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lundi 30 août 2010

Quelle est la différence entre un poltron et l'écorce du bouleau?


Il n'y en a aucune, tous les deux font le tour du bois sans jamais y entrer!
Cette devinette et bien d'autres choses, Ludmilla, Pénélope et Sanouk le découvrent dans un livre que leur a prêté leur professeur de littérature.
Les trois adolescentes sont pensionnaires dans un internat russe près de Novgorod, dirigé par Olga Petrovna, une sorte de dragon en jupons.
Par la voix de Sergueï, l'auteur du livre, les trois filles aprennent l'existence en Sibérie du Nord-Ouest des Nènètses, un peuple nomade éleveur de rennes qui se déplace au rythme des besoins de ses troupeaux. A l'époque soviétique, ce peuple, comme toutes les minorités a fait l'objet d'une tentative d'assimilation forcée à la culture russe, et aujourd'hui ils sont victimes de la richesse de leur sous-sol.
Les compagnies de gaz et de pétrole les chassent de leurs territoires, tuant leurs troupeaux au besoin, et s'emparent des terres, les déclarant inhabitées. Mais, comme le leur dit le professeur de géographie, "il faut bien choisir entre les petits peuples et la croissance économique moderne", n'est-ce pas?
Les trois filles s'indignent et enquêtent, d'autant plus acharnées que la directrice leur met des bâtons dans les roues. Leur quête les mènera bien plus loin qu'elles ne l'avaient imaginé...
On pardonnera à ce roman quelques coincidences un peu trop "coincidentes" pour retenir plutôt l'intérêt du récit qui confronte deux visions du monde antinomiques : le profit optimal, credo d'une certaine vision économique actuelle, et le respect des minorités et de leur mode de vie traditionnel, en accord avec les cycles de la nature.

Petite feuille nènètse, par Anne Bouin, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 2010, 225p.

Isabelle P.

mardi 24 août 2010

Reviens, Mamie Lise!


Pour Julien et Pauline, le monde ne tourne plus rond depuis que Mamie Lise est morte.
Alors dans l'esprit des deux enfants naît l'idée un peu folle mais inspirée par l'amour qu'ils portent à leur grand-mère de la faire redescendre du nuage d'où, leur a-t-on dit, elle les regarde toujours.
Pour cela, rien de plus simple : s'ils accumulent suffisamment de très très grosses bêtises, Mamie Lise qui ne supportait pas cela, sera bien obligée de quitter les anges pour venir les gronder en personne!
De son côté Gustave, l'ange chargé de conduire Mamie Lise au paradis n'a pas la tâche facile : Mamie Lise en effet n'a aucune envie de quitter ses petits-enfants. Elle le voit bien, que Pauline et Julien ne vont pas bien. Alors le ciel peut attendre!...
La mort, le deuil sont des sujets délicats à aborder en littérature de jeunesse. Auteure et illustratrice ont réussi une très belle symbiose dans ce roman touchant, au ton toujours juste.


Reviens Mamie Lise!, par Katja Henkel et Sybille Hein, ed. Bayard jeunesse (coll. Estampillette), 2010, 191p.

Isabelle P.

lundi 23 août 2010

le pendentif de jade


Voici un roman qui aurait pu figurer en bonne place dans notre sélection "Allez les filles!", publiée en mars dernier à l'occasion de la Journée de la femme (pour la consulter, voyez les rubriques à droite de l'écran).
Nous sommes à Londres, dans les années 1850. La "bonne société" y évite avec soin tout contact avec l'univers misérable des déshérités en tout genre, et seul le fleuve malodorant rappelle par ses miasmes aux privilégiés des beaux quartiers qu'il existe un monde différent de celui des bals et des fêtes.
Mary Quinn est la demoiselle de compagnie d'une de ces jeunes filles riches, Angelica Thorold. Elle sert le thé, et serre les dents sous la méchanceté de la donzelle trop gâtée.
C'est que Mary a une bonne raison de supporter le mauvais caractère d'Angelica : elle est en fait "infiltrée" dans cette famille par "the Agency", une organisation employée par Scotland Yard pour mener à bien certaines missions délicates.
Mary a du caractère et du courage, et heureusement, car son enquête ne sera pas de tout repos, d'autant que le jeune James, rencontré dans un placard va mettre son grain de sel dans l'histoire! :-)
Premier tome d'une nouvelle série, "le pendentif de jade" est un roman plein de rebondissements, qui se lira avec beaucoup de plaisir à partir de 12-13 ans.
Une occasion aussi d'en savoir un peu plus sur la société de l'époque, notamment sur la place qui y était faite aux femmes!

The agency : le pendentif de jade, par Y.S.Lee, ed. Nathan, 2010, 377p.

Isabelle P.

jeudi 19 août 2010

Mieux que Harry Potter !


Je partageais avec un ami mon enthousiasme à la lecture d'une biographie de Charles Lindbergh. "Ah, le pro-nazi", m'a-t-il répondu. J'en ai été peiné, car non, assurément, Charles Lindbergh n'a pas été pro-nazi, ni même fasciste. Une certaine presse américaine l'a qualifié comme tel pour avoir pris la tête du mouvement isolationniste qui désirait tenir les USA à l'écart de la guerre qui éclatait en Europe sans avoir en même affirmé publiquement sa condamnation du régime nazi (ni relaté les actions concrètes qu'il avait pourtant prises pour en contrer les excès portés à sa connaissance). Mais ne fallait-il pas aussi que le grand public puisse brûler en ces temps incertains celui qu'il avait tant adoré ? Qu'il fasse de son aigle solitaire "L'Ange noir" (c'est le titre de cette magistrale biographie écrite par Bernard Marck), pour le réhabiliter ensuite ?
Mais quel destin ! Quelle vie hallucinante, sous le regard incessant de la presse ! De la première traversée de l'Atlantique en solitaire, en 1927, à la défense acharnée et précurseuse de l'environnement à la fin de sa vie. Avec le drame : l'enlèvement et l'assassinat de son premier enfant. Avec le génie : l'invention d'appareils médicaux révolutionnaires et l'expertise incontestée dans le domaine de l'aviation. Avec des côtés sombres aussi : mari et père absent mais omnipotent, deuxième famille secrète en Allemagne... Une vie digne d'un récit de science-fiction mais bien réelle, à la lecture de laquelle on découvre une personnalité solitaire et déterminée qui avait tout simplement ses racines dans le ciel.

Lindbergh l'ange noir, par Bernard Marck, ed. L'Archipel, 2009, 970 p.

Frédéric B. (Lecteur)

dimanche 8 août 2010

La formule préférée du professeur


La narratrice, aide-ménagère, est engagée chez un homme, la soixantaine, d'aspect plutôt négligé. Il porte entre autres, épinglées sur son costume fatigué, une infinité de notes dont la plus importante :"ma mémoire ne dure que 80 minutes".
D' un accident de la route vingt ans plus tôt en effet, celui qui fut un professeur de mathématiques promis à un magnifique avenir de chercheur a gardé de lourdes séquelles.
Commence alors une étrange et très belle relation d'amitié entre l'aide-ménagère et le professeur, relation chaque jour réinventée puisque oubliée pendant la nuit. L'amitié du professeur s'étend bientôt au fils de l'aide-ménagère, qu'il surnomme Root (racine), en raison de sa tête plate qui rappelle le signe de la racine carrée.
Sous la conduite bienveillante du professeur, la mère et l'enfant s'initient à la beauté des mathématiques, à l'ordre et à la rigoureuse beauté des chiffres, qui permettent au professeur de tenir à distance le désordre du monde du dehors. Un monde qu'il va pourtant apprivoiser à tout petits pas, grâce à Root...
Un roman intimiste et délicat, dans le fond comme dans la forme, entièrement centré sur les relations entre ces trois êtres à priori si différents et sur l'enrichissement que ce partage apporte à chacun d'eux.
Une très belle ambiance à découvrir!

La formule préférée du professeur, par Yoko Ogawa, ed. Actes Sud (coll. Babel).

Isabelle P.