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samedi 24 janvier 2009

N'est-il vraiment pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ?


Les aveugles nous émeuvent, et c'est normal. Mais pourquoi les sourds nous font-ils rire ? "La surdité est comique, alors que la cécité est tragique", constate Desmond Bates, le narrateur de La Vie en sourdine. En anglais, deaf (sourd) n'est pas très loin de dead (mort). Et pour peu qu'on entende mal...

Spécialisé dans la description caustique des milieux universitaires et littéraires anglais, David Lodge s'est également inspiré ici de sa propre expérience, tant en ce qui concerne la perte de son ouïe, que le décès de son père. Et une nouvelle fois la magie opère, et le lecteur sera, comme toujours avec cet auteur, subtilement entraîné de situations parfaitement dérisoires (so british) en instants plus graves et prenants. Avec en prime une étude socio-littéraire de la surdité et d'ébourifantes arguties linguistiques.

La vie en sourdine, par David Lodge, traduit de l'anglais par Maurice et Yvonne Couturier, Rivages, 2008, 413 p.

(référence bibliothèque 8-3 LO 1725 V)

Par Frédéric B. (Lecteur)

vendredi 23 janvier 2009

Famille je vous hais


"La malédiction frappe encore. La vieille a été touchée, puis la mère et la soeur. C'est à mon tour de me soumettre au mauvais sort, logique. Oui, c'est à moi, maintenant, d'être humiliée par l'esprit de l'homme, et s'il est bien gentil, et s'il me comprend, à moi de me plier à sa conversation ou d'attendre qu'elle cesse, réfugiée dans ma tête. Trente ans, je suis une femme de ma famille, cela signifie "paye".

La petite est devenue grande. La voilà qui se remémore son enfance au travers de sa relation avec son amoureux, qu'elle nomme l'âne, tout en succombant au charme de l'homme à la pomme d'Adam saillante. Mais comment vivre cet amour-là, s'il s'agit de cela, sans scruter, décortiquer, noter tout comme elle le fait sans cesse au risque de tout détruire.

"Experte en contes cruels" selon l'expression du Monde des livres, Claire Castillon continue dans son sixième ouvrage de disséquer la féminité, le couple, le mariage, les relations hommes-femmes, la famille et l'enfance (malheureuse), de son regard noir charbon et de sa plume sardonique toute en ironie. La violence des sentiments et des incompréhensions saupoudrée d'une certaine perversité prend le lecteur à la gorge et rend la lecture âpre (commentaire extrait du buzz-littéraire.com).

Dessous c'est l'enfer, par Claire Castillon, Fayard, 2008, 230 p.

(référence bibliothèque 8-3 CA 8026 D)

Par Frédéric B. (Lecteur)

mardi 20 janvier 2009

Des héros "élastiques"

Certains adultes, parents ou enseignants, pointent parfois du doigt les sujets abordés dans les romans pour la jeunesse, déplorant l'abondance de difficultés imposées à leurs personnages par les auteurs, et le pessimisme qui se dégage de ces histoires.
Le hasard a voulu que les trois romans lus ces jours-ci mettent en scène des jeunes héros confrontés à des difficultés, certes (mais n'est-ce pas là depuis toujours un des ressorts indispensables à une bonne histoire?), mais qui trouvent en eux les ressources nécessaires pour aller de l'avant et grandir harmonieusement.
De quoi prouver à ceux qui en douteraient que l'espoir et l'optimisme ne sont pas absents de la littérature pour la jeunesse!


Noé a 10 ans lorsqu'il perd sa maman dans un accident de voiture. Comme il ne connaît pas son père, il se retrouve du jour au lendemain à vivre sur la Nan-Ty, la péniche de ses grands-parents mariniers. Une drôle de vie, un vrai chamboulement qui oblige Noé à se secouer : difficile en effet de s'abîmer dans le chagrin quand on se retrouve la barre dans les mains, chargé de la délicate mission de faire entrer la péniche dans l'écluse!
Et puis il y a tous les gens qu'il rencontre, et Gaëlle, une fille au caractère bien affirmé, qui va l'aider à répondre aux questions qu'il se pose sur son père...
Un très chouette roman, plein de vie et d'optimisme, qui emmène le lecteur dans le monde mal connu des mariniers, chaleureux et solidaires.

Noé, par Claire Clément, ed. Bayard jeunesse (estampille), 2008, 168p.


Depuis que sa maman a perdu un bébé mort-né, tout dans la vie d'Alyssa, 10 ans, part en morceaux. La famille déménage, il lui faut s'acclimater à une nouvelle école, sa mère s'enfonce dans la dépression, son père fuit le marasme ambiant avec une maîtresse, laissant sa fille prendre soin de sa femme.
Heureusement, Alyssa peut compter sur le soutien de Daisy, grand-mère hors normes qui prétend que dans la vie on s'en sort toujours quand on est suffisamment élastique pour rebondir par-dessus les difficultés. Un principe qu'Alyssa décide d'appliquer avec une belle énergie...

Appelez-moi Poison!, par Susan Shreve, ed. Bayard (Millezime), 2008, 161 p.


Pablo, 12 ans, a fui la Colombie avec ses parents, sa grand-mère et ses deux soeurs.
Le soleil, la vie colorée et joyeuse de son village lui manquent. Ici, tout est gris, on ne peut pas faire de bruit, il faut raser les murs parce qu'on n'a pas de papiers, il faut ingurgiter des conjugaisons indigestes...Pire que tout, les autres le traitent de voleur parce que "colombien" rime avec "vaurien". Du moins, c'est ce qu'ils disent.
Alors, pour oublier tout cela, Pablo marche de longues heures dans les rues de la cité, et c'est ainsi qu'il va faire des rencontres décisives pour lui.
Il y a beaucoup de personnages attachants dans ce court roman plein de sensibilité : l'abuela trône dans son fauteuil comme une vestale un peu bourrue; la petite Nina vit en rêve dans un beau château avec son papa; Marisol la grande soeur tente elle aussi de se faire sa place dans ce monde nouveau...
Et puis il y a la Goule bien sûr, cette sorcière effrayante et pourtant tellement tendre aussi!
Un très beau roman, vraiment, sur le thème de l'immigration et de la difficulté pour les uns de s'intégrer et pour les autres d'accepter les nouveaux venus et leur culture propre.

Pablo de la Courneuve, par Cécile Roumiguière, ed. Seuil jeunesse (Chapitre), 2008, 91 p.

Isabelle P.

mercredi 7 janvier 2009

Heureuse solitude ?


Pourquoi la solitude est-elle devenue un phénomène social majeur dans nos sociétés développées ? Pourquoi l'impression d'isolement est-elle parfois si douloureuse alors que les interactions entre individus n'ont jamais été aussi nombreuses ?
C'est à ces questions que Les nouvelles solitudes réfléchissent, au-delà des raisons évidentes que sont le divorce (un couple sur deux), l'émancipation de la femme, la confusion entre les rôles masculin et féminin, mais aussi une sorte de durcissement des relations dans le couple (reflet du durcissement du monde de travail).
Les relations virtuelles et les "nouvelles thérapies" apportent-elles pour autant des réponses ?
Et pourquoi, au-delà de la solitude subie (souvent insupportable) ou de la solitude “repli sur soi” (dangereuse et stérile), la solitude choisie ne serait-elle pas une source de plénitude ? Un moyen de "sortir de la superficialité d'une société dominée par le narcissisme et le culte de la performance", tout en restant disponible à l'autre ?

"Choisir la voie solitaire, ce n'est pas vivre comme une âme en peine, abandonnée de tous", analyse de son côté Jacqueline Kelen, dans un ouvrage davantage philosophique. "La solitude est notre maturité. C'est elle qui nous fait passer du “moi”, conditionné et dépendant car toujours en rapport aux autres, au “je” libre et responsable."
Les nouvelles solitudes, par Marie-France Hirigoyen, La Découverte , 2007, 215 p. (référence bibliothèque : 159.9 HIR N)
L'esprit de solitude, par Jacqueline Kelen, Albin Michel, 2005, 245 p. : cet ouvrage n'est pas directement disponible à la bibliothèque d'Uccle Centre mais peut être réservé via le réseau bruxellois des bibliothèques publiques.

Par Frédéric B. (Lecteur)

mardi 6 janvier 2009

Pour comprendre les médias ?


Depuis toujours intéressé par les médias, je parcours volontiers les ouvrages sur le thème, même les moins sérieux. Il en va par exemple des "animatueurs", le témoignage de Michel Malausséna sur ses années de collaboration avec Stéphane Collaro, Christophe Dechavanne, Thierry Ardisson, Mireille Dumas, Nagui et Karl Zéro... Le résultat ? La confirmation de l'adage suivant lequel il n'y a pas de grand homme pour son valet de chambre.

Aussi léger mais plus croustillant est le Madame, Monsieur, Bonsoir... écrit par un collectif de salariés de TF1 sous le pseudonyme de Patrick le Bel (en référence à Patrick Le Lay, alors PDG de la chaîne) pour présenter les dessous du premier JT de France, les coulisses de TF1 et les travers et névroses de ses stars de l'information : Jean-Pierre Pernaut, Claire Chazal et Patrick Poivre d'Arvor.

Côté presse écrite, on lira avec intérêt Les dessous de la presse people, qui montre bien comment des faux reportages volés, quand ils ne sont pas de complaisance, voisinent désormais avec les vrais scoops. On découvrira aussi la bagarre hallucinante que se livrent les magazines people (Voici, Gala, Paris Match etc.) pour lesquels les frais de justice pour atteinte à l'image font partie du budget normal de fonctionnement.

Les animatueurs, par Michel Malausséna, Jean-Claude Gawsewitch éditeur, 2008, p. (référence bibliothèque : 621 MAL A)
Madame, Monsieur, Bonsoir... : les dessous du premier JT de France, par Patrick Le Bel, Panama, 2007, 168 p. (référence bibliothèque : 659 LEB M)
Les dessous de la presse people, par Léna Lutaud et Thiébault Dromard, La Martinière, 2006, 292 p. (référence bibliothèque : 070.4 LUT D

Par Frédéric B. (Lecteur)

Récolte

Lire, c’est découvrir ou retrouver des mots peu usités et continuer à enrichir son vocabulaire.
Ces derniers mois par exemple, j’ai découvert obombrer qui signifie « couvrir d’une ombre » tout simplement ou, au sens figuré, « cacher, recouvrir, dissimuler », ainsi que « assombrir, rendre terne, triste ». J’ai aussi découvert l’expression poétique des cauris de rires : pour en désigner le caractère cristallin ? le cauri étant un « petit coquillage blanc ovale du groupe des porcelaines ». Ensuite, j’ai appris que l’on peut dire de quelqu’un qui fait des rodomontades qu’il est lui-même rodomont, « personnage fanfaron et hautain, homme qui se vante de prétendus actes de bravoure ». Et pour finir, j’ai même gagné un pari avec mes enfants. Oui, atone existe et signifie bien (notamment) « inexpressif, vague, sans vitalité ». Et vous ? Quels mots avez-vous (re)découverts cette année ?

Par Frédéric B. (Lecteur)