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lundi 28 décembre 2009

La maladie de Camilleri


Dans « Le tailleur gris », Camilleri laisse tomber l’humour, même si le personnage principal est au début du livre plutôt cocasse. C’est un ancien banquier fraîchement retraité qui se demande, dès le premier jour, ce qu’il va bien pouvoir faire de tout ce temps libre. Mais voilà que cette nouvelle vie va vite s’avérer moins lumineuse qu’il ne l’espérait. En effet, il se rend compte, son esprit n’étant plus occupé par son travail, que sa jeune épouse le trompe, et pas qu’un peu, depuis assez longtemps. Loin de lui l’idée de vengeance, vu la différence d’âge entre eux deux, il se fait rapidement une raison ; mais ça ne l’empêchera pas de mener sa petite enquête. Cocu, oui, mais complètement ignorant, non.

Jusque là, on reste dans le style Camilleri, mais le récit glisse lentement vers un aspect totalement nouveau chez l’écrivain sicilien. Une atmosphère beaucoup plus tendre, intime et triste voit le jour. Camilleri devient beaucoup plus introspectif qu’à son habitude. Il nous parle de choses assez douloureuses qui nous rappellent que l’écrivain vient d’atteindre ses 84 balais et que, peut-être, il se met à voir la vie différemment.

C’est avec un peu d’inquiétude que l’on quitte « Le tailleur gris », on a l’impression que l’auteur veut nous dire quelque chose, veut nous faire part de son inquiétude. Une ombre inquiétante pèse sur ce livre, mais espérons que ce n’est qu’un livre et que Camilleri ne tire tout ça que de son imagination fertile.

Le tailleur gris, par Andrea Camilleri, éd. Métaillié, 2009, 135 p.

Par Pierre C.

lundi 21 décembre 2009

Une promesse


Une petite maison, dans un village de Mayenne. Chaque jour, quelqu'un y entre.
Le lundi, Paradis ouvre les portes et remonte la petite horloge suisse. Le mardi, Leo fait sonner la cloche pour annoncer sa visite. Le mercredi, Berthevin allume les lampes. Le jeudi, Madeleine dresse la table du souper...
Dans la maison, il y a Etienne et Fauvette, cheveux blancs et gestes mesurés de ceux qui ont déjà beaucoup vécu. Elle fait des mots croisés, il contemple sa collection de timbres et note dans un petit cahier le jour et l'heure de chaque visite. Pourtant, visiteurs et visités ne se croisent jamais...
L'histoire commence ainsi, à petits pas feutrés comme ceux d'Etienne et Fauvette.
L'auteur installe une ambiance, le lecteur s'y installe à son tour. Je n'ai pas envie d'en dire plus, les mots de ce roman parlent d'eux-mêmes. On en sort ému, touché au coeur par ces personnages poignants, soudés par une solidarité et une fidélité hors du commun.
Journaliste à "Libération" pendant de nombreuses années, Sorj Chalandon a reçu pour "Une promesse" le prix Medicis en 2006.

Une promesse, par Sorj Chalandon, ed. Grasset, 2006, 274p.

Isabelle P.

samedi 19 décembre 2009

Un belge à Tokyo


En ce qui concerne l’histoire de « La vérité sur Marie », rien de très original : un homme retrouve son ancienne copine et se remémore leur ancienne relation. Elle (Marie) vient de connaître une mésaventure avec son nouveau copain et, ayant besoin de réconfort, elle le supplie de venir la rejoindre.

Mais au niveau de l’écriture, ce livre est une merveille. Rien que la scène du cheval qui s’enfuit sur la piste de l’aéroport de Narita à Tokyo vaut à elle seule le détour. Les descriptions que Jean-Philippe Toussaint nous fait de cet événement incongru sont tout à fait époustouflantes. Même si c’est sans doute la seule chose qui restera dans nos esprits après la lecture de ce livre, cette scène est désormais à classer, du point de vue stylistique, dans les plus belles pages de la littérature française. On y voit un superbe cheval de course que l’on tente par tous les moyens de faire rentrer dans un avion et qui se met à paniquer et s’enfuir dans la nuit la plus sombre et la plus froide de Tokyo.
Une superbe scène cinématographique n’aurait pu faire mieux. On y est également sur cet aéroport de Narita, on sent l’odeur et la panique du cheval terrifié, on sent la pluie fine et glaçante qui met en évidence la chaleur animale de la bête qui se débat. On y est, on aimerait intervenir, donner un coup de main à tous ces hommes perdus et impuissants, et c’est alors que l’on se rend compte qu’on est juste en train de parcourir des yeux une suite de simples mots écrits par un virtuose de la langue française. Tant pis, j’oublie que j’ai un livre entre les mains, et je retourne de suite à Tokyo pour y retrouver ce cheval fuyant en espérant qu’on finira bien par l’attraper.

Beaucoup de tendresse, de tristesse et quelques passages plus humoristiques dans ce très beau livre du belge Jean-Philippe Toussaint, ce grand monsieur discret de la littérature française.

La vérité sur Marie, par Jean-Philippe Toussaint, éd. De Minuit, 2009, 204 p.

Pierre C.

mercredi 16 décembre 2009

Pas de vacances pour Immense Savoir


A l'occasion d'une recherche bibliographique dans le cadre d'Europalia, j'ai redécouvert avec beaucoup de plaisir ce roman au titre énigmatique, paru à l'Ecole des Loisirs il y a déjà quelques années.
Né en 1956, dans la toute nouvelle République populaire de Chine, Sheng-Hui (Immense Savoir en chinois) a été ainsi nommé par sa mère afin qu'il devienne un savant réputé, ce que ses grandes oreilles laissent, paraît-il présager.
Le devin du village a, lui, une vision toute autre du destin du nourrisson : "le garçon quittera la maison très jeune. Il connaîtra le chagrin et le deuil quand il sera tout petit. Puis il parcourra le monde". Et c'est ce qui advient.
Orphelin à 4 ans, il est adopté par un moine bouddhiste qui s'est donné pour mission de conserver tous les "sutras", ces textes transmettant l'enseignement de Bouddha.
Seul manque au vieux moine le Sutra du rire, celui qui apporte illumination et immortalité.Le seul exemplaire au monde se trouve dans un musée de San Francisco.
Quinze ans, une révolution culturelle et bien des vicissitudes plus tard, Immense Savoir, rebaptisé Hsun Ching ou Chercheur de Sutras, entreprend de réaliser le voeu de son vieux maître.
Accompagné du colonel Sun, extraordinaire personnage aux yeux jaunes et à la force prodigieuse, le jeune homme traverse illégalement les frontières et débarque à San Francisco. les deux voyageurs découvrent la culture américaine avec l'ahurissement que l'on imagine. Hsun-Ching, nourri des préceptes communistes et le colonel qui juge toute chose à l'aune de ses valeurs guerrières accusent le choc culturel de leur mieux, ce qui donne, on s'en doute, quelques épisodes cocasses!
Au-delà de ces aventures picaresques, il y a dans ce récit toute une réflexion sur ce qui fait la grandeur et le déclin d'une civilisation, le besoin de spiritualité de l'être humain, les dérives d'une révolution pourtant voulue pour le bonheur des hommes...
Pour écrire ce roman, l'auteur, Mark Salzman, s'est inspiré de son expérience de vie en Chine, où il a passé deux ans à enseigner l'anglais dans une université de province. Passionné d'arts martiaux dès l'enfance, il parle le chinois, et raconte dans "Le fer et la Soie" les rencontres, drôles parfois, émouvantes souvent, qui ont jalonné ces deux années.

Parus tous les deux dans une collection estampillée "Jeunesse" ces deux livres se privent ainsi, et c'est bien dommage, d'un public bien plus large, qu'ils méritent pourtant.
Alors, lecteurs adultes, faites comme Hsung-Ching, franchissez sans crainte les frontières, vous ne le regretterez pas!

Pas de vacances pour Immense Savoir, par Mark Salzman, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 371 p., 2006

Le fer et la soie, par Mark Salzman, ed. Gallimard (Page blanche), 1989, 351p.

Isabelle P.

lundi 7 décembre 2009

Rencontre d'auteur


La librairie La Licorne, qui est notre très chouette partenaire pour plusieurs projets, propose ce jeudi 10 décembre à 18 h 30 une rencontre avec l'univers de Anne Wiazemsky, qui parlera entre autres de son dernier livre "Mon enfant de Berlin".
Vous ne connaissez pas encore cette auteure? Plongez-vous par exemple dans "Sept garçons", un très attachant roman sur le monde de l'enfance.
Le récit se passe quelque part au bord de la Méditerranée, dans les années 60, autour de deux enfants, Roséliane et Dimitri, 11 et 9 ans.
Habitués à vivre en autarcie familiale, les voilà parachutés, au hasard des amitiés parentales, dans un groupe de 7 autres enfants de leur âge, sept garçons.
Durant deux étés successifs, les relations entre les enfants évoluent et se transforment, dans une quasi liberté. Roséliane découvre sa féminité, son pouvoir d'attraction sur chacun des garçons qui l'entourent, et qui chacun suivant leur tempérament se font valoir auprès d'elle. Mais de bravades en prises de bec agressives, les rivalités latentes finiront par basculer dans le tragique...
Anne Wiazemsky décrit ces relations à la manière d'une ethnologue abordant une peuplade aux rites complexes et particuliers, d'autant plus particuliers que les parents, soucieux de préserver leur tranquillité, sont très peu présents.
On entre dans ce roman sans trop se poser de questions; on y reste, fasciné par ce microcosme dans lequel l'auteur nous introduit peu à peu, de plus en plus profondément, avec beaucoup de subtilité.
Une invitation à nous retourner sur notre propre enfance, fut-elle ou non semblable à celle-là.

Sept garçons, par Anne Wiazemsky, ed. Gallimard (Folio), 2004

Librairie La Licorne, 656, chaussée d'Alsemberg, 1180 Bruxelles
Tel : 02/344.98.32

Isabelle P.

samedi 5 décembre 2009

Et hop ! un classement de plus


Top 50 des prêts en section adultes de juillet à septembre 2009

(juste pour se faire une idée bien-sûr…)

1. La 6e cible / Patterson
2. Le cimetière des poupées / Pingeot
3. Ultime rencontre / Shreve
4. Un homme accidentel / Besson
5. Âmes sœurs / Debois
6. La chasseresse écarlate / Debois
7. Clair de lune / Deaver
8. Erevan / Sinoué
9. N'oublie pas d'être heureuse / Orban
10. Sans un mot / Coben
11. Le bonheur des familles : récits / Fuentes
12. Le déjeuner de la nostalgie / Tyler
13. L'appel des morts / Rankin
14. N'habite plus à l'adresse indiquée / Grosman
15. La lamentation du prépuce / Auslander
16. Quand tu es parti / O'Farrell
17. Les hirondelles de Kaboul / Khadra
18. Et après... / Musso
19. L'homme dans la vitrine / Dahl
20. L'accusé / Grisham
21. Avalon / Istin
22. Le cromm-cruach / Istin
23. L'étoile de Babylone / Wood
24. Inés de mon âme / Allende
25. Profondeurs / Mankell
26. Disparu à jamais / Coben
27. Paradis conjugal / Ferney
28. Le secret du Bayou / Biguenet
29. La princesse des glaces / Läckberg
30. Le pacte des assassins : roman-histoire / Gallo
31. Dans les bois / Coben
32. Une question d'honneur / Leon
33. La jeune fille et le rossignol / Gourdin
34.A quand les bonnes nouvelles ? / Atkinson
35. L'anomalie / Jodorowsky
36. L'ange bossu / Jodorowsky
37.Le coeur de Kavatah / Jodorowsky
38. La porte du non-retour / Peyramaure
39.Dans la tête de Shéhérazade / Janicot
40. Un palais dans les dunes / Degroote
41. Le secret de Clara / Bourdin
42.Syngué sabour : pierre de patience / Rahimi
43. La deuxième lune de miel / Trollope
44. Le petit Nicolas
45.Dans le silence de l'aube / Bourdin
46. Chaos sur Bruges / Aspe
47. La lampe d'Aladino et autres histoires pour vaincre l'oubli / Sepulveda
48. Love & pop / Murakami
49.La pluie avant qu’elle tombe / Coe
50. Impardonnables / Djian

Pierre C.

mardi 24 novembre 2009

D'une seule voix



La récente collection "D'une seule voix" chez Actes Sud s'adresse aux adolescents et aux jeunes adultes. Son titre en décrit bien la démarche, puisqu'il s'agit toujours de monologues . La mise en page a d'ailleurs, nous dit l'éditeur, été spécialement étudiée pour faciliter la lecture à voix haute de ces textes forts et porteurs d'émotion.
Dans La piscine était vide, le récit de Célia, 16 ans, commence par l'annonce de son acquittement. Elle était accusée par la mère d'Alex, son petit ami, de l'avoir tué en le poussant dans une piscine vide. Traumatisée par cette mort vécue en direct et par la haine de la mère de l'adolescent, elle raconte ce grand amour tragiquement terminé, passe en revue tout ce qui s'est passé le jour fatal... Par la grâce de l'écriture sensible et juste de Gilles Abier, la voix de la narratrice entraîne le lecteur au coeur même de ses émotions.
La forme du discours, très orale, les rend encore plus palpables, à travers des hésitations, des digressions, des reprises de souffle subites.
La fin choisie par l'auteur ajoute une dimension particulière au récit.
Ce livre fait partie de la sélection 2010 catégorie Un basket du prix Farniente.

Dans Un endroit pour vivre, le narrateur a 16 ans lui aussi. Elève sans histoires, il se révolte pourtant contre le nouveau proviseur obsédé de résultats et traquant les amoureux dans les couloirs, au prétexte que le lycée ne doit être qu'un lieu de travail.
"Je n'ai jamais compris, dit le héros, l'opposition entre la vie et le boulot. On nous les présente comme antinomiques, partout, et je ne vois pas pourquoi?... Le travail c'est la vie, la vie c'est du travail. L'amour, ça se travaille. L'amitié aussi. Le travail, c'est avant tout du lien, non?"
Alors il raconte en images tout ce qui fait du lycée un lieu de vie : l'amour, la haine, la souffrance, la solidarité, la tendresse... Cinq minutes trente de film, cinq minutes trente de vie et d'émotions.

La piscine était vide, par Gilles Abier, 2008, 65p.
Un endroit pour vivre, par Jean-Philippe Blondel, 2007, 77p.

Isabelle P.

lundi 16 novembre 2009

Lady L.


Que cache le mystérieux sourire de Lady L, alors qu’elle attend le moment d’entrer dans le grand salon pour retrouver sa descendance ?

« Sa main posée sur le pommeau d’ivoire d’une canne, la fête de son quatre-vingtième anniversaire remplissait l’adorable vieille dame d’agacement et de mélancolie. Elle restait romantique, impertinente et savait que sa beauté pouvait encore inspirer un peintre mais… pas un amant ! »

L’auteur nous conduit dans les souvenirs de cette aristocratique lady qui pense souvent en français. Il nous dévoile à travers les confidences de la vieille dame à un admirateur poète, quelle fut l’enfance, l’adolescence et la vie d’une gamine dont la beauté et l’intelligence lui feront traverser la vie vers un destin auquel sa naissance ne la prédestinait nullement.

Romantique, cette femme éprise d’un libertin, réactionnaire, anarchiste cambrioleur, « l’ange noir », réussira à maîtriser sa passion et paiera sa liberté et son rang au prix de cet amour. Le moyen ne nous est livré qu’en dernier ressort comme dans un bon roman policier.
L’écriture est agréable, des références historiques, des pointes d’humour telles qu’on les attend d’une lady de cette trempe pour un récit qui s’inspire d’un fait authentique mais reste une histoire romancée.

Une agréable lecture pour un moment de détente.

Lady L, par Romain Gary, ed. Gallimard (Folio).

Colette P., lectrice.

Vous aimez vous aussi Romain Gary, alias Emile Ajar?
Vous avez lu d'autres livres de cet auteur?
Vous avez envie d'en discuter avec d'autres lecteurs?
Rejoignez-nous le mercredi 18 novembre à 20 heures à la bibliothèque pour la réunion du Club Lisane, qui rassemble quelques passionné(e)s de littérature.
Chaque mois, un auteur est choisi (et donc ce mois-ci, c'est Romain Gary, vous l'avez deviné :-), dont chacun lit un ou plusieurs ouvrages pour en débattre le mois suivant. Nous avons ainsi déjà exploré l'univers de Isabel Allende, Amin Maalouf, Stefan Zweig... et partagé quelques coups de coeur!
Vous avez envie de nous rejoindre? Bienvenue!
Et si vous souhaitez plus de renseignements, un seul n°de tel : 02/348.65.29.

Isabelle P.

dimanche 8 novembre 2009

Pousser les murs?



Pousser les murs, impossible? Eh bien, on l'a fait!
Grâce aux services communaux (un grand merci à eux!), à la section Jeunesse, un nouvel espace a été dégagé, qui accueille désormais les plus petits et les albums qui leur sont destinés. Un agrandissement plus que bienvenu, certains après-midis, on se marchait un peu sur les pieds! :-)
Il fait bon se raconter des histoires sur le tapis et dans les fauteuils douillets, les enfants de maternelle de l'école du Val Fleuri l'ont expérimenté avec plaisir!
Et, nec plus ultra, on peut même jouer à la grenouille sur les petits nénuphars!

Isabelle P.

mercredi 4 novembre 2009

Le langage de Tabucchi


« Le temps vieillit vite » est un recueil de neuf nouvelles sur la vieillesse par un des plus grands écrivains italiens contemporains. Comme pour la plupart des livres de Tabucchi, il n’y a pas grand chose de plus à dire, si ce n’est que c’est une fois de plus une œuvre littéraire très travaillée mais aussi très agréable à lire. On dirait que rien ne fait peur à Tabucchi : s’il décide d’écrire un livre en portugais, il le fait ; s’il veut s’amuser à écrire un policier (pourquoi pas ?), non seulement il le fait, mais en plus en sortant complètement des sentiers battus.

Mais bon, juste pour vous faire une petite idée, il y a parmi ces nouvelles un petit chef-d’œuvre d’humour et de tendresse lorsque l’écrivain fait se rencontrer un vieillard malade et une petite fille très loin d’être naïve. Entre eux commence dès lors un dialogue existentiel très touchant qui finira par un petit cours de lecture de l’avenir en observant la forme des nuages absolument merveilleux.

Un livre sur les souvenirs, la mémoire, le temps mais également sur l’histoire du 20ème siècle qui semble avoir abandonné sa propre identité et s’être débarrassé de ses responsabilités en laissant le 21ème siècle se débrouiller comme il le peut .

Antonio Tabucchi est un écrivain poétique, tous ses livres sont extrêmement précieux et méticuleux. Il aime le langage et les mots et pour rien au monde ne les trahirait. Il est assez simple de choisir un livre de Tabucchi, choisissez-en un au hasard, et le tour est joué ; vous pouvez être certain que chaque virgule sera justifiée.

Le temps vieillit vite, par Antonio Tabucchi, ed. Gallimard, 2009, 181 p.

Pierre C.

mercredi 28 octobre 2009

Le dos au mur


Nous sommes en 2020. Un mur trace une frontière entre le Mexique et les Etats-Unis pour empêcher l'immigration clandestine massive.
Un "jeu" télévisé est organisé : chaque mois, deux cents Mexicains peuvent entrer aux Etats-Unis, ils ont deux heures d'avance sur la police. Au bout de ce temps, la police prend en chasse les immigrés clandestins. Le dernier à être arrêté gagne une maison, un visa américain et de quoi démarrer une nouvelle vie.
Diego Ortega décide de participer à ce jeu pour éponger les dettes de son père débiteur de la mafia.
Avec Pablo, qu'il a rencontré peu avant de passer le mur, Diego entame sa fuite. Il rencontre une jeune punkette et est aussi confronté à un serial killer. Cette course-poursuite tient le lecteur en haleine avec beaucoup d'efficacité, et se déroule de manière très "cinématographique". Mais au-delà de l'aspect thriller de ce roman, il y a aussi les réflexions qu'il propose sur quelques aspects de notre société qui prêtent à débat : les politiques de l'immigration et leurs dérives, la télé-réalité et ses enjeux...
A l'heure où l'on s'apprête à célébrer avec éclat les 20 ans de la chute du mur de Berlin, "Dos au mur" rappelle qu'il en existe d'autres, aussi inacceptables...

Le dos au mur, de Christophe Lambert, ed. Intervista (15-20), 2008, 248p.

Isabelle P.

samedi 24 octobre 2009

Lu et approuvé!

C'est là le titre de la nouvelle (et luxueuse!) publication du Centre de Littérature de Jeunesse de Bruxelles (pour faire court, on dit CLJBxl :-)).
Elle contient tout d'abord une belle sélection des livres parus en 2007 et 2008, en plusieurs tranches d'âge : albums 0-3 ans, albums 5-8 ans, albums 8-10 ans, albums plus de 10 ans, romans 10-12 ans, romans 12-14 ans et romans plus de 14 ans.
Il y a aussi des articles de fond sur l'illustration belge, la fantasy, la poésie pour les tout-petits, ou le pop-up et les livres animés.
Beaucoup d'informations donc, et surtout 200 livres qui valent le détour, à découvrir!
Où? A la bibliothèque, bien sûr! :-)
La sélection vous y attend, ainsi que tous (ou presque :-)) les livres dont on y parle!
A bientôt!

Isabelle P.

mercredi 21 octobre 2009

Chaos shanghaien


Deux sœurs (Mei Mei et Jie Jie) et un acteur passent leur temps à traîner dans des soirées déprimantes d’un Shanghai complètement désabusé. Voilà en gros le thème du dernier livre de la sulfureuse chinoise Mian Mian. Pour eux, il n’y a que 3 choses qui comptent : l’amour, le sexe et ce qu’ils peuvent bien en faire dans leur Shanghai natal.

Ce livre est étrangement écrit, c’est un roman mais il se lit plutôt comme une pièce de théâtre. Ce sont des dialogues présentés comme dans une pièce :

Mei Mei : Tu as vu, là ? On dirait un lieu de rupture.
L’acteur : Qu’est-ce que tu veux dire ?

Et les dialogues sont très loin d’être hilarants. Il plane sur ce livre un nuage épais de spleen, de mélancolie et de désespoir. Pour Mian Mian, l’amour semble exister mais sous une forme très désabusée. Un peu trop peut-être. Ces dialogues pris hors contexte paraîtraient complètement ridicules, la seule chose qui les sauve est cette ambiance grave qui nous oblige à considérer ses convictions sous un angle plus sérieux.

Mian Mian fait partie de ces jeunes écrivains qui ont suivi le chemin sans espoir ouvert par Michel Houellebecq vers le milieu des années 90, comme Frédéric Beigbeder ou Virginie Despentes. Un genre littéraire désespéré où se mêlent drogues, sexe, amours impossibles et renoncement total.

Panda sex, par Mian Mian, ed. Au diable vauvert, 2009, 183 p.

Pierre C.

lundi 12 octobre 2009

Le mec de la tombe d'à côté




Le gros cœur sur la couverture annonce la couleur, c’est d’amour que l’on va parler dans ce roman qui nous vient de Suède.
Désirée, bibliothécaire, citadine BCBG limite coincée, vient régulièrement se recueillir sur la tombe de son mari trop tôt disparu, d’un stupide accident de vélo.
Elle est souvent dérangée dans ses méditations par un homme qui jardine sur la tombe d’à côté , un monument monstrueusement tape-à-l’œil et vulgaire à son avis.
Benny vient y parler à sa mère qui en mourant l’a laissé seul à la ferme pour s’occuper de tout. Les vaches, la maison, les cultures… le pauvre s’épuise toute la semaine, et voilà qu’il ne peut même plus être tranquille au cimetière, avec cette fille qui le regarde d’un air hautain…
Chacun à son tour, chapitre après chapitre, les deux protagonistes parlent de leur vie, et au passage lâchent l'une ou l'autre vacherie sur leur voisin de cimetière, décidément exaspérant.
Jusqu’au jour où Désirée et Benny, presque par inadvertance, se sourient. Coup de foudre inattendu, passion éblouissante… et choc des cultures tout aussi éclatant !
Désirée en effet n’a aucun atome crochu avec les vaches laitières et Benny n’a ni le temps ni l’envie de s’adonner à la culture avec un grand C. Alors ?…
J’ai beaucoup aimé ces personnages attachants, et le style de l’auteur, qui manie l’humour ironique et tendre à la fois avec virtuosité.
Une belle découverte !

Isabelle P.

Le mec de la tombe d'à côté, par Katarina Mazetti, ed. Actes Sud (Babel), 2009, 253 p.

lundi 5 octobre 2009

Deux pouces et demi...


« L’homme pénètre dans l’allée, une valise dans chaque main. Après deux mois d’absence, le voilà qui revient chez lui, dans sa maison de l’avenue De Fré, à Bruxelles. Sur la façade, en grandes lettres de fer, une date est inscrite : 1570. C’est un monument classé, cette maison, ni plus ni moins. Autrefois taverne, relais de poste et Dieu sait quoi encore, elle a abrité des générations de Bruxellois plus ou moins fortunés. Trente-huit personnes sont mortes derrière ses gros murs de brique ; quarante-huit y ont vu le jour …. »
Je n’ai pu résister à la tentation de retranscrire le premier paragraphe du nouveau roman de Thomas Lavachery, l’auteur déjà bien connu par sa série « Bjorn le morphir » paru à l’Ecole des loisirs.
Ce n’est pas tous les jours en effet qu’un roman a pour cadre notre quartier !
Cette maison, que tous les Ucclois ont reconnue, j’en suis sûre, Thomas Lavachery l’imagine habitée au 18ème siècle par Emmanuel Denef, peintre honorablement connu mais souffrant à ce point de solitude qu’il fait appel à l’alchimie pour se créer un fils, Gilles, haut de deux pouces et demie (soit environ sept centimètres).
C’est là le point de départ d’une histoire pleine d’imagination, que nous raconte l’auteur avec beaucoup de panache. Le livre terminé, on n’a qu’une envie, scruter les lames du parquet pour voir si notre maison n’abrite pas, elle aussi, un homuncule âgé de 300 ans !

2 pouces et demi, par Thomas Lavachery, ed. Bayard (Millezime), 2009, 173p.

Isabelle P.

samedi 26 septembre 2009

Bashung rêve encore


« Alain Bashung : monsieur rêve encore, biographie et entretiens » est une excellente biographie d’artiste, elle ne dévoile rien de la vie intime de l’auteur (à part le fait qu’il a eu un enfant, je n’ai rien appris de plus) mais par contre en ce qui concerne son travail musical, là, on est servi. Grâce à tous ces propos recueillis par l’excellent Patrick Amine, on comprend comment cet ovni de la « chanson » française a pu tenir le coup durant toutes ces années. Et bien c’est plutôt simple, il a tout simplement eu le génie de s’entourer des personnes qu’il fallait et pas une de plus. Des artistes, musiciens, paroliers comme Serge Gainsbourg, Boris Bergman, Gérard Manset, Jean Fauque, Armand Méliès ou le tout petit dernier Gaëtan Roussel n’ont eu cesse de lui offrir le meilleur de ce qu’ils avaient, ces artistes donnaient sans compter, juste pour grandir l’œuvre du plus impressionnant rocker de la chanson française. Certains expliquent qu’ils lui amenaient des dizaines de textes, et qu’il n’en gardait que quelques phrases, mais quel bonheur pour eux de les entendre psalmodiées par ce chanteur hors pair. Leurs quelques mots prenaient immédiatement la direction d’un ciel inconnu et magnifique.

Outre ces diverses entrevues avec ses nombreux collaborateurs, Amine nous offre également une très longue discussion qu’il a eue avec le chanteur quelques années auparavant, dans laquelle on reconnaît un artiste soucieux qui ne prenait pas la chanson française pour une farce et qui a réussi à l’élever vers les plus hauts sommets.

Patrick Amine a ajouté un petit chapitre à son livre suite à la mort prématurée du chanteur le 14 mars 2009, mais sans en remettre une couche ; il a su, comme Bashung, rester respectueux jusqu’au bout.

Alain Bashung : monsieur rêve encore, biographie et entretiens par Patrick Amine, Denoêl, 2009, 214 p.

Pierre C.

dimanche 20 septembre 2009

Tu ne jugeras point


Un jour comme les autres, dans une banlieue populaire de Liège. Denise Desantis fait quelques courses, accompagnée de deux de ses enfants, Antoine, 4ans, qui trottine à côté d'elle, et le petit dernier, David, 13 mois. Devant une boutique du quartier, elle laisse la poussette dans laquelle dort le bébé, et entre dans le magasin. Lorsqu'elle en sort, cinq minutes plus tard, la poussette est vide, le petit David a disparu, et personne n'a rien vu.
L'affaire Dutroux est dans toutes les mémoires, et "l'affaire Desantis" fait très vite la une des médias. On s'intéresse aux parents, on traque leur douleur, on interroge les témoins, trop heureux de donner leur version des faits, même et surtout quand ils ne savent rien.
C'est le juge Conrad qui mène l'enquête. Austère, minutieux, il sent très vite que le personnage-clé de cette affaire, c'est Denise, la mère exemplaire, humble et forte à la fois, Denise qui a réponse à toutes les questions qu'on lui pose, à tel point que cela en devient troublant...
Dans ses interviews, Armel Job se dit "raconteur d'histoires". Ce qui le fascine, avoue-t-il, c'est le spectacle de la vie, la vie qui est la matière même de ses romans. Les personnages qu'il décrit sont complexes, ils sont comme vous et moi, empêtrés dans leurs faiblesses, leurs contradictions et leur histoire.
Et nous, lecteurs captifs, suivons l'auteur où il nous mène avec un sens du suspense qui ne se dément pas jusqu'à la dernière page. A chaque chapitre une surprise, un fait nouveau ou même une réflexion d'un des protagonistes pousse le lecteur à s'interroger davantage ou le lance sur une autre piste.
Le point final posé, le mystère résolu,Armel Job nous laisse pourtant dans l'esprit quelques interrogations sur la justice, l'innocence et la culpabilité, auxquelles chacun répondra comme bon lui semble. Mais n'est ce pas là le propre d'un bon livre que de donner au lecteur matière à réflexion?

Tu ne jugeras point, par Armel Job, ed. Robert Laffont, 2009, 285p.

Isabelle P.

jeudi 17 septembre 2009

A l'Heure du Conte, nous avons raconté...



... des histoires, bien sûr!

Pourquoi les libellules ont le corps si long? La réponse à cette question dans un conte qui nous vient du Congo : tout a commencé parce que le coq du village a chanté au milieu de la nuit. Ou n'est-ce pas plutôt parce que la grenouille a coassé sans raison? Mais que vient faire ce serpent dans l'histoire?...

Le p'tit bonhomme des bois se promène, "il suit le chemin et ses pensées, le chemin des idées et le sentier de la forêt". Mais gare aux affamés qui le regardent passer : le blaireau, le renard, le loup feraient bien leur ordinaire de ce p'tit bonhomme-là!

La cerise génante de Monsieur Jean suscite bien des convoitises! Certaines clairement affichées comme celle de deux corbeaux bravant l'épouvantail et le fusil du jardinier, et d'autres plus inattendues... attention Monsieur Jean, le ver est dans le fruit!

Colin Coton, c'est le p'tit dernier de la famille Souris. Maman a toujours peur qu'il ne se fasse mal. C'est qu'il peut arriver tant de choses, n'est ce pas, aux petits souriceaux? Mais Colin, lui, a bien envie qu'il lui arrive des choses, et tant pis s'il se fait mal, c'est la vie!

Quatre histoires, quatre ambiances, un bon moment partagé...
Vous n'étiez pas avec nous? Rejoignez-nous la prochaine fois, le mercredi 7 octobre à 15 heures. Parents, nounous, mamies... bienvenus! :-)


Pourquoi les libellules ont le corps si long?, par Stephane Sénégas, ed. Kaleidoscope, 2002.

Le p'tit bonhomme des bois, par Pierre Delye, ill. par Martine Bourre, ed. Didier Jeunesse,2003.

La cerise géante de Monsieur Jean, par Patrick Tillard, ill. par Barroux, Alice éditions, 2004.

Colin Coton, par Jeanne Willis, ill. par Tony Ross, ed. Seuil jeunesse, 2007.

Isabelle P.

mercredi 16 septembre 2009

Les aléas de la surdité


Desmond Bates, professeur de linguistique fraîchement retraité, compte bien profiter de sa nouvelle vie, mais malheureusement, le pauvre est atteint de surdité. Il est clair que David Lodge ne va pas se gêner pour rendre la vie de Desmond impossible. L’ancien professeur fait semblant de comprendre tout ce qu’on lui raconte même s’il n’entend plus grand chose et c’est ce qui va l’amener à prendre rendez-vous avec une jeune et séduisante américaine qu’il ne connaît ni d’Eve ni d’Adam. La jeune étudiante le tient dans ses filets et ne le lâchera plus jamais.

Le roman est bien sûr comique, le sujet s’y prête, mais le réel intérêt de l’histoire est la relation entre Desmond, homme vieillissant, et son père (homme d’une autre époque qui n’en fait qu’à sa tête). L’humour de « La vie en sourdine » est bien plus pittoresque lorsque le fils et le père se rencontrent que lorsque Desmond essaie de se tirer d’une nouvelle mauvaise affaire. Leur relation est à la fois remplie d’incompréhensions, de coups de gueule mais surtout d’une tendresse et d’un respect extrêmes. Comédie et tendresse se rejoignent constamment dans ce roman sans aucune prétention, « La vie en sourdine » est un agréable moment à passer aux côtés de ces deux énergumènes.

La vie en sourdine par David Lodge, Rivages, 2008, 413 p.

Pierre C.

Jeudis lire

Qu'est ce qui décide de l'écriture d'un nouveau roman? Pourquoi écrire? Qu'est ce qu'un écrivain belge? Pour répondre à ces questions et à beaucoup d'autres, les Jeudis Lire vous donnent rendez-vous un jeudi par mois entre 12 h 30 et 13 h 30 au Palais des Beaux-Arts, pour une présentation d'écrivains belges tels que Jean-Philippe Toussaint, Vincent Engel ou Pierre Mertens.
Ce jeudi 24 septembre, c'est la rentrée pour Rony Demaeseneer qui anime ces échanges, avec une séance intitulée "Aux frontières de la langue", avec Jacques Rebotier, André Stas et Jean-Pierre Verheggen. Ames tristes s'abstenir, dit le programme!
Détail qui a son importance en ces temps de crise : c'est gratuit!:-)
Alors laissez-vous tenter, et venez nous raconter!

L'adresse : Palais des Beaux Arts, 23 rue Ravenstein, 1000 Bruxelles
Informations : 02/413.23.21
www.promotiondeslettres.cfwb.be
Une co-production du service de la promotion des lettres, du Rideau de Bruxelles et de Bozar littérature.

Isabelle P.

lundi 14 septembre 2009

Prix Ado-lisant, suite...


Voici donc encore un des six livres de la sélection du prix Ado-lisant, que nous vous présentons au compte-gouttes, histoire de ne pas manquer une occasion d'inviter les ados à y participer :-)! Rappelons aussi l'existence du prix Farniente, sur le même principe (lire les livres de la sélection et voter), et dont nous aurons encore l'occasion de parler, puisqu'il propose, lui, 12 livres en lecture !

Sur la couverture de "Gadgi!", dont j'ai choisi de vous parler aujourd'hui, le sourire de Katarina accueille le lecteur et l'invite à entrer dans son univers, celui d'un campement rom, à la lisière d'un village roumain.
Vie en marge, vie incertaine; les hommes vivent de musique, les femmes dansent et assurent le quotidien, les enfants poussent, entourés d'amour, libres et débraillés.
Au milieu d'eux, Katarina rêve de livres et d'école. Ce rêve surprend, déconcerte les siens. "Nous, on n'est pas doués pour les livres, mais tout est là et là" lui répète sa mère en se frappant la tête et le coeur.
Mais Katarina s'obstine, avec l'aide de la vieille Ssuzsa. Portée par les circonstances de la vie, elle débarque à Paris, chez une cousine, bien décidée à apprendre mais aussi, envers et contre tout, à rester elle-même...
Musicale, rythmée, pleine d'images, l'écriture de Lucie Land donne vie à ces personnages hors du commun, pleins de violence et de tendresse à la fois. Une très belle découverte!

Gadgi! par Lucie Land, ed. Sarbacane (Exprim), 2008, 208p.

Renseignements : www.adolisant.be

Isabelle P.

jeudi 10 septembre 2009

Une vraie maman, c'est quoi?


Deuxième mercredi de septembre, et déjà l'après-midi des mamans ressemble à une course d'endurance! Et que l'on ne nous accuse pas de sexisme, nous avons vu hier à la bibliothèque une infinité de mamans et ... deux papas!
Alors nous dédions à ces vaillantes coureuses de fond cet album dans lequel toutes se retrouveront peu ou prou.
La Vraie Maman en effet, nous dit le petit héros, a une chance extraordinaire : elle a dix-huit paires de bras et de jambes. Du coup, tout est plus facile pour elle, n'est ce pas? :-)
Et même si la Vraie Maman est parfois de mauvaise humeur ou super en retard, on lui pardonne parce qu'elle fait les bisous comme personne!
Un livre à la fois tendre et rigolo, parfait pour le câlin du soir!:-)

Une vraie maman,par René Guichoux et Thomas Baas, ed. Albin Michel jeunesse (collection Zephyr), 2008.

Isabelle P.

lundi 7 septembre 2009

La Vague


« Cela commence par un jeu et finit en dictature » : le sous-titre de ce livre en annonce bien le contenu. Il relate en effet l’expérience menée, et trop bien réussie, par un professeur d’histoire en 1969, dans un lycée américain.
Voulant expliquer à ses élèves comment les Allemands ont pu suivre Hitler et laisser commettre les atrocités que l’on sait, Ben Ross crée le mouvement « la Vague ». Ses slogans : « la Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l’Action ». En quelques semaines, le mouvement fait tache d’huile, les élèves, avec une soumission effarante, abandonnent tout sens critique. Des méthodes totalitaires « pour le bien de tous » se mettent en place, sans que quiconque ou presque ne s’y oppose…
Plus que pour ses qualités littéraires (le style en est assez quelconque), on appréciera ce livre pour sa valeur de témoignage et d'avertissement.
L’Histoire peut être un éternel recommencement si l’on n’y prend pas garde. Lutter contre toute forme de manipulation et d’enrôlement est une urgence pour nos sociétés démocratiques.
Ce livre fait partie de la sélection du prix Farniente 2010, catégorie 2 baskets.

Isabelle P.

La vague, par Todd Strasser, ed. Pocket, 2008, 222p.

dimanche 30 août 2009

Les adieux à la reine


Coincidence, pendant que mon collègue, avec Jean-Luc Benoziglio, se penchait sur le sort supposé de Louis XVI, je lisais cette chronique des derniers jours de Versailles par Chantal Thomas, prix Femina 2002.
Le lecteur y suit Agathe-Sidonie, qui entre en I778 au château de Versailles comme lectrice adjointe de la reine Marie-Antoinette. Eblouissement, effarement : Versailles est le modèle vers lequel toutes les cours ont le regard tourné, on y fait et défait les fortunes d'un regard ou d'un mot.
Derrière les dorures pourtant, il y a aussi les fièvres et la puanteur, et toute la gamme de sentiments peu reluisants qui animent la foule des courtisans avides d'une illusoire reconnaissance."La vie là-bas ne ressemblait à rien d'autre", obéissant à un cérémonial strictement codifié qui s'effondrera pourtant, en moins d'une semaine dans l'odeur de la peur et du sang,en juillet 1789. En 1810, Agathe-Sidonie, exilée à Vienne, entreprend de raconter ces heures où s'est dissous un monde qui paraissait immuable, ces heures où comme tant d'autres, portée par des événements qu'elle ne contrôlait pas, elle a "déserté", ce qu'elle ne se pardonnera jamais. D'abord chroniqueuse d'une vie quotidienne fastueuse, la narratrice quitte peu à peu le registre léger pour l'angoisse et les interrogations sur le bien-fondé d'un monde basé sur le faux-semblant et l'injustice.
Au fil des pages se dessinent des portraits finement analysés, de personnages réels ou fictifs, témoins de près ou de loin de cette fin d'un monde. L'écriture n'est pas le moindre attrait de ce roman attachant, une écriture à l'image de cette époque,qui cultivait comme un art de vivre celui de la conversation.

Les adieux à la reine, par Chantal Thomas, ed. Seuil, 2002.

Isabelle P

mardi 25 août 2009

Benozigliogismes


Ah, quel bonheur de retrouver l’écriture à la fois si folle et adroite de Jean-Luc Benoziglio !
Et cette fois-ci, il nous offre un étrange petit roman historique (pourquoi pas ?). Cet écrivain est un des seuls à pouvoir écrire un roman sur la confection d’un bottin de téléphones en Ouganda sans que plus personne ne s’étonne. Mais, soyez rassuré, ce n’est pas pour cette fois-ci.

Dans « Louis Capet, suite et fin » Benoziglio nous parle des dernières années de Louis XVI qui, après avoir été éjecté du trône, se retrouve relégué dans une petite bourgade suisse : « Saint-Saphorien » ; tous les autres pays, sans exception, n’ayant voulu de lui. Et c’est un Louis XVI bourru et quelque peu perdu, que nous décrit à sa manière unique le grand Benoziglio. Louis XVI est un homme qui ne comprend plus rien à ce qui se passe autour de lui, qui ne comprend rien à ce que lui racontent les quelques visiteurs qui viennent encore chez « lui » ; mais a-t-il déjà vraiment compris quelque chose ou quelqu’un ?

Benoziglio est un écrivain qui s’est créé depuis longtemps son propre style, un style unique et reconnaissable à la lecture des premières lignes de ses romans. Chose plutôt rare. Et être capable d’allier une maîtrise parfaite du français à un humour si personnel est quelque chose de réellement précieux.

Pierre C.

P.S. : Désolé pour le néologisme du titre mais, malheureusement, tout le monde n’a pas le talent de l’auteur.

Louis Capet, suite et fin, par Jean-Luc Benoziglio, ed du Seuil, 2005, 181 p.

lundi 24 août 2009

Le livre du temps


En enquêtant sur la disparition soudaine de son père, Sam découvre une pierre extraordinaire qui, activée par des pièces trouées permet de voyager dans le temps.
Attaque viking, animaux préhistoriques, éruption du Vésuve... les périls qui l'attendent à chaque voyage sont nombreux et toujours inattendus, car il ne maîtrise pas le choix de l'époque dans laquelle il débarque. Pour cela, il lui faudrait réunir sept pièces et un cercle d'or.
Muni de ce viatique, il pourrait enfin sauver son père, bloqué dans le passé, prisonnier des geôles de Vlad l'Empaleur (le personnage peu recommandable qui servit de modèle à Dracula!).
Aventure et mystère sont les maîtres-mots de cette trilogie captivante.
Alors n'hésitez pas, offrez-vous ces voyages virtuels, vite vite vite avant la rentrée! Les trois volumes vous attendent, sur les rayons de la bibliothèque!

Le livre du temps : 1 : la pierre sculptée; 2 : les sept pièces; 3 : le cercle d'or, par Guillaume Prevost, ed. Gallimard, 2008

Isabelle P.

jeudi 20 août 2009

Dodo, l'enfant do...



Voici deux albums très réussis pour tout-petits, dont le thème est le sommeil. Sommeil que l'on cherche, ou dans lequel on est si bien, même au milieu des pires cacophonies!
Pour m'endormir j'éteins mes yeux dit une petite souris à grandes oreilles. Et puis j'écoute pour entendre le sommeil arriver. Mais le sommeil semble avoir à faire ailleurs...
L'illustration est tendre et rigolote et le texte bien rythmé est gai à lire (et à relire, parents, vous n'y échapperez pas :-))
En gros carton pour les petites mains.

Changement radical d'ambiance avec Brooklyn Baby. Au coeur de New-York, un bébé dort dans sa poussette, sourd à tous les bruits de la ville. Et pourtant, il y a de quoi se réveiller : 10 klaxons tonitruent, 9 portables sonnent, 8 chiens aboient, 7 poubelles s'entrechoquent...
Ce très bel album à compter et à observer est mis en scène de façon magistrale par Carll Cneut, un talentueux dessinateur gantois. Les pages sont pleines de couleurs, d'objets et de personnages mis en page de manière aussi cacophonique que les bruits qu'ils illustrent!

Pour m'endormir, j'éteins mes yeux, par Bruno Coppens et Pascal Lemaître, ecole des loisirs, 2009.
Brooklyn Baby, par Marylin Singer et Carll Cneut, ed. La Joie de lire, 2009

Isabelle P.

lundi 17 août 2009

La terre est ronde, on le sait, mais...


on ne l'a pas toujours imaginée comme cela! Il en a fallu, à l'homme, de réflexions, d'observations et d'erreurs pour arriver à cette vision du monde que nous considérons aujourd'hui comme conforme à la réalité! Et avant, comment l'imaginait-on, cette terre?
C'est la question posée par l'auteur de ce fantastique album qui recense à travers le monde et le temps les mythes et légendes par lesquels les hommes expliquent la forme de la planète et ses mouvements.
Cela donne une sorte d'anthologie à la fois délicieusement poétique et très documentée où la terre est une assiette portée par des taureaux bleus, un serpent qui se mord la queue, un ballon rempli d'air ou encore un bol renversé ou une perle dorée. Les larmes des déesses y font naître les fleuves et les dragons verts y crachent les nuages...
Un beau voyage, plein de surprises, rendu plus beau encore par une illustration et une mise en page très inventives.
Vous trouverez ce livre à la bibliothèque bien sûr :-), au centre de documentation Jeunesse au 2ème étage.
Vous pouvez également trouver un complément d'information sur le site que l'auteur du livre vous invite à consulter : www.cosmologik.wordpress.com


Le livre des terres imaginées, par Guillaume Duprat, ed. Seuil, 2008, 61 p.

Isabelle P.

mardi 11 août 2009

Un évêque contre dix vierges


En 1945, l’évêque d'Agrigente ressemble plus à un syndicaliste qu’à un réel protecteur religieux. Il vit sa vie de révolutionnaire tranquillement jusqu’à ce qu’il se fasse tirer dessus et qu’il échappe de peu à la mort. Pendant sa lutte pour la vie, la mère supérieure décide d’offrir en sacrifice les dix plus jeunes sœurs du couvent. Fait incroyable (ou coïncidence totale ?) , après ces sacrifices monstrueux, l’évêque se remet complètement de ses blessures.

Camilleri lorsqu’il n’est pas occupé à raconter la vie trépidante du fameux inspecteur Montalbano, s’amuse à relire l’histoire. On a déjà pu se faire une idée de sa passion pour l’histoire revisitée dans « La couleur du soleil » où il retrouve un manuscrit du Caravage dans lequel le grand peintre n’apparaît pas sous la meilleure lumière qui soit.

Dans « Le pasteur et ses ouailles », Camilleri nous décrit avec sa plume truculente une galerie de personnages plus hors siècle les uns que les autres : un moine excentrique, des saints et des aristocrates, ainsi qu’une sœur qui est prête à tout (même au plus improbable) pour sauver celui qui, pour elle, représente le divin sur terre.

Camilleri, dans cette fable, tente de ridiculiser quelque peu le fanatisme religieux, qui est prêt à se créer sa propre logique pour expliquer l’inexplicable. La mère supérieure tentera tout pour justifier son acte, elle ira même jusqu’à interpréter à sa façon quelques passages bibliques afin de se donner bonne conscience.

Livre intéressant, même s’il manque cruellement de fluidité. La façon qu’a l’auteur de découper le récit est quelque peu trop incisive que pour faire de ce roman un livre agréable à lire (ce qui est pourtant l’atout majeur de cet écrivain sicilien très populaire).

Le pasteur et ses ouailles, par Andrea Camilleri, ed. Fayard, 2009, 140 p.

par Pierre C.

lundi 10 août 2009

Une petite pause à midi?

Envie de manger votre sandwich en passant un bon moment? De faire une pause dans votre journée de travail, pauvres de vous qui n'êtes pas (ou plus) en vacances? Envie de pique-niquer au parc avec vos enfants?
Les Midis Contés vous attendent tous les jeudis entre 12 heures 45 et 13 heures 30, jusqu'au 24 septembre !
Trois lieux de rendez-vous : sous le kiosque du parc royal à Bruxelles; dans le jardin de la bibliothèque d'Anderlecht; sur la pelouse du jardin de l'abbaye de la Cambre, à côté de l'église. Toute une équipe de conteurs et conteuses s'y relaie, pour un moment d'évasion pour tous, grands et petits réunis.
Et comme on ne parle bien que de ce que l'on connaît, j'ai été tester la chose pour vous (Chouette, le métier de bibliothécaire, non? :-) ) et ce fut un moment de pur plaisir que d'écouter Julie Boitte et ses histoires. Allez-y jeudi prochain, vous ne le regretterez pas!

Programme complet sur www.conteursenbalade.be

Isabelle P.

mardi 7 juillet 2009

Prix adolisant : Ceux qui sauront


Voici, paru chez Flammarion, le premier roman d'une nouvelle collection baptisée "Ukronie".
L'uchronie, c'est une tendance de la science-fiction qui consiste à imaginer ce qui se serait passé si un événement important n'avait pas eu lieu, changeant ainsi le déroulement de l'Histoire.
Ici, Pierre Bordage imagine que la révolution française n'a été qu'une révolte écrasée dans le sang. Versailles est toujours la capitale du royaume, et le fossé entre riches et pauvres est aussi grand qu'au temps de Louis XIV. De plus, comme l'école n'est jamais devenue obligatoire, elle est réservée à l'élite et accentue encore l'oppression des uns sur les autres.
Bien sûr, tous les "cous noirs" ne plient pas l'échine sans résistance, et un vaste mouvement d'écoles clandestines s'est mis en place, non sans risques, évidemment.
Jean, fils d'un résistant, et Clara, fille d'aristocrates fuyant un mariage dont elle ne veut pas vont en faire la dure expérience...
Un message on ne peut plus clair sur les dangers d'une dictature et sur les bienfaits de l'éducation et du savoir pour prendre sa vie en main!
Ce roman fait partie de la sélection du prix Ado-lisant 2010, qui s'adresse aux adolescents entre 13 et 16 ans, et est organisé à l'initiative des bibliothèques de Woluwé-St-Pierre.
Pour en savoir plus : www.adolisant.be

Ceux qui sauront, par Pierre Bordage, ed. Flammarion (Ukronie), 2008, 345p.

Isabelle P.

samedi 4 juillet 2009

Sport extrême!

En Allemagne il existe, paraît-il, un championnat de course en ... chaise de bureau!
Casque et protections aux endroits stratégiques, les deux mains agrippées aux accoudoirs pour tenter de diriger l'engin, les participants se mesurent dans une rue en pente, évidemment :-)
Et donc cet été, si vous croisez rue du Doyenné à Uccle des fauteuils de bureau vagabonds, ne vous étonnez pas; les bibliothécaires auront peut-être eux aussi eu envie d'éprouver l'ivresse du risque! :-)
Mais à part cet intermède sportif, nous resterons fidèles au poste, et la bibliothèque et son jardin ouverts à vos envies de lecture et de farniente.
Bon été à toutes et à tous!

Info pêchée dans la revue Okapi (ed. Bayard) n°872, p.9 : disponible à la section Jeunesse

Isabelle P.

jeudi 2 juillet 2009

Guadalquivir


Frédéric, 16 ans, plein de rage contre la vie qui ne lui a pas fait de cadeau, fait partie de la Meute. Il est alors "Croco", un surnom sous lequel il se défoule avec sa bande, semant les délits derrière lui. Pas d'espoir à l'horizon, et la prison au bout du chemin...
Sauf que Pepita, sa grand-mère, s'enfuit sur un coup de tête de l'hopital où elle s'enfonce dans la maladie d'Alzheimer, pour rejoindre l'Espagne et ses racines, là où le Guadalquivir se jette dans la mer.
Frédéric la suit dans cet improbable voyage, à travers l'Andalousie, sur les traces de ses origines et de lui-même.
La citation d'Antonio Machado, en exergue de ce superbe roman en traduit bien le contenu :
"Voyageur, le chemin
C'est les traces de tes pas
c'est tout; voyageur
il n'y a pas de chemin,
le chemin se fait en marchant."
Un road-movie particulièrement émouvant, à découvrir!

Guadalquivir, par Stephane Servant, ed. Gallimard (Scripto), 2009, 197p.

Isabelle P.

vendredi 26 juin 2009

L'anneau du prince


Voici un roman tellement passionnant que, plongée dans l'histoire, j'en ai raté mon arrêt de tram, c'est tout dire! :-)
"L'anneau du prince" est une vraie histoire de pirates, foisonnant de personnages et d'événements. Nous sommes en 1639, dans une petite île des Caraïbes. Tom Collins, 14 ans, plonge nuit après nuit dans la mer pour tenter de récupérer l'or des bateaux coulés au large des côtes. Un soir, une sorcière diseuse d'avenir lui prédit un terrible destin, plein de bruit et de fureur, d'odeur de sang et de doigts coupés.
Une nuit, l'adolescent pêche non un trésor, mais un naufragé , qui lui raconte une histoire de prince et de récompense bien alléchante. Balivernes? Histoires à dormir debout? C'est en tout cas le début d'une incroyable épopée qui mènera Tom d'un galion à un naufrage, d'une plantation de canne à sucre à un bateau pirate dont le sanguinaire capitaine est gouverné par les humeurs de sa dent pourrie...
Impossible de raconter en leur rendant vraiment justice les 536 pages de cette aventure extraordinaire; un seul conseil : plongez-vous sans attendre dans "l'anneau du prince", vous en sortirez certainement décoiffés par l'air du large, mais l'expérience en vaut la peine!

L'anneau du prince, par Bjarne Reuter, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 2009, 536 p.

Isabelle P.

P.S. : Parents, n'hésitez pas, piquez ce livre à vos enfants! :-)

mercredi 24 juin 2009

Plus jamais Mozart


"Un jour, quelqu'un m'a dit que tous les secrets sont des mensonges. Le temps est venu je crois de ne plus mentir..."
Alors, à la veille de son cinquantième anniversaire, Paolo Levi, célèbre violoniste, raconte à Lesley, une jeune journaliste, le secret de sa famille et la raison pour laquelle jamais il n'a joué Mozart en public jusqu'à ce jour.
L'histoire est terrible et belle à la fois : le père et la mère de Paolo, juifs et violonistes tous les deux se sont rencontrés dans un camp de concentration. Enrôlés dans un orchestre par les nazis, ils ont survécu en jouant à l'arrivée des trains remplis de nouveaux prisonniers...
Un récit très fort, très touchant, porté par une écriture simple et pudique, merveilleusement mis en lumière par les aquarelles bleutées de Michael Foreman.

Plus jamais Mozart, par Michaël Morpurgo, ill. par Michaël Foreman, ed. Gallimard, 2008, 74p.

Isabelle P.

lundi 22 juin 2009

Ma maman est en Amérique...


... elle a rencontré Buffalo Bill.
C'est en tout cas ce qu'affirme le petit Jean, héros de cette histoire.
Sa maman, dont il se souvient à peine parce qu'elle est partie il y a très longtemps, envoie régulièrement des cartes postales à la voisine qui les lit à Jean parce qu'il ne sait pas encore lire. Mais il ne faut le dire à personne parce que c'est un secret entre Maman, Jean et la voisine.C'est comme cela qu'il sait que Maman a vu le rodéo de Buffalo, et puis les zèbres en Afrique, et les corridas en Espagne, et plein d'autres choses encore...
Il y a du petit Nicolas et du Jojo dans ce petit garçon-là, qui navigue au jugé entre les histoires qu'il s'invente et celles que les adultes lui racontent ou lui taisent.
C'est en tout cas un très beau récit d'enfance,plein d'émotion sans misérabilisme et d'humour pudique. Texte et illustration se répondent, se complètent, jouent l'un avec l'autre. Une petite merveille à découvrir!

Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill, par Jean Regnaud et Emile Bravo, ed. Gallimard, 2007.

Isabelle P.

vendredi 19 juin 2009

La solitude de deux Coréens aux Etats-Unis


Deux coréens se baladent sur les routes américaines en appréciant ce qu’ils ont toujours désiré et recherché : la liberté. Mais entre deux bouteilles d’alcool et quelques cigarettes parfumées, les deux baroudeurs ne peuvent s’empêcher de penser à leur pays natal. Ont-ils vraiment pris la bonne décision en voulant échapper à leurs racines et en se retrouvant dans ce pays étranger ? Pourront-ils un jour se considérer comme américain ou se retourneront-ils éternellement vers le lieu qui les a vus naître ?

Ce livre rend très bien l’état dans lequel un étranger peut se retrouver lorsqu’il quitte son pays pour raison sociale ou politique. La Corée du Sud est un pays difficile, certes, surtout en ce qui concerne ses relations très sensibles avec sa voisine nordique. Mais pour retrouver la liberté, il ne suffit pas de quitter sa « prison », encore faut-il être libre de toute attache. Et ce n’est apparemment pas le cas de ces deux Coréens, qui paraissent très bien savoir, même s’ils tentent de se le cacher, que ce qu’ils sont en train de vivre dans ce pays de liberté n’est malheureusement qu’éphémère.

Très beau récit sur la solitude de deux êtres qui recherchent, chacun à sa manière, une vie idéale qui n’existe nulle part si l’on n’est pas en paix avec soi.

Une nuit bleue et profonde, par Ch’oe Inho, Actes Sud, 1992, 87 p.

Pierre C.

mardi 16 juin 2009

Prix Farniente 2010 : Doppelgänger


Un Doppelganger, c'est une créature monstrueuse qui peut "habiter" n'importe quel être humain, après lui avoir ôté la vie. Il est à l'état naturel physiquement très repoussant et sans aucun état d'âme face à celui qu'il tue pour en prendre l'apparence. Sauf que...le doppelganger qui, au début de l'histoire, prend presque par hasard la vie de Chris, un adolescent, ne ressemble pas aux autres. Il ressent des émotions, s'intéresse à la vie de ce Chris qu'il a "investi", à celle de ses parents, de sa soeur, de sa petite amie. Rapidement, il s'aperçoit que sous le vernis de la popularité, Chris cachait bien des souffrances et des noirceurs.
Très vite d'ailleurs, le lecteur en vient à se demander où sont les véritables monstres dans cette histoire! Et finalement, qu'est ce qui fait l'identité d'un être? Sa nature? L'idée que son entourage s'en fait? Les choix qu'il pose?
Un roman passionnant dans lequel le fantastique cotoie une analyse psychologique très fouillée.
Ce livre fait partie de la sélection 1 basket du prix Farniente, organisé par la Ligue des Familles, pour l'année 2010. Pour rappel, ce prix propose, dans la lignée du prix Versele, 6 romans à la lecture des adolescents de 13-14 ans (1 basket) et 15-16 ans (2 baskets).
Pour plus de renseignements : www.prixfarniente.be

Doppelgänger, par David Stahler Jr, ed. Flammarion (Tribal), 2008, 369p.

Isabelle P.

mercredi 20 mai 2009

Merveilles numériques


La Bibliothèque numérique mondiale met depuis peu sur Internet à disposition du public un tas de documents provenant de tous les continents du monde. Le but est entre autres de promouvoir l'entente internationale et interculturelle et de fournir certaines ressources pour les éducateurs, les chercheurs et le grand public.

On peut, par exemple y trouver le fameux « Dit du Genji » de Murasaki Shibuku qui naquit vers 978 (le document est une impression du 17ème siècle en japonais) ainsi que, plus proche de chez nous, une superbe carte d’une partie de l’Europe de 1611, dessinée sur un lion belge. Petite particularité de cette carte-lion : le nord est à droite.

Vous pouvez vous amuser à découvrir toutes ces merveilles du monde entier en cliquant ici

Pierre C.

mardi 12 mai 2009

Leonore


Gabi a 16 ans et "un polichinelle dans le tiroir", comme elle dit. Du père de l'enfant qu'elle porte, on ne saura rien. Ce bébé n'est pas le résultat d'une histoire d'amour, il est un accident, un inconnu qu'il s'agit d'apprivoiser peu à peu.
L'entourage réagit diversement à la nouvelle. Clara, l'amoureuse d'Hugo, le frère de Gabi est très négative, frustrée dans son propre désir d'avoir un enfant.
Les trois meilleures amies de Gabi la soutiennent, mais au fil des mois, les préoccupations de l'une et des autres divergent de plus en plus...
Dans un style poétique et elliptique, Frédérique Niobey raconte ces mois qui changent la vie de Gabi à jamais, Gabi maman en devenir et pourtant tellement enfant encore.

"C'est Elle!
Occupe le ventre. Pousse dessus. Dedans.
Fait sa place.
Creuse son trou.
Non. Souffle sa bulle.
Qui gonfle. Qui gonfle.
Tranquillement.
Un jour...
Pop
La bulle va se détacher
Et alors moi? Après?
Ce sera comment?
Tout redeviendra comme avant? "

Léonore, par Frédérique Niobey, ed. Rouergue (Do Ado), 2007, 158p.

Isabelle P.

Ecriture et réalité


Que peut bien faire un écrivain septuagénaire et malade lorsqu’il est confronté à la pénible expérience de la nuit blanche ? Un écrivain ne peut s’empêcher d’inventer des histoires, et tant qu’à faire pourquoi ne pas les créer dans son lit. Mais lorsque ses histoires deviennent réelles et que ses personnages se retrouvent prisonniers de l’imagination de cet écrivain quelque peu malicieux, les problèmes arrivent. C’est ainsi que le pauvre Owen Brick se réveille un beau jour en plein milieu d’une guerre civile aux Etats-Unis en 2007 et que pour pouvoir rejoindre sa fiancée restée dans le monde réel, il va devoir accomplir une tâche pour laquelle il n’est vraiment pas fait.

Mais de temps en temps, l’écrivain le laisse tranquille et préfère se replonger dans son histoire familiale qui n’a été tendre ni pour lui, ni pour ses proches. Et c’est ce récit qui est intéressant dans ce livre, bien plus profond et touchant que l’histoire burlesque d'Owen Brick qui n’est là que pour faire plaisir à Paul Auster qui, à bout de souffle, essaie tant bien que mal d’avoir encore quelque chose à raconter d’une façon originale. Mais l’originalité n’est plus au rendez-vous, ce récit dans le récit a trop souvent été utilisé et ça n’étonne plus personne. Ca ressemble à une tentative de réflexion sur le roman et la fiction, mais ça ne prend à aucun moment.

Reste la partie du livre où l’écrivain insomniaque relate ses tendres souvenirs à sa petite fille, et ça c’est du vrai Auster, la recherche du passé pour pouvoir attendre du futur le meilleur, regarder derrière soi pour devenir meilleur, comprendre la perte d’un être cher pour pouvoir rebondir et vivre. Rien que pour cette partie, le livre vaut la peine d’être lu, disons que la première partie est un gag un peu mal venu, une erreur de « vieillesse » ?

Seul dans le noir, par Paul Auster, Actes Sud, 2009, 181 p.

Pierre C.

mardi 5 mai 2009

Elle court, elle court, la famille...


Les Doinel, c'est une famille comme les autres, avec Papa, Maman, Charlie, 14 ans et Esteban, 8 ans.
Comme les autres, ils se débattent chacun dans des problèmes qui prennent toute la place : l'entreprise de Papa est en pleine restructuration et le chômage guette, Maman, institutrice maternelle, se demande souvent à quoi elle sert, Charlie qui s'appelle en fait Charline se sent transparente pour les autres et en souffre, et Esteban se fait maltraiter à l'école sans rien oser dire.
Et pourtant... ils s'aiment, les Doinel, mais bouffés par le quotidien, ne prennent pas le temps de se le dire. Heureusement parfois, la vie se charge de faire exploser les choses trop lourdes. Le détonateur, pour les Doinel? Une yourte mongole dans une prairie bretonne!
Marie-Aude Murail n'a pas son pareil pour décrire notre monde et ses difficultés, sans pathos ni clichés mais avec toujours beaucoup de justesse et un humour tendre. Etres humains comme vous et moi, ses personnages sont touchants, émouvants, même les bêtes et les méchants! On s'attache à eux, on se retrouve dans ce qu'ils vivent, et l'on savoure avec eux la chance qu'ils savent saisir, comme nous le pouvons aussi.
Bref, 294 pages que l'on quitte avec un peu de soleil à l'âme, cela ne se refuse pas!
Faites-vous du bien, lisez ce livre! :-)

Papa et Maman sont dans un bateau, par Marie-Aude Murail, Ecole des Loisirs (Medium), 2009, 294 p.

Isabelle P.

lundi 4 mai 2009

Cercle de lecture : des élèves de 3ème Secondaire vous donnent leur avis sur "Sobibor", de Jean Molla.


Les élèves de la classe de Madame Naert, 3ème secondaire technique de transition à l'Institut St Vincent de Paul à Uccle ont lu un des livres que la bibliothèque propose en multiples exemplaires aux enseignants. Voici quelques-unes de leurs opinions :

"Emma, 17 ans, ne se sent pas bien dans sa peau, ses parents ne la comprennent plus et ne voient même pas l'anorexie de leur fille. Elle se met à voler pour attirer l'attention de ses parents qui eux préfèrent ne pas réagir pensant bien faire.
Après la mort de sa grand-mère, Emma découvre un journal qui va bouleverser sa vie d'adolescente, le journal d'un certain Jacques Desroches. La maladie d'Emma aurait-elle un lien avec ce journal? Qui est Jacques? Emma guérira-t-elle?
Mon avis : J'ai vraiment aimé ce livre car ce qui s'est passé pendant les guerres, notre génération n'en n'est pas toujours informée et je trouve ça bien de savoir ce qui s'est passé même si ce n'est pas toujours gai.
Je l'aime aussi pour ses chapitres petits et captivants. Il ne parle pas que de la guerre comme certains livres, il parle aussi de l'adolescence et ses problèmes que l'on peut rencontrer. En gros, c'est un très chouette livre que je vous recommande."

Ashley, 16 ans.

"Je trouve ce livre très enrichissant car nous les jeunes nous apprenons des choses qu'on ne savait pas sur la guerre, les camps de concentration et l'anorexie. Nous ne voulons des fois pas le savoir ou nos parents ne veulent pas nous le dire, mais moi je vous le recommande car c'est vraiment un livre bien"

Manon, 14 ans

"Sobibor est un bon livre dans le sens qu'il parle de ce qui a vraiment pu se passer à cette époque. Beaucoup des officiers nazis représentés dans le livre ont vraiment existé et ont travaillé à Sobibor. Les actions qui se passent sont parfois choquantes et dures à imaginer mais se sont réellement passées pendant la deuxième guerre mondiale."

Arun, 14 ans

"Je n'ai pas aimé ce livre car c'est vrai, je sais que la guerre, les camps de concentration et le génocide des Juifs ont existé mais je n'aime pas en lire car je me dis qu'un être humain est vraiment prêt à tout pour arriver à ses fins. Savoir que ce genre de personne a existé me déprime. Mais ce qui m'affole le plus c'est de voir qu'il en existe encore."

Haoua, 16 ans.

"J'ai beaucoup aimé ce livre, car il est réel. Il parle de la guerre avec les nazis. Et il ne parle pas que de guerre mais aussi d'une histoire d'amour. Les chapitres sont courts et grâce à eux, j'étais motivée de lire, parce que moi je n'aime pas lire. Ce livre est très intéressant, car il m'a appris beaucoup de choses."

Yousra, 15 ans.

"Ce livre, j'ai bien aimé, car Emma est une adolescente toute comme nous et j'aime imaginer l'histoire car l'anorexie est une maladie qui touche plus les ados que les adultes"

Roxana, 15 ans.

"J'ai trouvé ce roman très réaliste, car c'est une histoire qui peut arriver à beaucoup d'adolescents, c'est une histoire où chaque chapitre nous aide à comprendre la suite. Il y a aussi une partie traitant de la guerre, qui est vraiment bien écrite, bien détaillée aussi.
Je recommande de roman à tous ceux qui aiment les romans réalistes et le genre "journal intime". Lisez-le!"

Christina, 16 ans.


Merci à tous et toutes pour leurs commentaires!


Enseignants, si vous aussi désirez proposer à vos élèves l'un ou l'autre livre de notre sélection "Cercle de lecture", consultez-en la liste sur ce blog... et si vos élèves désirent s'exprimer sur cette lecture... "nos colonnes leur sont ouvertes", comme on dit dans les meilleurs journaux! :-)

Sobibor, par Jean Molla,ed. Gallimard (la bibliothèque Gallimard), 2006.

Isabelle P.

mercredi 29 avril 2009

Le manuscrit du Caravage


Camilleri a eu la chance de recevoir un jour un manuscrit inconnu du Caravage et il se fait un malin plaisir de nous offrir quelques extraits de ce document précieux. Grâce à celui-ci, nous pouvons suivre le grand peintre dans une course effrénée qu’il devra mener pour échapper aux Chevaliers de Malte qui veulent absolument le récupérer, le juger et le mettre en prison.

Cet artifice littéraire du document retrouvé et publié, a maintes fois été utilisé par les écrivains, ce qui rend ce livre un peu trop convenu, mais l’intérêt de ce livre est plutôt dans le vocable ancien qu’utilise Camilleri ; et pour ceux qui connaissent l’auteur, il est bel et bien un des plus grands à manier les mots et à nous amuser par la richesse d’une langue qui n’a pas fini de nous enthousiasmer.

La couleur du soleil, par Andrea Camilleri, Fayard, 2008, 138 p.

Pierre C.

mercredi 22 avril 2009

Voyage de folie en Corée du Sud


Très beau recueil de trois nouvelles de Ch’Oe Yun, écrivain phare de la nouvelle génération d’écrivains coréens dont « Là-bas, sans bruit, tombe un pétale » qui nous raconte l’histoire d’une adolescente qui, perturbée par l’assassinant de sa mère, se met à traverser le pays à la recherche de son frère également mort. Le récit est double, il y a la version de ceux qui recherchent, inquiets, la jeune fille et la version beaucoup plus opaque de l’adolescente qui se perd dans cette recherche proche de l’absurde et du désespoir. Texte difficile d’accès mais qui en vaut réellement la peine si l’on comprend que le style de l’écrivain n’est là que pour mettre en évidence les ténèbres de l’âme humaine.

Les deux autres récits d’un moins grand intérêt littéraire mais tout aussi intéressants à lire, sont deux histoires typiquement coréennes qui ont pour toile de fond la politique du pays et les relations difficiles entre les deux Corées.

Là-bas, sans bruit, tombe un pétale , par Ch’Oe Yun, Actes Sud, 2000, 211 p.

Pierre C.