’improviser journaliste ou
juge sans pour autant mesurer la responsabilité qui en découle.
Les réputations, par Juan Gabriel Vasquez, ed. Seuil (Points), 2016
Les réputations, par Juan Gabriel Vasquez, ed. Seuil (Points), 2016
Le vieux Stepan vit seul, quelque part dans la campagne en Israël, près d'une forêt.
Son seul contact avec le monde, c’est son ami et employeur
Samuelson, un ancien du service militaire. Une fois par mois, Samuelson lui apporte
des provisions et son travail, des petites boîtes en carton que Stepan assemble
toute la journée.
Un travail mal payé, mais qui doit lui permettre d’aller
voir son fils, réfugié en Nouvelle Zélande, après un événement que l’on
apprendra plus tard dans le récit.
Les variations de la météo, le déroulement des saisons,
la fatigue de plus en plus grande de sa chienne, marquent le temps et la vie de
Stepan, comme laissé au bord du chemin du monde et de ce qui s’y passe. Mais
au-delà de ce qui est dit, il y a tout ce qui n’est pas dit mais que le lecteur
perçoit : la solitude, la complexité des relations entre les gens, le
conflit et la méfiance entre Arabes et Israëliens…
La route de Beit Zera, par Hubert Mingarelli, ed. Seuil (Points), 2016, 156p.

Menés par Kamil et Félix, ils tendent des embuscades aux
Allemands, font sauter des trains de la mort, recueillent les survivants, et
espèrent tenir jusqu’à l’arrivée de l’Armée rouge.
Quelques personnages emblématiques portent le récit et
lui donnent tout son sens.
Kamil, le chef charismatique représente l’idéal qui anime
le groupe : faire le bien pour témoigner de l’humanité de l’Homme face à
un monde dominé par le Mal.
La vieille Tsirel est une sorte de divinité tutélaire,
dont les paroles pleines de sagesse soutiennent les combattants…
Aharon Appelfeld a vécu lui aussi, à l’âge de 8 ans, une
vie précaire dans des conditions semblables, et sans doute a-t-il mis beaucoup
de lui-même dans le personnage de Michaël, 8 ans lui aussi, qui porte sur les
événements son regard d’enfant confronté à la souffrance et au danger.
J’avoue pourtant avoir eu un peu de mal à entrer dans ce
livre, le récit m’a tout d’abord perdu dans de trop fréquentes digressions
autour de la littérature religieuse juive, principal sujet de discussion des
combattants, qui y puisent réconfort et encouragement à l’action.
Mais ces livres qu’ils dévorent et dont ils débattent sont
pour eux le moyen de résister aux souffrances du quotidien et l’on s’attache
peu à peu à ces personnages, à leur
combat pour rester debout et pour témoigner
de leur foi en l’homme, à leur idéal, qui est sans doute aussi celui de l’auteur,
d’un monde de fraternité.
Les partisans, par Aharon Appelfeld, ed. Seuil (Points), 2016, 330p.
Isabelle P.
Les partisans, par Aharon Appelfeld, ed. Seuil (Points), 2016, 330p.
Isabelle P.
mercredi 18 mai 2016
Les Tof du mois!
Pour rappel, "tof" est un terme que l'on dit, entre autres à Bruxelles, quand on veut parler de quelque chose ou de quelqu'un que l'on apprécie ! :-). Exemple : ça c'est un tof peye, sais-tu!
Et donc, voici deux livres qu'on a trouvés "tof" ce mois-ci! Histoire de vous rappeler s'il en était besoin que les bibliothécaires lisent aussi, histoire de vous rappeler aussi qu'à la bibliothèque vous attend la sélection des livres portant le logo "tof", des livres que les bibliothécaires et les lecteurs ont particulièrement aimés.
De "tof" découvertes en perspective!
Depuis son prix Goncourt en 2013 pour « au revoir
là-haut », un des qualificatifs les plus fréquents sous la plume des
critiques, lorsqu’ils évoquent Pierre Lemaître, c’est « Maître du suspense ».
Et donc, voici deux livres qu'on a trouvés "tof" ce mois-ci! Histoire de vous rappeler s'il en était besoin que les bibliothécaires lisent aussi, histoire de vous rappeler aussi qu'à la bibliothèque vous attend la sélection des livres portant le logo "tof", des livres que les bibliothécaires et les lecteurs ont particulièrement aimés.
De "tof" découvertes en perspective!
Dans cette région éloignée des centres urbains, on vit de
pêche, de chasse et de trappe.
Treadway est un de ces chasseurs. Il part de longues semaines avec son fusil et son chien. Là,
il est vraiment en communion avec la nature, se nourrissant l’âme de l’énergie de ce territoire qu’il connaît au plus intime de lui-même. Il déchiffre
les signes que le ciel et les bois lui envoient, loin du tic-tac de l’horloge
rythmant la vie de sa femme Jacinta qui l’attend à la maison.
Il aime son épouse pourtant, mais peine à exprimer ses sentiments,
même lorsque s’annonce la venue de leur premier enfant.
L’enfant naît, mais il n’est pas comme les autres :
à la fois fille et garçon, il est hermaphrodite.
Le père tranche : l’enfant est un garçon et s’appellera
Wayne. Et la médecine fera de son mieux pour que cela soit réalité.
A dater de ce jour, Treadway, sans jamais remettre sa
décision en question, n’aura de cesse de
transmettre à son fils les valeurs viriles qui sont les siennes et assurent la
survie des hommes dans le monde qu'il connaît.
Jacinta, elle, souffre instinctivement de voir son enfant confiné dans un
rôle étriqué qui ne correspond pas à ce qu’il est vraiment. Sa solitude aussi la pousse à chercher en son
enfant la part féminine qui pourrait la comprendre et apaiser son désarroi.
Et pendant ce temps, Wayne grandit, agité de sentiments
qu’il ne maîtrise ni ne comprend…
« Annabel » est un roman magnifique, dans la
forme et dans le fond.
L’auteur, Canadienne elle-même, nous transporte à travers
une écriture brillante et simple à la fois dans un monde où la nature rythme le
temps des hommes et leur spiritualité.
Comment être soi-même sans renoncer à son identité pour
entrer dans un moule acceptable par la société : cette interrogation qui
interpelle le lecteur est mise en scène avec beaucoup de délicatesse et de
finesse psychologique par Kathleen
Winter dans le destin de ces trois personnages.
Treadway, Jacinta et Wayne-Annabel vous accompagneront
encore longtemps, le livre refermé !
Annabel, Kathleen Winter, ed. 10/18, 2014.

Un jeu de mots un peu facile, certes, mais tout à fait
justifié sur le fond. On en veut pour
preuve son dernier roman « Trois jours et une vie » !
Le personnage principal, Antoine, y a 12 ans, et dans
cette petite bourgade provinciale, mène une vie assez solitaire, près d’une
mère plutôt rigide et bien-pensante qui l’élève seule après le départ du père.
Son seul ami au début du livre : un chien, dont la
mort brutale va faire basculer sa vie à tout jamais. Le destin est en marche…
Disons-le tout de suite, nous ne sommes pas dans une
enquête à la Agatha Christie, où l’on cherche un coupable, Lemaître nous le désigne
dès les premières pages! mais il réussit avec son imagination coutumière à nous
emmener dans un suspense presqu’aussi éprouvant pour le lecteur que pour son
personnage !
Trois jours et une vie, par Pierre Lemaître, ed. Albin
Michel, 2016
I.P.
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