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mercredi 28 octobre 2009

Le dos au mur


Nous sommes en 2020. Un mur trace une frontière entre le Mexique et les Etats-Unis pour empêcher l'immigration clandestine massive.
Un "jeu" télévisé est organisé : chaque mois, deux cents Mexicains peuvent entrer aux Etats-Unis, ils ont deux heures d'avance sur la police. Au bout de ce temps, la police prend en chasse les immigrés clandestins. Le dernier à être arrêté gagne une maison, un visa américain et de quoi démarrer une nouvelle vie.
Diego Ortega décide de participer à ce jeu pour éponger les dettes de son père débiteur de la mafia.
Avec Pablo, qu'il a rencontré peu avant de passer le mur, Diego entame sa fuite. Il rencontre une jeune punkette et est aussi confronté à un serial killer. Cette course-poursuite tient le lecteur en haleine avec beaucoup d'efficacité, et se déroule de manière très "cinématographique". Mais au-delà de l'aspect thriller de ce roman, il y a aussi les réflexions qu'il propose sur quelques aspects de notre société qui prêtent à débat : les politiques de l'immigration et leurs dérives, la télé-réalité et ses enjeux...
A l'heure où l'on s'apprête à célébrer avec éclat les 20 ans de la chute du mur de Berlin, "Dos au mur" rappelle qu'il en existe d'autres, aussi inacceptables...

Le dos au mur, de Christophe Lambert, ed. Intervista (15-20), 2008, 248p.

Isabelle P.

samedi 24 octobre 2009

Lu et approuvé!

C'est là le titre de la nouvelle (et luxueuse!) publication du Centre de Littérature de Jeunesse de Bruxelles (pour faire court, on dit CLJBxl :-)).
Elle contient tout d'abord une belle sélection des livres parus en 2007 et 2008, en plusieurs tranches d'âge : albums 0-3 ans, albums 5-8 ans, albums 8-10 ans, albums plus de 10 ans, romans 10-12 ans, romans 12-14 ans et romans plus de 14 ans.
Il y a aussi des articles de fond sur l'illustration belge, la fantasy, la poésie pour les tout-petits, ou le pop-up et les livres animés.
Beaucoup d'informations donc, et surtout 200 livres qui valent le détour, à découvrir!
Où? A la bibliothèque, bien sûr! :-)
La sélection vous y attend, ainsi que tous (ou presque :-)) les livres dont on y parle!
A bientôt!

Isabelle P.

mercredi 21 octobre 2009

Chaos shanghaien


Deux sœurs (Mei Mei et Jie Jie) et un acteur passent leur temps à traîner dans des soirées déprimantes d’un Shanghai complètement désabusé. Voilà en gros le thème du dernier livre de la sulfureuse chinoise Mian Mian. Pour eux, il n’y a que 3 choses qui comptent : l’amour, le sexe et ce qu’ils peuvent bien en faire dans leur Shanghai natal.

Ce livre est étrangement écrit, c’est un roman mais il se lit plutôt comme une pièce de théâtre. Ce sont des dialogues présentés comme dans une pièce :

Mei Mei : Tu as vu, là ? On dirait un lieu de rupture.
L’acteur : Qu’est-ce que tu veux dire ?

Et les dialogues sont très loin d’être hilarants. Il plane sur ce livre un nuage épais de spleen, de mélancolie et de désespoir. Pour Mian Mian, l’amour semble exister mais sous une forme très désabusée. Un peu trop peut-être. Ces dialogues pris hors contexte paraîtraient complètement ridicules, la seule chose qui les sauve est cette ambiance grave qui nous oblige à considérer ses convictions sous un angle plus sérieux.

Mian Mian fait partie de ces jeunes écrivains qui ont suivi le chemin sans espoir ouvert par Michel Houellebecq vers le milieu des années 90, comme Frédéric Beigbeder ou Virginie Despentes. Un genre littéraire désespéré où se mêlent drogues, sexe, amours impossibles et renoncement total.

Panda sex, par Mian Mian, ed. Au diable vauvert, 2009, 183 p.

Pierre C.

lundi 12 octobre 2009

Le mec de la tombe d'à côté




Le gros cœur sur la couverture annonce la couleur, c’est d’amour que l’on va parler dans ce roman qui nous vient de Suède.
Désirée, bibliothécaire, citadine BCBG limite coincée, vient régulièrement se recueillir sur la tombe de son mari trop tôt disparu, d’un stupide accident de vélo.
Elle est souvent dérangée dans ses méditations par un homme qui jardine sur la tombe d’à côté , un monument monstrueusement tape-à-l’œil et vulgaire à son avis.
Benny vient y parler à sa mère qui en mourant l’a laissé seul à la ferme pour s’occuper de tout. Les vaches, la maison, les cultures… le pauvre s’épuise toute la semaine, et voilà qu’il ne peut même plus être tranquille au cimetière, avec cette fille qui le regarde d’un air hautain…
Chacun à son tour, chapitre après chapitre, les deux protagonistes parlent de leur vie, et au passage lâchent l'une ou l'autre vacherie sur leur voisin de cimetière, décidément exaspérant.
Jusqu’au jour où Désirée et Benny, presque par inadvertance, se sourient. Coup de foudre inattendu, passion éblouissante… et choc des cultures tout aussi éclatant !
Désirée en effet n’a aucun atome crochu avec les vaches laitières et Benny n’a ni le temps ni l’envie de s’adonner à la culture avec un grand C. Alors ?…
J’ai beaucoup aimé ces personnages attachants, et le style de l’auteur, qui manie l’humour ironique et tendre à la fois avec virtuosité.
Une belle découverte !

Isabelle P.

Le mec de la tombe d'à côté, par Katarina Mazetti, ed. Actes Sud (Babel), 2009, 253 p.

lundi 5 octobre 2009

Deux pouces et demi...


« L’homme pénètre dans l’allée, une valise dans chaque main. Après deux mois d’absence, le voilà qui revient chez lui, dans sa maison de l’avenue De Fré, à Bruxelles. Sur la façade, en grandes lettres de fer, une date est inscrite : 1570. C’est un monument classé, cette maison, ni plus ni moins. Autrefois taverne, relais de poste et Dieu sait quoi encore, elle a abrité des générations de Bruxellois plus ou moins fortunés. Trente-huit personnes sont mortes derrière ses gros murs de brique ; quarante-huit y ont vu le jour …. »
Je n’ai pu résister à la tentation de retranscrire le premier paragraphe du nouveau roman de Thomas Lavachery, l’auteur déjà bien connu par sa série « Bjorn le morphir » paru à l’Ecole des loisirs.
Ce n’est pas tous les jours en effet qu’un roman a pour cadre notre quartier !
Cette maison, que tous les Ucclois ont reconnue, j’en suis sûre, Thomas Lavachery l’imagine habitée au 18ème siècle par Emmanuel Denef, peintre honorablement connu mais souffrant à ce point de solitude qu’il fait appel à l’alchimie pour se créer un fils, Gilles, haut de deux pouces et demie (soit environ sept centimètres).
C’est là le point de départ d’une histoire pleine d’imagination, que nous raconte l’auteur avec beaucoup de panache. Le livre terminé, on n’a qu’une envie, scruter les lames du parquet pour voir si notre maison n’abrite pas, elle aussi, un homuncule âgé de 300 ans !

2 pouces et demi, par Thomas Lavachery, ed. Bayard (Millezime), 2009, 173p.

Isabelle P.