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samedi 19 décembre 2009

Un belge à Tokyo


En ce qui concerne l’histoire de « La vérité sur Marie », rien de très original : un homme retrouve son ancienne copine et se remémore leur ancienne relation. Elle (Marie) vient de connaître une mésaventure avec son nouveau copain et, ayant besoin de réconfort, elle le supplie de venir la rejoindre.

Mais au niveau de l’écriture, ce livre est une merveille. Rien que la scène du cheval qui s’enfuit sur la piste de l’aéroport de Narita à Tokyo vaut à elle seule le détour. Les descriptions que Jean-Philippe Toussaint nous fait de cet événement incongru sont tout à fait époustouflantes. Même si c’est sans doute la seule chose qui restera dans nos esprits après la lecture de ce livre, cette scène est désormais à classer, du point de vue stylistique, dans les plus belles pages de la littérature française. On y voit un superbe cheval de course que l’on tente par tous les moyens de faire rentrer dans un avion et qui se met à paniquer et s’enfuir dans la nuit la plus sombre et la plus froide de Tokyo.
Une superbe scène cinématographique n’aurait pu faire mieux. On y est également sur cet aéroport de Narita, on sent l’odeur et la panique du cheval terrifié, on sent la pluie fine et glaçante qui met en évidence la chaleur animale de la bête qui se débat. On y est, on aimerait intervenir, donner un coup de main à tous ces hommes perdus et impuissants, et c’est alors que l’on se rend compte qu’on est juste en train de parcourir des yeux une suite de simples mots écrits par un virtuose de la langue française. Tant pis, j’oublie que j’ai un livre entre les mains, et je retourne de suite à Tokyo pour y retrouver ce cheval fuyant en espérant qu’on finira bien par l’attraper.

Beaucoup de tendresse, de tristesse et quelques passages plus humoristiques dans ce très beau livre du belge Jean-Philippe Toussaint, ce grand monsieur discret de la littérature française.

La vérité sur Marie, par Jean-Philippe Toussaint, éd. De Minuit, 2009, 204 p.

Pierre C.

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