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lundi 29 décembre 2008

BHL et Houellebecq


Qu’on aime ou qu’on n’aime pas ces deux personnages, ce livre est de toute manière intéressant à plusieurs niveaux.

Le premier est sans aucun doute la question principale de cet échange de lettres, celle que tout le monde devrait se poser avant d’écrire quoi que ce soit sur un être vivant, à savoir : a-t-on le droit de traîner quiconque dans la boue ? A priori non. Mais vu le nombre incroyable d’articles bêtement méchants parus dans divers quotidiens durant ces vingt dernières années et s’attaquant par des moyens le plus souvent médiocres et insensés, on peut se reposer calmement la question. Ces deux écrivains sur-médiatisés ont fait la douloureuse expérience d’être à la fois originaux, intelligents et légèrement narcissiques. Et le narcissisme, c’est quelque chose que les journalistes de tout bord n’acceptent pas. Et avec leurs moyens malheureusement quasi illimités, ils sont prêts à tout pour écraser quiconque se permet de survoler quelque peu la médiocrité ambiante. Les deux écrivains ne se plaignent pas vraiment de leur sort, ils se demandent même s' ils ne l’ont pas un petit peu cherché, mais ils aimeraient juste savoir comment réagir devant ces attaques disproportionnées, et là leurs avis divergent. Sans grande surprise, Houellebecq est plutôt passif alors que Lévy lui, sans vouloir prendre les armes, ne veut pas lâcher prise. Il ne sert à rien d’ouvrir un procès qui en entraînera directement un autre, il ne sert bien évidemment à rien d’aller casser la figure du « frustré » qui semble jouir du fait qu’il est si simple et si lâche d’inventer ou de colporter tel ou tel ragot, mais il est bien plus intéressant de ne pas se laisser abattre et de continuer la lutte (« rester vivant et autres textes » de Michel Houellebecq.

Ensuite il est très intéressant de voir la différence de style de ces deux écrivains. Et si il y a différence de style, c’est qu’il y a un style propre. Ce qui est loin d’être un lieu commun dans la littérature de la fin du vingtième siècle. Celui d’Houellebecq serait plutôt fluide, tranquille, désabusé mais ne manquant pas d’un humour noir et féroce ; tandis que pour Bernard-Henry Lévy, il pourrait plus paraître pédant, alambiqué, incertain à force d’être certain, nébuleux comme l’est souvent la littérature philosophique. Mais tous les deux sont uniques et charmants à leur manière.

Et pour terminer, juste pour ceux qui aiment déjà ces deux écrivains, on trouve dans ce livre quelques passages biographiques bien à propos essentiellement basés sur l’enfance des deux écrivains et tout particulièrement sur leurs relations avec leurs parents. Pour Houellebecq, sa relation avec sa mère est une des pires que l’on ait rencontrées dans le monde littéraire.

Bref pour ceux qui pensent que ces deux auteurs valent peut-être la peine d’être lus, il est préférable de commencer par « Extension du domaine de la lutte » pour Houellebecq et « Le diable en tête » pour Lévy.

par Pierre C.

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