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samedi 9 janvier 2010

Le premier qui pleure a perdu



Pour Junior, jeune indien de 14 ans, la vie dans sa réserve est loin d'être une partie de plaisir. Sa description de lui-même dans les premières pages de son récit est sans concession : hydrocéphale, les yeux de traviole, zozotant et zézayant... un vrai gogol, quoi! "Et vous savez ce qui arrive aux gogols sur la réserve? On se fait tabasser. Au moins une fois par mois. Eh ouais, je fais partie du Club du Coquard du Mois..."
Pourtant, à travers tout, Junior avance : contre l'avis de tous, il décide d'aller au lycée des Blancs, seul moyen à ses yeux de conquérir un avenir digne de ses rêves.
Tout ceci pourrait paraître épouvantablement triste et misérabiliste, mais il n'en est rien. On sourit au contraire beaucoup à la lecture des tribulations de Junior, éternel optimiste, capable de rire de tout et surtout de lui-même, et qui se donne les moyens de briser à son niveau la manière d'être qui maintient son peuple dans la pauvreté et le marasme. Un incroyable hymne à la vie et à l'espoir!
Dans une interview parue dans la revue Citrouille de novembre 2008, Sherman Alexie, déjà auteur de plusieurs romans pour adultes centrés sur la réalité vécue par les Indiens aux Etats-Unis raconte la genèse de ce roman spécifiquement écrit pour les ados. Il le qualifie d'"émotionnellement autobiographique". Traître pour les siens, indésirable pour les autres, il lui a fallu comme à son héros une bonne dose de pugnacité pour briser cette sorte d'"enchantement négatif" qui s'attache à son peuple.
Du même auteur, et sur les conseils d'une lectrice de ce blog, j'ai lu aussi "Flight", paru en littérature adulte, et dans lequel j'ai retrouvé, quoique dans un langage plus cru :-)le même humour féroce du héros, envers les autres et lui-même.
Surnommé Spots, à cause de l'acné qui lui dévore le visage, l'adolescent, personnage principal de ce roman, a déjà connu 20 foyers d'accueil différents, et sa vie entière tient dans un petit sac à dos. Plein de rage contre le monde dans lequel il vit, il finit par braquer une banque, tirant indistinctement sur tout ce qui bouge.
Atteint d'une balle dans la tête, il se retrouve dans une sorte de voyage dans le temps où il est tour à tour un agent du FBI, un ado indien lors de la bataille de Little Big Horn, un soldat de la cavalerie américaine qui extermine un village indien en représailles d'un massacre de colons....
Comme tous les romans de Sherman Alexie, Flight est la transposition, ici sous forme de fable fantastique, de la réalité indienne. Un témoignage d'autant plus marquant par le ton employé, qui souligne le tragique vécu au quotidien par Spots et les siens.


Le premier qui pleure a perdu, par Sherman Alexie, ed. Albin Michel (Wiz), 2008, 280p.

Flight, par Sherman Alexie, ed. Albin Michel (terres d'Amérique), 2008, 200p.

Isabelle P.

lundi 28 décembre 2009

La maladie de Camilleri


Dans « Le tailleur gris », Camilleri laisse tomber l’humour, même si le personnage principal est au début du livre plutôt cocasse. C’est un ancien banquier fraîchement retraité qui se demande, dès le premier jour, ce qu’il va bien pouvoir faire de tout ce temps libre. Mais voilà que cette nouvelle vie va vite s’avérer moins lumineuse qu’il ne l’espérait. En effet, il se rend compte, son esprit n’étant plus occupé par son travail, que sa jeune épouse le trompe, et pas qu’un peu, depuis assez longtemps. Loin de lui l’idée de vengeance, vu la différence d’âge entre eux deux, il se fait rapidement une raison ; mais ça ne l’empêchera pas de mener sa petite enquête. Cocu, oui, mais complètement ignorant, non.

Jusque là, on reste dans le style Camilleri, mais le récit glisse lentement vers un aspect totalement nouveau chez l’écrivain sicilien. Une atmosphère beaucoup plus tendre, intime et triste voit le jour. Camilleri devient beaucoup plus introspectif qu’à son habitude. Il nous parle de choses assez douloureuses qui nous rappellent que l’écrivain vient d’atteindre ses 84 balais et que, peut-être, il se met à voir la vie différemment.

C’est avec un peu d’inquiétude que l’on quitte « Le tailleur gris », on a l’impression que l’auteur veut nous dire quelque chose, veut nous faire part de son inquiétude. Une ombre inquiétante pèse sur ce livre, mais espérons que ce n’est qu’un livre et que Camilleri ne tire tout ça que de son imagination fertile.

Le tailleur gris, par Andrea Camilleri, éd. Métaillié, 2009, 135 p.

Par Pierre C.

lundi 21 décembre 2009

Une promesse


Une petite maison, dans un village de Mayenne. Chaque jour, quelqu'un y entre.
Le lundi, Paradis ouvre les portes et remonte la petite horloge suisse. Le mardi, Leo fait sonner la cloche pour annoncer sa visite. Le mercredi, Berthevin allume les lampes. Le jeudi, Madeleine dresse la table du souper...
Dans la maison, il y a Etienne et Fauvette, cheveux blancs et gestes mesurés de ceux qui ont déjà beaucoup vécu. Elle fait des mots croisés, il contemple sa collection de timbres et note dans un petit cahier le jour et l'heure de chaque visite. Pourtant, visiteurs et visités ne se croisent jamais...
L'histoire commence ainsi, à petits pas feutrés comme ceux d'Etienne et Fauvette.
L'auteur installe une ambiance, le lecteur s'y installe à son tour. Je n'ai pas envie d'en dire plus, les mots de ce roman parlent d'eux-mêmes. On en sort ému, touché au coeur par ces personnages poignants, soudés par une solidarité et une fidélité hors du commun.
Journaliste à "Libération" pendant de nombreuses années, Sorj Chalandon a reçu pour "Une promesse" le prix Medicis en 2006.

Une promesse, par Sorj Chalandon, ed. Grasset, 2006, 274p.

Isabelle P.

samedi 19 décembre 2009

Un belge à Tokyo


En ce qui concerne l’histoire de « La vérité sur Marie », rien de très original : un homme retrouve son ancienne copine et se remémore leur ancienne relation. Elle (Marie) vient de connaître une mésaventure avec son nouveau copain et, ayant besoin de réconfort, elle le supplie de venir la rejoindre.

Mais au niveau de l’écriture, ce livre est une merveille. Rien que la scène du cheval qui s’enfuit sur la piste de l’aéroport de Narita à Tokyo vaut à elle seule le détour. Les descriptions que Jean-Philippe Toussaint nous fait de cet événement incongru sont tout à fait époustouflantes. Même si c’est sans doute la seule chose qui restera dans nos esprits après la lecture de ce livre, cette scène est désormais à classer, du point de vue stylistique, dans les plus belles pages de la littérature française. On y voit un superbe cheval de course que l’on tente par tous les moyens de faire rentrer dans un avion et qui se met à paniquer et s’enfuir dans la nuit la plus sombre et la plus froide de Tokyo.
Une superbe scène cinématographique n’aurait pu faire mieux. On y est également sur cet aéroport de Narita, on sent l’odeur et la panique du cheval terrifié, on sent la pluie fine et glaçante qui met en évidence la chaleur animale de la bête qui se débat. On y est, on aimerait intervenir, donner un coup de main à tous ces hommes perdus et impuissants, et c’est alors que l’on se rend compte qu’on est juste en train de parcourir des yeux une suite de simples mots écrits par un virtuose de la langue française. Tant pis, j’oublie que j’ai un livre entre les mains, et je retourne de suite à Tokyo pour y retrouver ce cheval fuyant en espérant qu’on finira bien par l’attraper.

Beaucoup de tendresse, de tristesse et quelques passages plus humoristiques dans ce très beau livre du belge Jean-Philippe Toussaint, ce grand monsieur discret de la littérature française.

La vérité sur Marie, par Jean-Philippe Toussaint, éd. De Minuit, 2009, 204 p.

Pierre C.

mercredi 16 décembre 2009

Pas de vacances pour Immense Savoir


A l'occasion d'une recherche bibliographique dans le cadre d'Europalia, j'ai redécouvert avec beaucoup de plaisir ce roman au titre énigmatique, paru à l'Ecole des Loisirs il y a déjà quelques années.
Né en 1956, dans la toute nouvelle République populaire de Chine, Sheng-Hui (Immense Savoir en chinois) a été ainsi nommé par sa mère afin qu'il devienne un savant réputé, ce que ses grandes oreilles laissent, paraît-il présager.
Le devin du village a, lui, une vision toute autre du destin du nourrisson : "le garçon quittera la maison très jeune. Il connaîtra le chagrin et le deuil quand il sera tout petit. Puis il parcourra le monde". Et c'est ce qui advient.
Orphelin à 4 ans, il est adopté par un moine bouddhiste qui s'est donné pour mission de conserver tous les "sutras", ces textes transmettant l'enseignement de Bouddha.
Seul manque au vieux moine le Sutra du rire, celui qui apporte illumination et immortalité.Le seul exemplaire au monde se trouve dans un musée de San Francisco.
Quinze ans, une révolution culturelle et bien des vicissitudes plus tard, Immense Savoir, rebaptisé Hsun Ching ou Chercheur de Sutras, entreprend de réaliser le voeu de son vieux maître.
Accompagné du colonel Sun, extraordinaire personnage aux yeux jaunes et à la force prodigieuse, le jeune homme traverse illégalement les frontières et débarque à San Francisco. les deux voyageurs découvrent la culture américaine avec l'ahurissement que l'on imagine. Hsun-Ching, nourri des préceptes communistes et le colonel qui juge toute chose à l'aune de ses valeurs guerrières accusent le choc culturel de leur mieux, ce qui donne, on s'en doute, quelques épisodes cocasses!
Au-delà de ces aventures picaresques, il y a dans ce récit toute une réflexion sur ce qui fait la grandeur et le déclin d'une civilisation, le besoin de spiritualité de l'être humain, les dérives d'une révolution pourtant voulue pour le bonheur des hommes...
Pour écrire ce roman, l'auteur, Mark Salzman, s'est inspiré de son expérience de vie en Chine, où il a passé deux ans à enseigner l'anglais dans une université de province. Passionné d'arts martiaux dès l'enfance, il parle le chinois, et raconte dans "Le fer et la Soie" les rencontres, drôles parfois, émouvantes souvent, qui ont jalonné ces deux années.

Parus tous les deux dans une collection estampillée "Jeunesse" ces deux livres se privent ainsi, et c'est bien dommage, d'un public bien plus large, qu'ils méritent pourtant.
Alors, lecteurs adultes, faites comme Hsung-Ching, franchissez sans crainte les frontières, vous ne le regretterez pas!

Pas de vacances pour Immense Savoir, par Mark Salzman, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 371 p., 2006

Le fer et la soie, par Mark Salzman, ed. Gallimard (Page blanche), 1989, 351p.

Isabelle P.

lundi 7 décembre 2009

Rencontre d'auteur


La librairie La Licorne, qui est notre très chouette partenaire pour plusieurs projets, propose ce jeudi 10 décembre à 18 h 30 une rencontre avec l'univers de Anne Wiazemsky, qui parlera entre autres de son dernier livre "Mon enfant de Berlin".
Vous ne connaissez pas encore cette auteure? Plongez-vous par exemple dans "Sept garçons", un très attachant roman sur le monde de l'enfance.
Le récit se passe quelque part au bord de la Méditerranée, dans les années 60, autour de deux enfants, Roséliane et Dimitri, 11 et 9 ans.
Habitués à vivre en autarcie familiale, les voilà parachutés, au hasard des amitiés parentales, dans un groupe de 7 autres enfants de leur âge, sept garçons.
Durant deux étés successifs, les relations entre les enfants évoluent et se transforment, dans une quasi liberté. Roséliane découvre sa féminité, son pouvoir d'attraction sur chacun des garçons qui l'entourent, et qui chacun suivant leur tempérament se font valoir auprès d'elle. Mais de bravades en prises de bec agressives, les rivalités latentes finiront par basculer dans le tragique...
Anne Wiazemsky décrit ces relations à la manière d'une ethnologue abordant une peuplade aux rites complexes et particuliers, d'autant plus particuliers que les parents, soucieux de préserver leur tranquillité, sont très peu présents.
On entre dans ce roman sans trop se poser de questions; on y reste, fasciné par ce microcosme dans lequel l'auteur nous introduit peu à peu, de plus en plus profondément, avec beaucoup de subtilité.
Une invitation à nous retourner sur notre propre enfance, fut-elle ou non semblable à celle-là.

Sept garçons, par Anne Wiazemsky, ed. Gallimard (Folio), 2004

Librairie La Licorne, 656, chaussée d'Alsemberg, 1180 Bruxelles
Tel : 02/344.98.32

Isabelle P.

samedi 5 décembre 2009

Et hop ! un classement de plus


Top 50 des prêts en section adultes de juillet à septembre 2009

(juste pour se faire une idée bien-sûr…)

1. La 6e cible / Patterson
2. Le cimetière des poupées / Pingeot
3. Ultime rencontre / Shreve
4. Un homme accidentel / Besson
5. Âmes sœurs / Debois
6. La chasseresse écarlate / Debois
7. Clair de lune / Deaver
8. Erevan / Sinoué
9. N'oublie pas d'être heureuse / Orban
10. Sans un mot / Coben
11. Le bonheur des familles : récits / Fuentes
12. Le déjeuner de la nostalgie / Tyler
13. L'appel des morts / Rankin
14. N'habite plus à l'adresse indiquée / Grosman
15. La lamentation du prépuce / Auslander
16. Quand tu es parti / O'Farrell
17. Les hirondelles de Kaboul / Khadra
18. Et après... / Musso
19. L'homme dans la vitrine / Dahl
20. L'accusé / Grisham
21. Avalon / Istin
22. Le cromm-cruach / Istin
23. L'étoile de Babylone / Wood
24. Inés de mon âme / Allende
25. Profondeurs / Mankell
26. Disparu à jamais / Coben
27. Paradis conjugal / Ferney
28. Le secret du Bayou / Biguenet
29. La princesse des glaces / Läckberg
30. Le pacte des assassins : roman-histoire / Gallo
31. Dans les bois / Coben
32. Une question d'honneur / Leon
33. La jeune fille et le rossignol / Gourdin
34.A quand les bonnes nouvelles ? / Atkinson
35. L'anomalie / Jodorowsky
36. L'ange bossu / Jodorowsky
37.Le coeur de Kavatah / Jodorowsky
38. La porte du non-retour / Peyramaure
39.Dans la tête de Shéhérazade / Janicot
40. Un palais dans les dunes / Degroote
41. Le secret de Clara / Bourdin
42.Syngué sabour : pierre de patience / Rahimi
43. La deuxième lune de miel / Trollope
44. Le petit Nicolas
45.Dans le silence de l'aube / Bourdin
46. Chaos sur Bruges / Aspe
47. La lampe d'Aladino et autres histoires pour vaincre l'oubli / Sepulveda
48. Love & pop / Murakami
49.La pluie avant qu’elle tombe / Coe
50. Impardonnables / Djian

Pierre C.

mardi 24 novembre 2009

D'une seule voix



La récente collection "D'une seule voix" chez Actes Sud s'adresse aux adolescents et aux jeunes adultes. Son titre en décrit bien la démarche, puisqu'il s'agit toujours de monologues . La mise en page a d'ailleurs, nous dit l'éditeur, été spécialement étudiée pour faciliter la lecture à voix haute de ces textes forts et porteurs d'émotion.
Dans La piscine était vide, le récit de Célia, 16 ans, commence par l'annonce de son acquittement. Elle était accusée par la mère d'Alex, son petit ami, de l'avoir tué en le poussant dans une piscine vide. Traumatisée par cette mort vécue en direct et par la haine de la mère de l'adolescent, elle raconte ce grand amour tragiquement terminé, passe en revue tout ce qui s'est passé le jour fatal... Par la grâce de l'écriture sensible et juste de Gilles Abier, la voix de la narratrice entraîne le lecteur au coeur même de ses émotions.
La forme du discours, très orale, les rend encore plus palpables, à travers des hésitations, des digressions, des reprises de souffle subites.
La fin choisie par l'auteur ajoute une dimension particulière au récit.
Ce livre fait partie de la sélection 2010 catégorie Un basket du prix Farniente.

Dans Un endroit pour vivre, le narrateur a 16 ans lui aussi. Elève sans histoires, il se révolte pourtant contre le nouveau proviseur obsédé de résultats et traquant les amoureux dans les couloirs, au prétexte que le lycée ne doit être qu'un lieu de travail.
"Je n'ai jamais compris, dit le héros, l'opposition entre la vie et le boulot. On nous les présente comme antinomiques, partout, et je ne vois pas pourquoi?... Le travail c'est la vie, la vie c'est du travail. L'amour, ça se travaille. L'amitié aussi. Le travail, c'est avant tout du lien, non?"
Alors il raconte en images tout ce qui fait du lycée un lieu de vie : l'amour, la haine, la souffrance, la solidarité, la tendresse... Cinq minutes trente de film, cinq minutes trente de vie et d'émotions.

La piscine était vide, par Gilles Abier, 2008, 65p.
Un endroit pour vivre, par Jean-Philippe Blondel, 2007, 77p.

Isabelle P.

lundi 16 novembre 2009

Lady L.


Que cache le mystérieux sourire de Lady L, alors qu’elle attend le moment d’entrer dans le grand salon pour retrouver sa descendance ?

« Sa main posée sur le pommeau d’ivoire d’une canne, la fête de son quatre-vingtième anniversaire remplissait l’adorable vieille dame d’agacement et de mélancolie. Elle restait romantique, impertinente et savait que sa beauté pouvait encore inspirer un peintre mais… pas un amant ! »

L’auteur nous conduit dans les souvenirs de cette aristocratique lady qui pense souvent en français. Il nous dévoile à travers les confidences de la vieille dame à un admirateur poète, quelle fut l’enfance, l’adolescence et la vie d’une gamine dont la beauté et l’intelligence lui feront traverser la vie vers un destin auquel sa naissance ne la prédestinait nullement.

Romantique, cette femme éprise d’un libertin, réactionnaire, anarchiste cambrioleur, « l’ange noir », réussira à maîtriser sa passion et paiera sa liberté et son rang au prix de cet amour. Le moyen ne nous est livré qu’en dernier ressort comme dans un bon roman policier.
L’écriture est agréable, des références historiques, des pointes d’humour telles qu’on les attend d’une lady de cette trempe pour un récit qui s’inspire d’un fait authentique mais reste une histoire romancée.

Une agréable lecture pour un moment de détente.

Lady L, par Romain Gary, ed. Gallimard (Folio).

Colette P., lectrice.

Vous aimez vous aussi Romain Gary, alias Emile Ajar?
Vous avez lu d'autres livres de cet auteur?
Vous avez envie d'en discuter avec d'autres lecteurs?
Rejoignez-nous le mercredi 18 novembre à 20 heures à la bibliothèque pour la réunion du Club Lisane, qui rassemble quelques passionné(e)s de littérature.
Chaque mois, un auteur est choisi (et donc ce mois-ci, c'est Romain Gary, vous l'avez deviné :-), dont chacun lit un ou plusieurs ouvrages pour en débattre le mois suivant. Nous avons ainsi déjà exploré l'univers de Isabel Allende, Amin Maalouf, Stefan Zweig... et partagé quelques coups de coeur!
Vous avez envie de nous rejoindre? Bienvenue!
Et si vous souhaitez plus de renseignements, un seul n°de tel : 02/348.65.29.

Isabelle P.

dimanche 8 novembre 2009

Pousser les murs?



Pousser les murs, impossible? Eh bien, on l'a fait!
Grâce aux services communaux (un grand merci à eux!), à la section Jeunesse, un nouvel espace a été dégagé, qui accueille désormais les plus petits et les albums qui leur sont destinés. Un agrandissement plus que bienvenu, certains après-midis, on se marchait un peu sur les pieds! :-)
Il fait bon se raconter des histoires sur le tapis et dans les fauteuils douillets, les enfants de maternelle de l'école du Val Fleuri l'ont expérimenté avec plaisir!
Et, nec plus ultra, on peut même jouer à la grenouille sur les petits nénuphars!

Isabelle P.

mercredi 4 novembre 2009

Le langage de Tabucchi


« Le temps vieillit vite » est un recueil de neuf nouvelles sur la vieillesse par un des plus grands écrivains italiens contemporains. Comme pour la plupart des livres de Tabucchi, il n’y a pas grand chose de plus à dire, si ce n’est que c’est une fois de plus une œuvre littéraire très travaillée mais aussi très agréable à lire. On dirait que rien ne fait peur à Tabucchi : s’il décide d’écrire un livre en portugais, il le fait ; s’il veut s’amuser à écrire un policier (pourquoi pas ?), non seulement il le fait, mais en plus en sortant complètement des sentiers battus.

Mais bon, juste pour vous faire une petite idée, il y a parmi ces nouvelles un petit chef-d’œuvre d’humour et de tendresse lorsque l’écrivain fait se rencontrer un vieillard malade et une petite fille très loin d’être naïve. Entre eux commence dès lors un dialogue existentiel très touchant qui finira par un petit cours de lecture de l’avenir en observant la forme des nuages absolument merveilleux.

Un livre sur les souvenirs, la mémoire, le temps mais également sur l’histoire du 20ème siècle qui semble avoir abandonné sa propre identité et s’être débarrassé de ses responsabilités en laissant le 21ème siècle se débrouiller comme il le peut .

Antonio Tabucchi est un écrivain poétique, tous ses livres sont extrêmement précieux et méticuleux. Il aime le langage et les mots et pour rien au monde ne les trahirait. Il est assez simple de choisir un livre de Tabucchi, choisissez-en un au hasard, et le tour est joué ; vous pouvez être certain que chaque virgule sera justifiée.

Le temps vieillit vite, par Antonio Tabucchi, ed. Gallimard, 2009, 181 p.

Pierre C.

mercredi 28 octobre 2009

Le dos au mur


Nous sommes en 2020. Un mur trace une frontière entre le Mexique et les Etats-Unis pour empêcher l'immigration clandestine massive.
Un "jeu" télévisé est organisé : chaque mois, deux cents Mexicains peuvent entrer aux Etats-Unis, ils ont deux heures d'avance sur la police. Au bout de ce temps, la police prend en chasse les immigrés clandestins. Le dernier à être arrêté gagne une maison, un visa américain et de quoi démarrer une nouvelle vie.
Diego Ortega décide de participer à ce jeu pour éponger les dettes de son père débiteur de la mafia.
Avec Pablo, qu'il a rencontré peu avant de passer le mur, Diego entame sa fuite. Il rencontre une jeune punkette et est aussi confronté à un serial killer. Cette course-poursuite tient le lecteur en haleine avec beaucoup d'efficacité, et se déroule de manière très "cinématographique". Mais au-delà de l'aspect thriller de ce roman, il y a aussi les réflexions qu'il propose sur quelques aspects de notre société qui prêtent à débat : les politiques de l'immigration et leurs dérives, la télé-réalité et ses enjeux...
A l'heure où l'on s'apprête à célébrer avec éclat les 20 ans de la chute du mur de Berlin, "Dos au mur" rappelle qu'il en existe d'autres, aussi inacceptables...

Le dos au mur, de Christophe Lambert, ed. Intervista (15-20), 2008, 248p.

Isabelle P.

samedi 24 octobre 2009

Lu et approuvé!

C'est là le titre de la nouvelle (et luxueuse!) publication du Centre de Littérature de Jeunesse de Bruxelles (pour faire court, on dit CLJBxl :-)).
Elle contient tout d'abord une belle sélection des livres parus en 2007 et 2008, en plusieurs tranches d'âge : albums 0-3 ans, albums 5-8 ans, albums 8-10 ans, albums plus de 10 ans, romans 10-12 ans, romans 12-14 ans et romans plus de 14 ans.
Il y a aussi des articles de fond sur l'illustration belge, la fantasy, la poésie pour les tout-petits, ou le pop-up et les livres animés.
Beaucoup d'informations donc, et surtout 200 livres qui valent le détour, à découvrir!
Où? A la bibliothèque, bien sûr! :-)
La sélection vous y attend, ainsi que tous (ou presque :-)) les livres dont on y parle!
A bientôt!

Isabelle P.

mercredi 21 octobre 2009

Chaos shanghaien


Deux sœurs (Mei Mei et Jie Jie) et un acteur passent leur temps à traîner dans des soirées déprimantes d’un Shanghai complètement désabusé. Voilà en gros le thème du dernier livre de la sulfureuse chinoise Mian Mian. Pour eux, il n’y a que 3 choses qui comptent : l’amour, le sexe et ce qu’ils peuvent bien en faire dans leur Shanghai natal.

Ce livre est étrangement écrit, c’est un roman mais il se lit plutôt comme une pièce de théâtre. Ce sont des dialogues présentés comme dans une pièce :

Mei Mei : Tu as vu, là ? On dirait un lieu de rupture.
L’acteur : Qu’est-ce que tu veux dire ?

Et les dialogues sont très loin d’être hilarants. Il plane sur ce livre un nuage épais de spleen, de mélancolie et de désespoir. Pour Mian Mian, l’amour semble exister mais sous une forme très désabusée. Un peu trop peut-être. Ces dialogues pris hors contexte paraîtraient complètement ridicules, la seule chose qui les sauve est cette ambiance grave qui nous oblige à considérer ses convictions sous un angle plus sérieux.

Mian Mian fait partie de ces jeunes écrivains qui ont suivi le chemin sans espoir ouvert par Michel Houellebecq vers le milieu des années 90, comme Frédéric Beigbeder ou Virginie Despentes. Un genre littéraire désespéré où se mêlent drogues, sexe, amours impossibles et renoncement total.

Panda sex, par Mian Mian, ed. Au diable vauvert, 2009, 183 p.

Pierre C.