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vendredi 27 mai 2011

Jenna Fox, pour toujours


Attirée par la couverture de ce roman (le cours du récit montrera que le choix du papillon n'est pas uniquement esthétique), j'ai plongé dans un roman d'anticipation particulièrement passionnant!
L'héroïne, Jenna Fox, se réveille de plus d'un an de coma, après un terrible accident.
Totalement amnésique, elle essaie de reconstituer son passé, entourée de ses deux parents et de sa grand-mère. A longueur de journées, elle visionne des vidéos tournées par ses parents depuis sa naissance.
Visiblement idolâtrée par sa famille, Jenna y apparaît comme le centre du monde, "accablée d'espérances", comme elle l'analyse avec le recul.
Il faut dire que Jenna est l'enfant du miracle, venue au monde après trois bébés morts-nés.
Alors, tous ces interdits, ces barrières que l'on élève autour d'elle le sont sans doute pour sa sécurité. Quoique...Pourquoi Jenna, apparemment guérie, ne peut-elle rien avaler d'autre que ces drôles de pilules? Pourquoi sa grand-mère qui l'adorait lui témoigne-t-elle aujourd'hui tant de froideur? Et pourquoi ses parents, neurochirurgiens brillants impliqués dans la recherche médicale de haut niveau ont-ils déménagé avec elle à l'autre bout du pays?
Petit à petit, la mémoire de Jenna lui revient, petit à petit, elle trouve, et le lecteur avec elle, des réponses à ses questions...
Alors se posent d'autres questions, cruciales et universelles : qu'est-ce qui fait l'être humain? la chair? la pensée? La science et ses progrès rendent-ils tout acceptable?
L'auteur ne donne pas de réponse tranchée, à chacun de poursuivre sa propre réflexion, comme Jenna devra le faire.
Un très beau roman à découvrir, paru dans une nouvelle maison d'édition mise sur pied en 2009, dont il faut saluer les choix éditoriaux. Longue vie aux éditions "Les Grandes Personnes"!

Jenna Fox, pour toujours, par Mary E.Pearson, ed. Les grandes Personnes, 2010, 281p.

Isabelle P.

jeudi 19 mai 2011

Ouf, il faisait beau...



... ce dimanche 1er mai pour nos animations "Je lis dans ma commune"!
La promenade contée au parc de Wolvendael aurait eu moins de charme sous les parapluies... encore que la magie de la parole conteuse aurait peut-être suffi à arrêter les gouttes! :-)
Et donc, sous le grand hêtre rouge, puis de pelouse en vallon, Monique Michel a promené son public à la rencontre de personnages hauts en couleurs, dont une Dame Misère qui un jour piégea la mort dans son poirier!
L'après-midi, "le règne du dragon", raconté et mis en scène par Olivier Jost a eu lui aussi beaucoup de succès auprès des petits et des grands!
Vous n'avez pu être des nôtres? Ce n'est que partie remise, consultez régulièrement notre agenda, nous avons quelques idées pour les mois à venir!
Vous êtes conteur-conteuse? Vous présentez des spectacles pour enfants? N'hésitez pas à nous envoyer vos infos, nous en ferons bon usage!

Isabelle P.

samedi 23 avril 2011

Les sorcières de Skelleftenstad


"Notre père, Nils Swedenborg, est si gentil. Toujours prêt à rendre service, attentionné presqu'à l'excès, d'une inébranlable tendresse. Il est aussi travailleur, et fort doué de ses mains. Sa fidélité est celle d'un chien de berger. Il n'a qu'une parole. Je ne l'ai jamais entendu mentir. Il est bel homme, autant qu'une fille puisse juger l'apparence de son père... Oui, vraiment, que des qualités.
Si seulement il n'avait pas été aussi bête. Cela lui aurait évité d'épouser une sorcière."
Ces premières lignes donnent le ton du récit! L'aînée de la famille y raconte avec une ironie malicieuse mâtinée de tendresse vaguement apitoyée (l'ado commentant les faits et gestes de ses parents, quoi! :-)) la rencontre de son père, charpentier, et de sa mère, sorcière, et la venue au monde de leurs trois filles.
Rien de crochu ni de ricanant chez Ingrid la sorcière! Lorsqu'elle débarque à Skelleftestad avec sa beauté ravageuse moulée dans une robe de velours rouge, tous les hommes la regardent avec un air béat. Les femmes en revanche... Mais pourquoi donc la belle Ingrid jette-t-elle son dévolu sur l'homme le plus stupide du village?
La réponse dans ce livre diaboliquement drôle!
Et, bonne nouvelle, le deuxième tome est déjà paru! Jean-François Chabas y réserve à ses héroïnes un sort "pas piqué des hannetons", qui appelle une suite que l'on attend avec impatience, un moment de lecture vraiment drôle, cela ne se refuse pas!

Isabelle P.

Les sorcières de Skelleftestad, par Jean-François Chabas, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 2010.

jeudi 17 mars 2011

Le mariage de Dominique Hardenne


Rescapé d'une guerre dont on ne sait trop où et quand elle a lieu, Dominique Hardenne, troufion cuisinier, a perdu ses illusions, son régiment, son uniforme et ses amis. Alors ce paysan reprend le chemin de son village, pour essayer d'y renouer les fils de sa vie interrompue.
Mais au village comme ailleurs, La bombe a soufflé, transformant les habitants en momies pétrifiées dans leur dernier geste...
Un roman singulier dans lequel on entre au rythme des pas d'un personnage qui quitte un enfer pour en trouver un autre et s'efforce, avec ses pauvres moyens, de "redonner à la terre le goût de la vie, et à la vie le goût de la terre".
Et l'on s'émerveille avec lui de la vision d'un crocus, ou de l'odeur d'un pain qui cuit...
Pour ceux qui connaissent l'auteur par "Retour à Montechiarro" par exemple, "le mariage de Dominique Hardenne" sera sans doute une surprise. Ici, pas de foisonnement de personnages, pas de fresque historiques, rien que la solitude absolue d'un homme qui n'a que son imagination pour ne pas succomber à la folie.
Et le lecteur de se poser la question : comment aurais-je vécu cela?

Le mariage de Dominique Hardenne, ed. J.C.Lattès, 2010, 250p.

Isabelle P.

mardi 9 novembre 2010

Le Goncourt de circonstance(s)


Jed Martin est un peintre contemporain passionné par les cartes Michelin ; tellement passionné qu’il en fait des œuvres d’art par photo-montages. Mais c’est plutôt ses portraits de la vie quotidienne des « petits artisans » qui vont le rendre célèbre. Un peu trop célèbre peut-être, ses toiles vont se vendre à des prix exorbitants et Jed s’en trouvera, certes très riche, mais également dépourvu dans ce monde de l’art qu’il n’aime pas trop et qu’il ne comprend pas.

C’est lors de la préparation d’une prochaine exposition qui lui sera consacrée qu’il rencontre l’auteur célèbre qu’est Michel Houellebecq. Les organisateurs ont en effet besoin d’un écrivain célèbre pour écrire une introduction au catalogue de l’exposition. Ca ne l’enchante guère, mais il se décide tout de même à prendre l’avion pour l’Irlande, pays que l’écrivain a choisi depuis bon nombre d’années pour y retrouver un calme qu’il n’avait plus en France.

Ce roman est une histoire d’amitié impossible entre deux hommes qui vivent dans leur monde respectif. C’est également un livre sur la relation entre le père et le fils, entre Jed et son père mourant. Ces pages écrites avec beaucoup de tendresse sont certainement les plus beaux chapitres qu’Houellebecq nous offre ici.
Mais il y a également un côté polar dans ce livre, il y a effectivement une mort étrange et horrible qui sera suivie par une enquête policière quelque peu chaotique, mais c’est du Houellebecq tout de même, alors la trame de l’histoire ne peut pas vraiment rentrer dans les habitudes du genre.

Michel Houellebecq est connu pour ses romans géniaux et toujours maltraités par la presse. A chaque fois, c’est le scandale assuré. Ses romans sont adulés par certains et détestés par d’autres, ce qui est déjà une excellente raison pour les publier. Mais Houellebecq, qu’il le veuille ou non, est devenu au cours des années le chef de file d’un nouveau mouvement littéraire que l’on pourrait qualifier de néo-réaliste désenchanté. On citera entre autres Virginie Despentes ou encore le très médiatique Frédéric Beigbeder. On a trop souvent critiqué ces auteurs pour être des rebelles trash et névrosés sans aucune valeur littéraire, mais il ne faut pas oublier que toute société a l’art qu’elle mérite. Et si ces écrivains sont aussi pessimistes et durs envers l’être humain et la société contemporaine, c’est qu’ils représentent d’une façon hyper-réaliste ce qu’est devenu la société occidentale à la fin du 20e et au début du 21e siècle.

En ce qui concerne le style littéraire de ces auteurs, ce qui devrait être l’unique facteur à être pris en compte, il y a de grandes différences entre ces trois écrivains. Despentes et Beigbeder se bonifient avec le temps, tandis qu’Houellebecq, outre le fait d’avoir lancé ce mouvement littéraire, dès le début nous a présenté des textes extrêmement bien écrits et travaillés. Il ne faut pas oublier qu’il est également poète, et ça se perçoit dans la maîtrise qu’il possède de la langue française, que ce soit dans ses romans ou dans tout autres écrits.

« La carte et le territoire » est un roman moins « trash » que ses précédents, et peut-être également moins pessimiste. On a l’impression que les pontes du « Prix Goncourt » attendaient cela depuis longtemps et qu’ils ont sauté sur l’occasion. En effet, comment donner le prix Goncourt à un écrivain si dérangeant, à un auteur que l’on dit neurasthénique et misanthrope, à un écrivain qui incarne à lui seul toute la déchéance d’un Occident malade et en perte de valeurs fondamentales. Le jury semble satisfait de lui, mais c’est bien avant qu’ils auraient du lui donner ce prix, ils ont juste manqué de courage.

Michel Houellebecq est depuis une vingtaine d’années le plus grand écrivain français. Et rappelons-nous la question posée à André Gide : « Pour vous, qui est le plus grand écrivain français du 19e siècle ? », et la réponse de Gide : « Victor Hugo, malheureusement ». Transposons cela en 2010, où l’on pourrait entendre Frédéric Beigbeder interviewer Houellebecq en lui posant la même question pour le 21e siècle ; « Pour vous, qui est le plus grand écrivain français du 21e siècle ? », on entendrait à coup sûr comme réponse laconique : « Michel Houellebecq, malheureusement ».

Disons que ce prix nous a permis d’entendre Michel Houellebecq déclarer à une chaîne télévisée française qu’il était « heureux » de recevoir ce prix. Oui, Michel Houellebecq est « heureux » et c’est tant mieux pour lui, n’en déplaise aux journalistes qui le voient comme un alcoolique constamment au bord du suicide. Il est apparu très ému celui que l’on dit être l’ermite de la littérature française et l’être le plus dépourvu de sentiments.

Et comme à chaque sortie d’un de ses livres, certains vont adorer, d’autres détester.


La carte et le territoire, par Michel Houellebecq, Flammarion, 2010, 428 p.


Pierre C.

mercredi 8 septembre 2010

La nébuleuse al-Qaida romancée


Jean-Christophe Rufin nous emmène dans son dernier roman « Katiba » dans un voyage chaotique entre Paris, le Sahara et les Etats-Unis. Un attentat en France semble prévu pour bientôt et une agence de détectives privés se met sur l’affaire afin de redorer son blason. La personne à surveiller d’urgence est la jeune Jasmine, une fonctionnaire du Quai d’Orsay apparemment sans histoire. Ses voyages entre l’Afrique de l’Ouest et Paris semblent suspects à ces détectives sur le retour qui paraissent légèrement dépassés par les nouvelles technologies chères à ces terroristes d’un nouveau genre. Le tout est de savoir si attentat il y a, seront-ils capables de le déjouer ?

Rufin connaît très bien les ficelles du roman, un peu trop même. Et c’est cette facilité qui dérange quelque peu dans « Katiba ». Pour rendre la fin du livre palpitante, l’auteur découpe simplement ses derniers chapitres pour donner une impression d’urgence. Comme beaucoup de romans actuels, on ne peut s’empêcher de penser que l’auteur a une petite idée lucrative derrière la tête, à savoir de voir son œuvre adaptée au cinéma, ce qui, on le voit chaque semaine, peut rapporter gros.

Heureusement que Rufin a du talent, à défaut d’avoir du génie, et ce dernier roman se lit facilement, on y voit bien ce que l’on appelle la nébuleuse al-Qaida, un réseau tellement étendu et disparate, qu’il est difficile, voire impossible de s’y retrouver, même pour les terroristes.

Katiba, par Jean-Christophe Rufin, Flammarion, 2010, 391 p.

Pierre C.

mercredi 1 septembre 2010

Même les princesses...


... doivent aller à l'école! Voilà qui consolera peut-être ceux et celles qui éprouvent quelque contrariété à retrouver les bancs de l'école! :-)
Susie Morgenstern, avec le peps qu'on lui connaît, raconte aux lecteurs débutants la très chouette histoire d'Alyestère, fille du roi Gaspard CXIV, monarque en faillite comme bien d'autres.
Le château ancestral a été vendu, et la royale famille s'est installée dans un HLM. Pas question pour autant, décrète le roi Gaspard, de se mêler au peuple!
Il faudra à la petite fille beaucoup de ténacité pour amener son père à l'inscrire à l'école. Mais la couronne et la robe à traîne sont-elles vraiment la tenue idéale au cours de gym? :-)
Bonne rentrée à tous et à toutes!

Même les princesses doivent aller à l'école, par Susie Morgenstern, ed. Ecole des Loisirs (Mouche), 56p.

Isabelle P.

lundi 30 août 2010

Quelle est la différence entre un poltron et l'écorce du bouleau?


Il n'y en a aucune, tous les deux font le tour du bois sans jamais y entrer!
Cette devinette et bien d'autres choses, Ludmilla, Pénélope et Sanouk le découvrent dans un livre que leur a prêté leur professeur de littérature.
Les trois adolescentes sont pensionnaires dans un internat russe près de Novgorod, dirigé par Olga Petrovna, une sorte de dragon en jupons.
Par la voix de Sergueï, l'auteur du livre, les trois filles aprennent l'existence en Sibérie du Nord-Ouest des Nènètses, un peuple nomade éleveur de rennes qui se déplace au rythme des besoins de ses troupeaux. A l'époque soviétique, ce peuple, comme toutes les minorités a fait l'objet d'une tentative d'assimilation forcée à la culture russe, et aujourd'hui ils sont victimes de la richesse de leur sous-sol.
Les compagnies de gaz et de pétrole les chassent de leurs territoires, tuant leurs troupeaux au besoin, et s'emparent des terres, les déclarant inhabitées. Mais, comme le leur dit le professeur de géographie, "il faut bien choisir entre les petits peuples et la croissance économique moderne", n'est-ce pas?
Les trois filles s'indignent et enquêtent, d'autant plus acharnées que la directrice leur met des bâtons dans les roues. Leur quête les mènera bien plus loin qu'elles ne l'avaient imaginé...
On pardonnera à ce roman quelques coincidences un peu trop "coincidentes" pour retenir plutôt l'intérêt du récit qui confronte deux visions du monde antinomiques : le profit optimal, credo d'une certaine vision économique actuelle, et le respect des minorités et de leur mode de vie traditionnel, en accord avec les cycles de la nature.

Petite feuille nènètse, par Anne Bouin, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 2010, 225p.

Isabelle P.

mardi 24 août 2010

Reviens, Mamie Lise!


Pour Julien et Pauline, le monde ne tourne plus rond depuis que Mamie Lise est morte.
Alors dans l'esprit des deux enfants naît l'idée un peu folle mais inspirée par l'amour qu'ils portent à leur grand-mère de la faire redescendre du nuage d'où, leur a-t-on dit, elle les regarde toujours.
Pour cela, rien de plus simple : s'ils accumulent suffisamment de très très grosses bêtises, Mamie Lise qui ne supportait pas cela, sera bien obligée de quitter les anges pour venir les gronder en personne!
De son côté Gustave, l'ange chargé de conduire Mamie Lise au paradis n'a pas la tâche facile : Mamie Lise en effet n'a aucune envie de quitter ses petits-enfants. Elle le voit bien, que Pauline et Julien ne vont pas bien. Alors le ciel peut attendre!...
La mort, le deuil sont des sujets délicats à aborder en littérature de jeunesse. Auteure et illustratrice ont réussi une très belle symbiose dans ce roman touchant, au ton toujours juste.


Reviens Mamie Lise!, par Katja Henkel et Sybille Hein, ed. Bayard jeunesse (coll. Estampillette), 2010, 191p.

Isabelle P.

lundi 23 août 2010

le pendentif de jade


Voici un roman qui aurait pu figurer en bonne place dans notre sélection "Allez les filles!", publiée en mars dernier à l'occasion de la Journée de la femme (pour la consulter, voyez les rubriques à droite de l'écran).
Nous sommes à Londres, dans les années 1850. La "bonne société" y évite avec soin tout contact avec l'univers misérable des déshérités en tout genre, et seul le fleuve malodorant rappelle par ses miasmes aux privilégiés des beaux quartiers qu'il existe un monde différent de celui des bals et des fêtes.
Mary Quinn est la demoiselle de compagnie d'une de ces jeunes filles riches, Angelica Thorold. Elle sert le thé, et serre les dents sous la méchanceté de la donzelle trop gâtée.
C'est que Mary a une bonne raison de supporter le mauvais caractère d'Angelica : elle est en fait "infiltrée" dans cette famille par "the Agency", une organisation employée par Scotland Yard pour mener à bien certaines missions délicates.
Mary a du caractère et du courage, et heureusement, car son enquête ne sera pas de tout repos, d'autant que le jeune James, rencontré dans un placard va mettre son grain de sel dans l'histoire! :-)
Premier tome d'une nouvelle série, "le pendentif de jade" est un roman plein de rebondissements, qui se lira avec beaucoup de plaisir à partir de 12-13 ans.
Une occasion aussi d'en savoir un peu plus sur la société de l'époque, notamment sur la place qui y était faite aux femmes!

The agency : le pendentif de jade, par Y.S.Lee, ed. Nathan, 2010, 377p.

Isabelle P.

jeudi 19 août 2010

Mieux que Harry Potter !


Je partageais avec un ami mon enthousiasme à la lecture d'une biographie de Charles Lindbergh. "Ah, le pro-nazi", m'a-t-il répondu. J'en ai été peiné, car non, assurément, Charles Lindbergh n'a pas été pro-nazi, ni même fasciste. Une certaine presse américaine l'a qualifié comme tel pour avoir pris la tête du mouvement isolationniste qui désirait tenir les USA à l'écart de la guerre qui éclatait en Europe sans avoir en même affirmé publiquement sa condamnation du régime nazi (ni relaté les actions concrètes qu'il avait pourtant prises pour en contrer les excès portés à sa connaissance). Mais ne fallait-il pas aussi que le grand public puisse brûler en ces temps incertains celui qu'il avait tant adoré ? Qu'il fasse de son aigle solitaire "L'Ange noir" (c'est le titre de cette magistrale biographie écrite par Bernard Marck), pour le réhabiliter ensuite ?
Mais quel destin ! Quelle vie hallucinante, sous le regard incessant de la presse ! De la première traversée de l'Atlantique en solitaire, en 1927, à la défense acharnée et précurseuse de l'environnement à la fin de sa vie. Avec le drame : l'enlèvement et l'assassinat de son premier enfant. Avec le génie : l'invention d'appareils médicaux révolutionnaires et l'expertise incontestée dans le domaine de l'aviation. Avec des côtés sombres aussi : mari et père absent mais omnipotent, deuxième famille secrète en Allemagne... Une vie digne d'un récit de science-fiction mais bien réelle, à la lecture de laquelle on découvre une personnalité solitaire et déterminée qui avait tout simplement ses racines dans le ciel.

Lindbergh l'ange noir, par Bernard Marck, ed. L'Archipel, 2009, 970 p.

Frédéric B. (Lecteur)

dimanche 8 août 2010

La formule préférée du professeur


La narratrice, aide-ménagère, est engagée chez un homme, la soixantaine, d'aspect plutôt négligé. Il porte entre autres, épinglées sur son costume fatigué, une infinité de notes dont la plus importante :"ma mémoire ne dure que 80 minutes".
D' un accident de la route vingt ans plus tôt en effet, celui qui fut un professeur de mathématiques promis à un magnifique avenir de chercheur a gardé de lourdes séquelles.
Commence alors une étrange et très belle relation d'amitié entre l'aide-ménagère et le professeur, relation chaque jour réinventée puisque oubliée pendant la nuit. L'amitié du professeur s'étend bientôt au fils de l'aide-ménagère, qu'il surnomme Root (racine), en raison de sa tête plate qui rappelle le signe de la racine carrée.
Sous la conduite bienveillante du professeur, la mère et l'enfant s'initient à la beauté des mathématiques, à l'ordre et à la rigoureuse beauté des chiffres, qui permettent au professeur de tenir à distance le désordre du monde du dehors. Un monde qu'il va pourtant apprivoiser à tout petits pas, grâce à Root...
Un roman intimiste et délicat, dans le fond comme dans la forme, entièrement centré sur les relations entre ces trois êtres à priori si différents et sur l'enrichissement que ce partage apporte à chacun d'eux.
Une très belle ambiance à découvrir!

La formule préférée du professeur, par Yoko Ogawa, ed. Actes Sud (coll. Babel).

Isabelle P.

mardi 13 juillet 2010

Lire dans les parcs

Quelques photos valent mieux qu'un long discours... Voici, en images, un petit compte-rendu de notre grande première "Lire dans les parcs" dans le parc de Wolvendael. Si l'expérience vous tente, venez nous rejoindre sous le hêtre rouge, en face de la plaine de jeux, les mardis 13 juillet, 17 et 24 août de 15 à 17h.





lundi 12 juillet 2010

La jeune fille rebelle


... ou la vie mouvementée de Marguerite de Male, dernière comtesse de Flandre, qui par son mariage avec Philippe le Hardi fit entrer nos régions dans les états bourguignons.
Mais dans cette biographie romancée, nous n'en sommes pas encore là!
Marguerite est née, seul enfant vivant parmi plusieurs autres morts-nés, à la grande fureur de son père qui désespère d'avoir un héritier mâle. Délaissée par sa mère qui sombre dans la folie, ignorée par son père qui ne lui pardonne pas d'être une fille, Marguerite partage les jeux violents des garçons de son entourage, et ne pense qu'à échapper aux séances de broderie et d'apprentissage de la vie de noble dame.
Mais la réalité la rattrape : Marguerite est en âge de se marier, et son père lui a déjà choisi un époux : Edmond de Langley. Un choix auquel applaudissent les guildes de Bruges et de Gand qui vivent du commerce de la laine avec l'Angleterre.
Mais lorsque Marguerite découvre le sournois et pustuleux Edmond, elle n'a, elle, aucune raison de se réjouir...
Même si les auteurs de ce livre traduit du neerlandais avouent avoir pris quelques libertés avec la réalité historique, ce récit romancé donne vie à l'Histoire, et restitue de manière très documentée et imagée la vie quotidienne en Flandre au 14ème siècle. Bruits, odeurs, couleurs, poussière et sang comme si on y était!
Confrontée à un monde où tout est au pouvoir des hommes, Marguerite, frondeuse et insoumise est un personnage très touchant, fragile et dur à la fois, utilisant comme le lui a enseigné son maître d'armes, la ruse pour pallier à la force qui lui manque.
Un regret : pourquoi les éditions Mijade ont-elles choisi pour la couverture de ce récit le portrait de Ginevra de Benci par Leonard de Vinci, postérieur d'une bonne centaine d'années, et qui à ma connaissance n'a rien à voir avec Marguerite de Male?

La jeune fille rebelle, par Jean-Claude van Rijckeghem et Pat van Beirs, ed. Mijade, 2009, 283p.

Isabelle P.