Ados lit' : notre sélection de février 2014
Le mois de février ne comptant que 28 jours ... voilà déjà que nous sommes en retard de quelques jours pour vous présenter notre sélection! Pôôôô bien, comme dirait Titeuf:-) Promis, la prochaine sélection paraîtra, comme on l'a dit, à la fin du mois.
Et en attendant, si cette sélection vous plaît, n'hésitez pas à la diffuser autour de vous!
Bonnes lectures!
Bacha Posh, par Charlotte Erlich, ed. Actes Sud junior,
2013, 181p.
En Afghanistan, bacha posh veut dire « habillée
comme un garçon ». Et en effet,
dans les familles qui n’ont que des filles, certaines peuvent être élevées
comme des garçons. Prestige de l’enfant
mâle, accompagnement des femmes de la maison qui ne peuvent sortir seules,
salaire supplémentaire… les raisons de cette coutume sont multiples. La fille-garçon peut alors, contrairement à
ses sœurs, faire des études, du sport, donner son opinion…
A la puberté pourtant, les choses doivent rentrer dans
l’ordre, et le garçon redevenir une fille.
Adieu la liberté et le monde extérieur, bonjour la soumission à ceux que
le Bacha posh considérait hier encore comme ses égaux.
Farrukh, capitaine de l’équipe d’aviron espère arriver
aux jeux olympiques. L’espoir est au bout du chemin avec le don par une jeune
Française d’un bateau performant. Mais ses premières règles sonnent le glas des
espérances de Farrukh et la voilà du jour au lendemain devenue Farrukzad. A sa place, sa petite sœur Amina endosse à
son tour les habits de garçon. Il en faut plus cependant pour éteindre le goût
de la liberté de la jeune fille …
Ce roman interpellant invite à s’interroger sur la
situation des filles et des femmes de ces régions à travers une pratique qui à
nos yeux de lecteurs européens semble d’une extrême violence psychologique. (à
partir de 13 ans).
Azami le cœur en deux, par Marc Cantin, ed. Nathan, 2012,
213p.
Azami est une jeune Japonaise élevée de manière
traditionnelle par sa grand-mère, son Obâsan un peu sorcière, à laquelle la lie
une grande complicité. Elles vivent loin
du bruit des villes, au pied du mont Kaîdo.
Sa grand-mère lui apprend les valeurs traditionnelles, le respect dû aux
Anciens, à la nature et aux génies qui l’habitent.
L’univers d’Azami va être bouleversé quand son père, un
homme d’affaires qui vit à Tokyo, lui propose de l’accompagner 10 jours à
Paris. L’adolescente est ravie, d’autant
qu’ils logeront dans une famille japonaise amie, dont la fille, Myo, a son
âge. Le choc culturel s’avère pourtant
plus fort que prévu…
Un bon petit roman, qui présente de manière très juste
ces différences culturelles et insiste sur la nécessité de découvrir l’autre
sans à priori. (dès 11 ans)
La décision, par Isabelle Pandazopoulos, ed. Gallimard
(scripto), 2013, 245p.
Quand le lecteur rencontre Louise, élève de terminale, elle est en train d’accoucher dans les toilettes du lycée, ne comprenant rien à ce qui lui arrive. Elle ignorait qu’elle était enceinte, personne n’avait vu quoi que ce soit, et elle affirme, au risque d’être prise pour une folle, qu’elle n’a jamais couché avec qui que ce soit. Louise est en état de choc, face à ce bébé bien vivant, qu’elle n’a ni désiré ni attendu.
Le garder, le faire adopter ? Il faudra à la jeune
fille du temps, du courage et de l’aide pour décider du sens qu’elle veut
donner à sa vie et à celle de celui qu’elle a appelé Noé…
Le sujet est difficile, mais l’auteur le traite avec infiniment de délicatesse et de pudeur.
L’histoire est dite au rythme des confidences de
différents protagonistes : Louise bien sûr, mais aussi ses parents, ses
amis, les professionnels du centre maternel où elle a trouvé refuge. Chacun
s’exprime, et l’on peut ainsi sans jugement comprendre le point de vue de
tous. Louise est un personnage auquel on
s’attache et le livre refermé, on est heureux du chemin qu’elle a accompli,
quelle que soit la décision que l’on aurait voulu qu’elle prenne. (à partir de 15 ans)
Un jour j’irai chercher mon prince en skate, par Jo
Witek, ed. Actes Sud junior, 2013, 126p.
Il était une fois Frédérique, 14 ans, une humaine du
genre féminin. Jeans troués, skateboard…
, elle ne se reconnaît pas vraiment dans la troupe des filles pour qui
maquillage, shopping et magazines sont la base de l’existence. Pourtant, elle
aimerait bien elle aussi avoir une “vie sentimentale” et que les garçons, au
lieu de lui taper dans le dos comme à un pote, cherchent à l’embrasser!
Un jour, mon prince viendra… Et si finalement, rester
soi-même s’avérait être un puissant philtre d’amour?
Jo Witek nous donne ici un portrait très juste d’un
personnage qui explore le sentiment amoureux, et se heurte aux
codes qui régissent les relations entre adolescents. Frédérique, au cours du
roman, va évoluer aussi grâce à des secrets de famille révélés, et à la
découverte de sa marraine, dont on lui avait toujours caché l’existence…
Le message de l’auteure ? Le respect de soi-même est
primordial, respect de ses idées, de sa personnalité, de ses limites… et pour
le reste, “la chance est forcément avec vous, puisqu’elle dépend de vous!”(à
partir de 12 ans)
Hate list, par Jennifer Brown, ed. Albin Michel (Wiz),
2012, 391p.
« C’est moi qui ai eu l’idée de la liste. Je n’ai jamais voulu que quelqu’un
meure. Est-ce qu’un jour on me
pardonnera ? » C’est ce que Valérie se
répète en boucle sur son lit d’hôpital, après la tuerie au cours de laquelle
Nick, son petit ami a tué plusieurs personnes, l’a blessée, elle, quand elle a
voulu s’interposer, et a fini par se suicider.
Nick et Valérie : deux adolescents catalogués « losers »
dans leur lycée et comme tels en proie aux moqueries et brimades de certains ;
deux adolescents aux situations familiales difficiles, beaux-pères changeant
sans cesse pour l’un, parents au bord de la rupture pour l’autre.
Elle est née comme cela, cette « liste de la haine » ,
comme une manière d’évacuer toutes les humiliations, toutes les frustrations,
toutes les souffrances… sauf que pour Valérie, dresser une liste des gens et
des choses à rayer de la terre est toujours restée un jeu, tandis que pour
Nick…
Et maintenant, Valérie est seule à affronter le regard
des autres, de sa famille, d’elle-même…
Entre flash-backs et présent, l’auteure raconte
l’histoire du point de vue de Valérie. L’adolescente revient sur sa relation
avec Nick et avec les autres, raconte aussi ce qu’elle vit alors que quelques
mois plus tard elle réintègre le lycée.
Sans manichéisme, les questions essentielles sont posées,
le point de vue des uns et des autres est pris en compte, les caractères se
dessinent dans toute leur complexité et donnent au roman une grande densité,
loin de « l’américanisme » que l’habillage du livre pouvait laisser craindre.
(à partir de 13 ans)
Dans le même ordre d'idées, , on pourra lire aussi , paru il y
a quelques années :
Après, par Francine Prose, ed. Seuil/Métailié, 2004,
235p.
Tom mène une vie sans histoires dans son lycée
américain. Jusqu’à ce que, à quelques
kilomètres de là, éclate une fusillade meurtrière dans un autre lycée.
Après, plus rien ne sera comme avant. Pour la sécurité
des élèves, la direction du lycée de Tom fait appel à un spécialiste des
situations de crise. Contrôle, fouille, surveillance… une sorte de psychose
sécuritaire s’installe….
Un roman passionnant et une réflexion intéressante sur la
défense des libertés essentielles. (12-14)
A noter que la bibliothèque possède 30 exemplaires de ce
livre, pour les lectures scolaires.
La double vie de Cassiel Roadnight, par Jenny Valentine,
ed. Ecole des loisirs (Medium), 2013, 276p.
Chap n’a pas cherché à se faire passer pour Cassiel
Roadnight, il a bien dit aux assistants sociaux qu’il n’était personne et
n’avait pas de nom… Mais quand on lui a montré la photo de ce Cassiel, disparu
depuis deux ans et qui semble être son double, il n’a pas résisté. Quand on
vous offre une famille sur un plateau d’argent, comment dire non ?
Et Chap devient Cassiel, avec une mère, un frère et une
sœur aînée qui semblent fous de joie de l’avoir retrouvé. Mais prendre la place
d’un autre, c’est comme marcher sur un fil : le moindre faux-pas, la
moindre parole malheureuse pourrait le renvoyer d’où il vient. D’autant qu’au
fil des jours et des rencontres, l’adolescent se rend compte que si Cassiel a
disparu, ce n’est peut-être pas de son plein gré. Et que lui, le faux Cassiel,
pourrait bien être en danger lui aussi…
Après « la fourmilière », sélection 2013 du
prix Farniente, voici donc un nouveau roman de Jenny Valentine, qui parle lui
aussi de solitude, de résilience, de solidarité entre gens un peu cassés par la
vie, de secrets de famille…
Les événements antérieurs sont distillés petit à petit,
maintenant un suspense qui donne à ce roman une dimension
« thriller » tout à fait addictive ! (13-14 ans)
Isabelle P.
Isabelle P.
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