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mardi 11 novembre 2008

L'ennemi, cet inconnu...


Dans la première page de cet album, il y a deux trous. Dans chaque trou, un soldat face à son ennemi, terré dans le trou d'en face.
Chacun fait la guerre parce qu'on lui a dit de la faire et parce qu'en face, il le sait grâce à ses chefs, l'ennemi est une bête féroce et sanguinaire. Il faut donc tuer pour ne pas être tuer, c'est aussi simple que cela.
Mais au fil des jours, seul au fond de son trou, sous la pluie et les étoiles, le pauvre soldat se prend à réfléchir...
Avec une grande économie de moyens, à la fois dans le texte et dans le dessin, mais une justesse de ton qui fait mouche à chaque page, Davide Cali et Serge Bloch bâtissent un magnifique album, hymne à la paix et dénonciation efficace de la guerre absurde et imbécile.
"L'ennemi" est proposé cette année en lecture à tous les participants du prix Versele, catégorie 5 chouettes.

L'ennemi, écrit par Davide Cali, illustré par Serge Bloch, ed. Sarbacane, avec la collaboration d'Amnesty International, 2008. Pour tous, dès 7 ans.

Isabelle P.

vendredi 7 novembre 2008

Dans le labyrinthe des coeurs humains...


"Demain soir et les soirs suivants, prépare-toi à dormir seule. Je ne rentrerai pas. Je ne rentrerai pas dans une maison où ma femme est installée devant la télévision, voit le même film depuis trois mois, ne se lève pas pour préparer à dîner, et se couche sans me regarder!".
Malgré cet ultimatum, lancé hier soir par son mari, lassé par son manque évident de désir, Elsa Platte évacue ce soir encore sa solitude intérieure et ses doutes devant le film de Mankiewicz intitulé "Chaînes conjugales". L'oeuvre date de 1949, et raconte l'histoire de trois femmes, belles et à première vue comblées par la vie, à qui une quatrième femme, séduisante et manipulatrice vient d'annoncer qu'elle part avec le mari de l'une d'elles.
Les trois héroïnes s'interrogent sur leur mariage, reviennent sur leur passé, et leurs histoires s'entremêlent à celle d'Elsa qui explore sa propre vie et la force du lien qui l'unit ou ne l'unit plus à Alexandre son mari.
Amour et désamour sont des thèmes récurrents dans les récits d'Alice Ferney. Comment le lien s'effiloche-t-il? A qui la faute? A l'un? A l'autre? A la vie, tout simplement?
Le procédé littéraire utilisé ici, l'oeuvre dans l'oeuvre,la dissection minutieuse du film dans le roman, à travers les monologues intérieurs d'Elsa, accroche le lecteur et le renvoie à ses propres interrogations.
Un roman subtil, élégant, qui explore avec maestria le labyrinthe des coeurs humains!

Paradis conjugal, par Alice Ferney, ed. Albin Michel, 2008, 355 p.

Isabelle P.

mardi 4 novembre 2008

BD prometteuse(s)




Jouer avec les mystères du temps est un motif régulier d’inspiration tant au cinéma qu’en bande dessinée. Que ce soit pour s’y déplacer, comme p.ex. avec le « chronoscaphe » de Blake et Mortimer, par E.P. Jacobs, ou en appréhender la durée à travers les siècles, p.ex. avec Le Décalogue, par Frank Giroud et dix dessinateurs (!). La toute nouvelle série Uchronie(s) s’inscrit dans cette veine bien que dans un registre différent.

Ici, c’est la même ville et la même histoire qui serviront de trame à trois récits parallèles, en trois volumes chacun, et qui trouveront leur fin dans un dixième opus… tous ayant un titre commençant par la lettre R Avec Corbeyran au scénario, Chabbert, Defali et Tibery aux (très beaux) dessins, plus Guerimeau pour les (superbes) dessins de couvertures et des coloristes talentueux, l’éditeur Glénat frappe un grand coup. New York, New Harlem et New Byzance prennent élégamment vie sous leur impulsion, avec une mention particulière pour ce dernier et ses envoûtantes atmosphères orientalisantes.

Le fil rouge de ces trois récits est le « prescient » Zack Kosinski, capable de voir l’avenir. Mais est-il un « prototype » unique déterminé dix années plus tôt par son père et traqué par les autorités (New York), un consultant acheté dans son enfance pour exercer son talent aux fins commerciales du Black Order (New Harlem) ou un simple employé de l’ « Utopie fondamentale » chargé de remettre les déviants et autres opposants au système sur le droit chemin (New Byzance) ? Et quelles sont à chaque fois les conséquences de la perte de son don de voyance ?

A la limite de l’Heroic Fantasy (la série est d’ailleurs recommandée par SciFI, la chaîne de la science fiction), les trois albums sont en si léger ou si plausible décalage par rapport à la réalité qu’ils ne manquent pas d’interpeller sur l’évolution du monde après le 11 septembre et – prescience des auteurs ? – la crise économique actuelle. Trois BD superbes donc, dont on attend la suite avec impatience.

New Byzance (tome 1 : Ruines), par Corbeyran et Chabert,
New Harlem (tome 1 : Rapt), par Corbeyran et Tibery, Glénat
New York (tome 1 : Renaissance), par Corbeyran et Defali,
Les 3 albums : Glénat, collection Grafica, 2008 (référence bibliothèque 087 COR N1)

Frédéric B. (Lecteur)

Une sorte de Mnémophilie




Comment pourrait-on appeler un collectionneur d’objets volés à des personnes décédées dans les heures qui suivent leur trépas ? Les deux dictionnaires en ligne de noms de collectionneurs que j’ai consulté ne connaissant pas ce genre-là.(http://membres.lycos.fr/clo7/grammaire/collectionneur6.htm et http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_collections_par_nom_de_collection). A défaut, j’ai choisi le nom des collectionneurs de souvenirs, ou mnémophiles.

Car c’est bien le thème de cet étrange roman de la japonaise Yoko Ogawa, Le musée du silence. C’est surtout le moyen pour l’auteure d’évoquer notre rapport à la mémoire des choses, des êtres et jusqu’à la nôtre. Tout cela au travers d’un récit subtil et délicat, aux phrases finement ciselées et parfaitement agencées. Il y a de la magie dans cet ouvrage et c’est certainement l’un de ceux que j’ai lus cette année que je garderai le plus longtemps…en mémoire.

Le musée du silence, par Yoko Ogawa, traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle, Actes-Sud, 2003, 317 p. (référence bibliothèque 8-3 OG 1782 M)

Frédéric B. (Lecteur)

Mauvaise pioche



Choisir ses livres à la bibliothèque, c’est plus encore qu’en librairie, se laisser aller à une sorte de hasard. Ceci dit sans reproche, les nouveautés n’y arrivent pas tout de suite et il est donc difficile de coller à l’actualité littéraire. Donc parfois, la couverture ne tient pas ses promesses et le dithyrambe de l’éditeur tombe à plat. Outre que l’on n’a pas sa ration de lecture, l’inconvénient est aussi de ne pouvoir alimenter le blog de la bibli.

Vive les valeurs sûres alors ! [comme p.ex. Le bon usage que je consulte à l’instant pour vérifier l’accord de vive]. Je me suis donc rabattu sur Ne le dis à personne de Harlan Coben. Je me réjouissais de le lire tant je regrettais d’avoir manqué son adaptation cinématographique (par Guillaume Canet, en 2006 déjà). Hé bien je n’ai pas été déçu, au contraire semble-t-il de ceux qui ont vu le film après avoir lu le livre, malgré ses quatre Césars et autres prix.

Il faut dire que les deux héros sont « mimis » et propres sur eux – allez, sans rire, très attachants – évidemment à l’opposé de tous les méchants, vraiment méchants, qui leur cherchent noise. C’est alors que j’ai réalisé que je ne pouvais qu’apprécier ce thriller, ayant déjà lu avec bonheur Promets-moi, l’une des dernières aventures de Myron Bolitar, le héros délicieusement cynique qui a lancé Harlan Coben et auquel il a consacré cinq autres opus.

En conclusion, si vous aimez ce genre de littérature, allez-y les yeux fermés (façon de parler) car vous ne serez pas déçu.

Ne le dis à personne, par Harlan Coben, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Roxanne Azimi, Belfond, 2002, 354 p. (référence bibliothèque 8-3 CO 1219 N)
Promets-moi, par Harlan Coben, traduit de l’américain par Roxanne Azimi, Belfond, 2007, 423 p. 354 p. (référence bibliothèque 8-3 CO 1219 P)

Frédéric B. (Lecteur)

lundi 3 novembre 2008

Contes d'Alexandrie

Coup de coeur absolu pour ces Contes d'Alexandrie que la sélection 5 chouettes du prix Versele nous fait découvrir cette année.
L'auteur, Eglal Errera, est elle-même née dans cette ville "enroulée entre l'eau et le désert d'Egypte". "En ce temps-là, raconte-t-elle, on savait vivre ensemble même si on ne se ressemblait pas, si on ne parlait pas la même langue et si on ne goûtait pas aux mêmes plats... Dans cette ville pas comme les autres, on disait qu'il n'y avait pas d'étrangers ou bien que tout le monde l'était...".
Sur la terrasse d'une maison blanche, un homme, l'Alexandrin, raconte à un groupe d'enfants les cinq rencontres qui ont fait de lui l'homme heureux qu'il est. Cinq rencontres, cinq contes initiatiques qui célèbrent la tolérance, l'accueil de l'autre, l'art et la beauté comme moteur de vie...
Lue à haute voix, l'histoire égrène ses phrases avec une merveilleuse fluidité, et l'illustration d'Anne-Marie Adda ajoute à la séduction des mots. Faite de photographies anciennes, remaniées et recolorées, elle exprime avec force toute la nostalgie d'un paradis enfui.



Les éditions Actes Sud junior avaient déjà publié d'autres récits d'Eglal Errera, dans la collection Romans Cadet.
Dans "Les premiers jours", Rebecca Guerrero a 11 ans et quitte pour toujours Alexandrie où elle est née : "il paraît que les Juifs doivent s'en aller parce que ça va mal entre Israël et les pays arabes. Je suis juive, je m'en vais mais je ne comprends pas très bien pourquoi. On vivait assez bien tous ensemble et les disputes font partie de la vie..."
La voilà donc avec ses parents à Paris, ville mythique pour une Egyptienne francophone de cette époque, vivant avec bonheur, chagrin, angoisse, plaisir... toutes sortes de premières fois : la première fois en haut de la tour Eiffel, la première neige, le premier métro, le premier camenbert, le premier jour d'école...
A l'évidence, Eglal Errera puise dans son vécu pour raconter cette histoire toute en douceur, comme une chanson triste et gaie à la fois.
Autre exilée, d'origine iranienne, Marjane Satrapi (auteur entre autres de la bande dessinée "Persépolis") ajoute à ces "Premiers jours" son propre talent d'illustratrice.
Trois ans et cinq mois plus tard, Rebecca retrouve Alexandrie et ceux qu'elle y a laissés, pour une semaine de vacances. Mais le temps a passé, bien sûr, sur la ville aimée et perdue. "Trois ans d'absence pour un enfant, c'est une vie qui passe". Tout est plus petit que dans les souvenirs, Hamed le gardien de son enfance est courbé sur sa canne, Dahoud l'amoureux est parti et Marina, l'amie de toujours est devenue une étrangère, polie et lointaine. Heureusement, le parfum des fleurs d'Alexandrie, tubéreuses et jasmin d'Inde, lui, n'a pas changé. Il restera dans la mémoire de Rebecca qui repartira, riche à jamais de son passé et prête à vivre pleinement son avenir ailleurs.
Lisez et faites lire ces petits romans, merveilles de subtilité dans la description des sentiments, écrits dans une langue vibrante d'images et d'odeurs, vous ne le regretterez pas!

Et voici, pour terminer cet aperçu de l'oeuvre d'Eglal Errera, un autre conte, "l'étrange histoire de la princesse invisible et de son père le magnifique monarque que l'on appelait le Grand Silencieux".
La princesse invisible vit recluse en haut d'un donjon depuis le jour de sa naissance, personne jamais ne l'a vue. Le jour de ses 20 ans pourtant, le roi son père convoque tous les jeunes gens du royaume afin de lui trouver un époux...
Classique, me direz-vous... Que nenni! Mais on n'en dira pas plus, pour ne pas déflorer la fin de ce conte, tout simplement magnifique. Lisez-le, grands et petits, savourez chaque phrase de cette histoire d'amour et de liberté, c'est tout le mal qu'on vous souhaite aujourd'hui! :-)

Contes d'Alexandrie, par Eglal Errera, ed. Actes Sud Junior, 2008.

Les premiers jours, par Eglal Errera, ed. Actes Sud junior (Cadet - les premiers romans), 2002.

Les fleurs d'Alexandrie, par Eglal Errera, ed. Actes Sud junior (Cadet), 2006.

La princesse invisible, par Eglal Errera, ed. Ecole des loisirs (Mouche), 2001.

Isabelle P.

samedi 1 novembre 2008

Prix Libbylit 2008

Au salon du livre de jeunesse de Namur ont été décernés le 16 octobre dernier le Prix Libbylit du meilleur roman belge et étranger pour la jeunesse.
Les deux romans primés sont respectivement "Envol pour le paradis" de notre compatriote Jean-Marie Defossez et "Rien" de la danoise Janne Teller. Et je suis d'autant plus ravie que ces deux livres aient été récompensés que j'ai participé au jury de sélection et ... que j'ai voté pour eux! :-)


"Envol pour le paradis" raconte l'histoire d'Arthur, 14 ans, en Allemagne pendant la deuxième guerre mondiale. Nous sommes en 1942, et l'adolescent a jusque là été tenu à l'écart de la guerre et du fanatisme d'Hitler par ses parents, fermiers pacifistes.
La passion d'Arthur : les avions; son rêve : quitter la terre ferme et voler.
Mais le nazisme le rattrape, et il est incorporé de force dans un internat des Jeunesses hitlériennes. D'abord révolté par les discours des chefs et par la séparation d'avec sa famille, Arthur peu à peu cède aux pressions, s'intègre au groupe, d'autant qu'on lui fait bien évidemment miroiter la réalisation de son rêve de toujours...
Un roman passionnant, qui aborde un aspect du nazisme dont on parle rarement en littérature de jeunesse, celui de l'embrigadement et de la manipulation des jeunes.
Pour les enseignants intéressés, ce livre sera disponible à la bibliothèque dans les prochaines semaines en 30 exemplaires, pour les cercles de lecture.(à partir de 13 ans)


Dans "Rien", de la danoise Janne Teller, Pierre Anthon, 15 ans, proclame un jour que rien dans ce monde n'a de sens, et tel le baron perché d'Italo Calvino, s'installe dans son prunier d'où il bombarde de prunes mûres ses condisciples qui veulent lui faire entendre raison.
Ceux-ci, voulant lui prouver qu'il a tort, décident de constituer ce qu'ils appellent un "Mont de signification". Ils empilent ainsi des choses importantes pour chacun d'eux, anecdotiques d'abord, de plus en plus fortes ensuite, jusqu'à atteindre une violence terrible, dans une escalade incontrôlée...
Un roman hors normes à tout point de vue, interpellant avec force le lecteur, et donnant à réfléchir sur le sens de la vie. (à partir de 15 ans)

Envol pour le paradis, par Jean-Marie Defossez, ed. Bayard (Millezime), 2008, 195 p.

Rien, par Janne Teller, ed. Panama, 2008.

Pour plus d'infos sur l'Ibby : www.ibbyfrancophone.be

Isabelle P.

lundi 27 octobre 2008

Culture Manga


Le manga constitue en effet aujourd'hui toute une culture populaire, gravitant autour de ce moyen d'expression dessiné, influençant le cinéma, les jeux vidéos, la mode, etc...
Cet art, entré chez nous dans les années 70 par le biais des dessins animés à la télévision, où se cotoyaient le pire et le meilleur, est né d'une tradition japonaise de l'image, mêlée aux influences occidentales successives que connut le pays.
Le terme "manga", qui littéralement signifie "image dérisoire" fut d'ailleurs inventé par le grand peintre Hokusaï lui-même au 19ème siècle. Il qualifiait ainsi les petites scènes et caricatures qu'il dessinait sur le vif, instantanés de vie populaire. Le terme persistera, même s'il désigne aujourd'hui un contenu très différent de celui de l'oeuvre d'Hokusaï.
Avec "Culture Manga", Fabien Tillon, journaliste spécialisé, emmène le lecteur dans une découverte passionnante du monde des mangas, replaçant ce genre littéraire dans le contexte historique, économique et moral de la société qui le produit.
Largement illustré et documenté, ce livre est certainement une très bonne introduction à ce monde particulier.

Culture manga, par Fabien Tillon, ed. du Nouveau Monde, 2006.

Sur le même sujet, à découvrir également à la bibliothèque :
Manga : soixante ans de bande dessinée japonaise, par Paul Gravett, ed. du Rocher, 2005.

Isabelle P.

jeudi 23 octobre 2008

Fureur de lire!

Comme chaque année, la Fureur de Lire propose pendant quelques jours dans toute la Communauté française une multitude d'activités autour du livre et de la littérature.
A la Bibliothèque du Centre, nous avons décidé à cette occasion d'emmener nos lecteurs au Japon, et d'explorer avec eux la littérature contemporaine japonaise, et les mangas.
Au programme :
. du mercredi 12 au samedi 22 novembre : Exposition sur l'histoire et l'évolution du manga (aux heures d'ouverture de la bibliothèque). En parallèle, concours de dessins de mangas, pour enfants et ados de 10 à 15 ans.
. du mercredi 12 au samedi 15 novembre : littérature japonaise contemporaine mode d'emploi (à la section adultes, aux heures d'ouverture de la bibliothèque)
. Mercredi 12 novembre à 20 heures : "Le manga pour les nuls" : présentation-débat par Christian Jasmes et Raphaël Giordano. Pour qui? Tous ceux pour qui le manga est "terra incognita", et qui veulent en savoir un peu plus sur ce moyen d'expression : origine, codes, tendances, etc... (réservation indispensable)
. Samedi 15 novembre de 14 à 16 heures : atelier de dessin de mangas : pour enfants et ados.
D'autres surprises sont au menu, à découvrir à la bibliothèque, en particulier bien sûr l'achat de nouvelles séries de mangas pour les amateurs!
Toutes ces activités sont gratuites, mais il est indispensable de réserver, par téléphone au 02/348.65.29, ou à la bibliothèque même.
Nous nous réjouissons déjà de vous y rencontrer!

Toute l'équipe

mercredi 15 octobre 2008

Un nouveau commissaire pour Camilleri ?


Avec ce recueil de nouvelles dont la particularité est que tout se passe en un même lieu et avec le même personnage de base, Andrea Camilleri nous offre-t-il un nouveau commissaire aussi truculent et gourmand que ce cher et imbuvable Montalbano ? Après lecture de cet ensemble de nouvelles publiées sporadiquement dans un journal italien, il semble bien que rien ni personne ne pourra remplacer ni même égaler le chef de file de la littérature policière humoristique qu’est le maître Montalbano. Soit dit en passant, le commissaire Collura, même s’il est plusieurs degrés en-dessous du génial sicilien, a quelque chose de légèrement décalé mais malgré tout, est beaucoup moins attachant.

Mais Camilleri reste Camilleri !

Les histoires de ce recueil sont assez simples, mais l'auteur avait pour ce projet un peu trop de contraintes (de temps et d’espace) pour pouvoir égaler son niveau habituel. Ces enquêtes se passent toutes sur un bateau de croisière où le « gratin » de la société se rassemble pour le meilleur mais surtout pour le pire.

Les enquêtes du commissaire Collura, par Andrea Camilleri, Fayard, 2008, 127 p.

Pierre C.

jeudi 9 octobre 2008

la dernière licorne


"J'étais dans les bras d'Anna, ma poupée est tombée et je me suis penchée pour la ramasser. Anna a perdu l'équilibre et notre famille a basculé dans l'escalier." C'est ainsi que Paula, bientôt 15 ans, raconte l'accident qui, lorsqu'elle avait 6 ans et sa soeur Anna 8, a bouleversé leur vie. Paula s'en est sortie avec une grosse bosse, mais Anna est devenue aphasique.
La mère des deux petites filles s'est battue pour qu'Anna tire le meilleur d'elle-même, et aujourd'hui Anna est une adolescente épanouie, à mille lieues d'être cette "handicapée", mot auquel les gens associent tant de préjugés. Les deux soeurs se ressemblent tant qu'on pourrait les confondre mais Paula, elle, est plutôt mal dans sa peau. Elle s'oppose à sa mère qui, imagine-t-elle, la pense responsable de l'accident.
Pourtant, bien des choses vont changer quand Paula, pour épargner à sa soeur un séjour en hopital psychiatrique ordonné par la justice, va prendre sa place et pendant huit jours "vivre" Anna de l'intérieur...
Paru dans une collection étiquetée "Jeunesse", ce roman en dépasse sans aucun doute les frontières. Il aborde avec autant de subtilité dans l'humour que dans l'émotion des thèmes aussi sensibles que le handicap ou l'euthanasie. Tous les personnages sont vrais, avec leurs failles et leurs forces. Ecouter sans juger, accepter l'autre tel qu'il est, c'est ce que Paula découvre pendant cette expérience hors du commun "comme si, dit-elle, j'avais changé la lentille de l'appareil-photo"...
Et c'est bien ce à quoi l'auteur nous convie, à travers cette histoire pleine d'humanité.

La dernière licorne, par Eva Kavian, ed. Mijade, 2008, 214 p.

Isabelle P.

mercredi 8 octobre 2008

Un coup de cœur


Je suis très heureux de pouvoir partager ici le bonheur que j'ai ressenti en lisant Le cantique des cannibales.
Sur le plan du récit déjà, ce roman parvient à mêler avec fluidité intrigue policière, histoire d’amour et satire politique. Mais alors, le style ! L’écriture de Florent Couao-Zotti est tout simplement merveilleuse, « lyrique et sauvage, entre mélopée et poésie parfois » (extrait de la 4ième de couverture). Et comme les mots sont pauvres pour tenter de définir le plaisir, par exemple, de descriptions si peu convenues, à chaque page, que les provisions d’images mentales que l’on s’est faites en tant que lecteur, pendant des années, pour colorer ses lectures, en sont bouleversées.

Voyez cet homme « agrafé dans son costume de prêtre ». Ecoutez l’héroïne, « canaille au cœur d’ange », murmurer à son amant : « Chutt ! Ne… dis plus rien. Nous sommes déjà sur les ailes du vent ». Et devinez son sourire à lui « de la voir là, fondue dans ses bras, au cœur à cœur avec les émotions crues » ; lui qui « n’espérait pas ces retrouvailles si proches du soleil. Il ne les espérait pas si voisines de ses ovations intimes. Ces élans, il les avait inscrits dans le spectre des horizons mirages, ceux qui offrent à la mémoire des tranches d’espérances toujours reportées ».

Inutile d'en écrire plus ici, n'est-il pas ? Foncez plutôt réserver ce livre !

Le cantique des cannibales, par Florent Couao-Zotti, Le Serpent à Plumes / Editions du Rocher, 2004, 264 p.

Référence bibliothèque : 8-3 CO 8379 C

Frédéric B. (Lecteur)

mardi 7 octobre 2008

La messagère de l'au-delà


Ce roman s'ouvre un brin macabrement sur un cercueil, celui d'Anne Green, jeune servante pendue en cette année 1650 pour avoir soi-disant assassiné son nouveau-né. Son corps a été acheté au bourreau pour être disséqué, et médecins et étudiants se pressent autour d'elle. Dans l'assistance, il y a Robert, qui sera l'un des narrateurs de ce récit à deux voix.
L'autre voix, c'est celle d'Anne Green elle-même qui,à la stupeur de tous, donne bientôt d'infimes signes de vie.
Persuadée d'être entrée dans une sorte de purgatoire, elle se remémore sa vie de servante et ce qui l'a amenée dans ce cercueil.
En alternance, Robert raconte les efforts du corps médical pour ramener Anne Green à la conscience, et le combat qui les oppose aux puritains virulents présents.
Ces deux voix qui s'entrecroisent donnent beaucoup de rythme à cette histoire passionnante, basée sur des faits réels. Elle constitue un témoignage très intéressant sur les moeurs et les idées au 17ème siècle, dans l'Angleterre puritaine de Cromwell. En ce sens d'ailleurs, Anne Green n'est pas tant la messagère de l'au-delà, que celle d'un chapitre de l'histoire de la condition humaine, en particulier féminine.

La messagère de l'au-delà , Mary Hooper, ed. Panama, 2008, 267 p.

Isabelle P.

lundi 6 octobre 2008

CLJBxl, kèsèksa?

Plus clairement, ces lettres bizarres désignent le Centre de Littérature de Jeunesse de Bruxelles, une institution relativement jeune dans le paysage professionnel, mais déjà pleine de projets de toutes sortes. Des projets qui vont pouvoir se déployer à l'aise dans plus d'espace, puisque deux ministres, un bourgmestre, une échevine et beaucoup de "sympathisants" se sont retrouvés le 24 septembre dernier pour accompagner ses premiers pas dans ses nouveaux locaux, au 91, boulevard E.Bockstael, à Laeken.
Mais que fait donc ce centre? Il conserve et met en valeur le patrimoine de littérature de jeunesse, met à disposition des ouvrages et des revues professionnelles, promeut les auteurs et illustrateurs belges et, en collaboration avec d'autres organismes tels que la Bibliothèque Centrale de Bruxelles-Capitale ou l'Ibby, organise des formations, des expositions, etc..., intéressant bibliothécaires, enseignants ou grand public.
Des exemples? Une formation "Ecrire en toute liberté ou comment animer un atelier d'écriture ludique" en collaboration avec l'asbl Contalyre (4 jours en janvier et février 2009), une journée d'étude sur l'illustrissime Tomi Ungerer le 8 janvier 2009 (en collaboration avec la librairie Tropismes)...
Pour nous, bibliothécaires, ces activités sont une occasion d'échange, d'enrichissement et nous aident à exercer notre métier avec un enthousiasme toujours renouvelé; pour vous, lecteurs, ce peut être l'occasion de chouettes découvertes;
alors n'hésitez pas à consulter le site www.cljbxl.be, vous y trouverez informations utiles et agenda.
Tous nos voeux accompagnent Luc Battieuw et son équipe!

Isabelle P.