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lundi 28 décembre 2009

La maladie de Camilleri


Dans « Le tailleur gris », Camilleri laisse tomber l’humour, même si le personnage principal est au début du livre plutôt cocasse. C’est un ancien banquier fraîchement retraité qui se demande, dès le premier jour, ce qu’il va bien pouvoir faire de tout ce temps libre. Mais voilà que cette nouvelle vie va vite s’avérer moins lumineuse qu’il ne l’espérait. En effet, il se rend compte, son esprit n’étant plus occupé par son travail, que sa jeune épouse le trompe, et pas qu’un peu, depuis assez longtemps. Loin de lui l’idée de vengeance, vu la différence d’âge entre eux deux, il se fait rapidement une raison ; mais ça ne l’empêchera pas de mener sa petite enquête. Cocu, oui, mais complètement ignorant, non.

Jusque là, on reste dans le style Camilleri, mais le récit glisse lentement vers un aspect totalement nouveau chez l’écrivain sicilien. Une atmosphère beaucoup plus tendre, intime et triste voit le jour. Camilleri devient beaucoup plus introspectif qu’à son habitude. Il nous parle de choses assez douloureuses qui nous rappellent que l’écrivain vient d’atteindre ses 84 balais et que, peut-être, il se met à voir la vie différemment.

C’est avec un peu d’inquiétude que l’on quitte « Le tailleur gris », on a l’impression que l’auteur veut nous dire quelque chose, veut nous faire part de son inquiétude. Une ombre inquiétante pèse sur ce livre, mais espérons que ce n’est qu’un livre et que Camilleri ne tire tout ça que de son imagination fertile.

Le tailleur gris, par Andrea Camilleri, éd. Métaillié, 2009, 135 p.

Par Pierre C.

lundi 21 décembre 2009

Une promesse


Une petite maison, dans un village de Mayenne. Chaque jour, quelqu'un y entre.
Le lundi, Paradis ouvre les portes et remonte la petite horloge suisse. Le mardi, Leo fait sonner la cloche pour annoncer sa visite. Le mercredi, Berthevin allume les lampes. Le jeudi, Madeleine dresse la table du souper...
Dans la maison, il y a Etienne et Fauvette, cheveux blancs et gestes mesurés de ceux qui ont déjà beaucoup vécu. Elle fait des mots croisés, il contemple sa collection de timbres et note dans un petit cahier le jour et l'heure de chaque visite. Pourtant, visiteurs et visités ne se croisent jamais...
L'histoire commence ainsi, à petits pas feutrés comme ceux d'Etienne et Fauvette.
L'auteur installe une ambiance, le lecteur s'y installe à son tour. Je n'ai pas envie d'en dire plus, les mots de ce roman parlent d'eux-mêmes. On en sort ému, touché au coeur par ces personnages poignants, soudés par une solidarité et une fidélité hors du commun.
Journaliste à "Libération" pendant de nombreuses années, Sorj Chalandon a reçu pour "Une promesse" le prix Medicis en 2006.

Une promesse, par Sorj Chalandon, ed. Grasset, 2006, 274p.

Isabelle P.

samedi 19 décembre 2009

Un belge à Tokyo


En ce qui concerne l’histoire de « La vérité sur Marie », rien de très original : un homme retrouve son ancienne copine et se remémore leur ancienne relation. Elle (Marie) vient de connaître une mésaventure avec son nouveau copain et, ayant besoin de réconfort, elle le supplie de venir la rejoindre.

Mais au niveau de l’écriture, ce livre est une merveille. Rien que la scène du cheval qui s’enfuit sur la piste de l’aéroport de Narita à Tokyo vaut à elle seule le détour. Les descriptions que Jean-Philippe Toussaint nous fait de cet événement incongru sont tout à fait époustouflantes. Même si c’est sans doute la seule chose qui restera dans nos esprits après la lecture de ce livre, cette scène est désormais à classer, du point de vue stylistique, dans les plus belles pages de la littérature française. On y voit un superbe cheval de course que l’on tente par tous les moyens de faire rentrer dans un avion et qui se met à paniquer et s’enfuir dans la nuit la plus sombre et la plus froide de Tokyo.
Une superbe scène cinématographique n’aurait pu faire mieux. On y est également sur cet aéroport de Narita, on sent l’odeur et la panique du cheval terrifié, on sent la pluie fine et glaçante qui met en évidence la chaleur animale de la bête qui se débat. On y est, on aimerait intervenir, donner un coup de main à tous ces hommes perdus et impuissants, et c’est alors que l’on se rend compte qu’on est juste en train de parcourir des yeux une suite de simples mots écrits par un virtuose de la langue française. Tant pis, j’oublie que j’ai un livre entre les mains, et je retourne de suite à Tokyo pour y retrouver ce cheval fuyant en espérant qu’on finira bien par l’attraper.

Beaucoup de tendresse, de tristesse et quelques passages plus humoristiques dans ce très beau livre du belge Jean-Philippe Toussaint, ce grand monsieur discret de la littérature française.

La vérité sur Marie, par Jean-Philippe Toussaint, éd. De Minuit, 2009, 204 p.

Pierre C.

mercredi 16 décembre 2009

Pas de vacances pour Immense Savoir


A l'occasion d'une recherche bibliographique dans le cadre d'Europalia, j'ai redécouvert avec beaucoup de plaisir ce roman au titre énigmatique, paru à l'Ecole des Loisirs il y a déjà quelques années.
Né en 1956, dans la toute nouvelle République populaire de Chine, Sheng-Hui (Immense Savoir en chinois) a été ainsi nommé par sa mère afin qu'il devienne un savant réputé, ce que ses grandes oreilles laissent, paraît-il présager.
Le devin du village a, lui, une vision toute autre du destin du nourrisson : "le garçon quittera la maison très jeune. Il connaîtra le chagrin et le deuil quand il sera tout petit. Puis il parcourra le monde". Et c'est ce qui advient.
Orphelin à 4 ans, il est adopté par un moine bouddhiste qui s'est donné pour mission de conserver tous les "sutras", ces textes transmettant l'enseignement de Bouddha.
Seul manque au vieux moine le Sutra du rire, celui qui apporte illumination et immortalité.Le seul exemplaire au monde se trouve dans un musée de San Francisco.
Quinze ans, une révolution culturelle et bien des vicissitudes plus tard, Immense Savoir, rebaptisé Hsun Ching ou Chercheur de Sutras, entreprend de réaliser le voeu de son vieux maître.
Accompagné du colonel Sun, extraordinaire personnage aux yeux jaunes et à la force prodigieuse, le jeune homme traverse illégalement les frontières et débarque à San Francisco. les deux voyageurs découvrent la culture américaine avec l'ahurissement que l'on imagine. Hsun-Ching, nourri des préceptes communistes et le colonel qui juge toute chose à l'aune de ses valeurs guerrières accusent le choc culturel de leur mieux, ce qui donne, on s'en doute, quelques épisodes cocasses!
Au-delà de ces aventures picaresques, il y a dans ce récit toute une réflexion sur ce qui fait la grandeur et le déclin d'une civilisation, le besoin de spiritualité de l'être humain, les dérives d'une révolution pourtant voulue pour le bonheur des hommes...
Pour écrire ce roman, l'auteur, Mark Salzman, s'est inspiré de son expérience de vie en Chine, où il a passé deux ans à enseigner l'anglais dans une université de province. Passionné d'arts martiaux dès l'enfance, il parle le chinois, et raconte dans "Le fer et la Soie" les rencontres, drôles parfois, émouvantes souvent, qui ont jalonné ces deux années.

Parus tous les deux dans une collection estampillée "Jeunesse" ces deux livres se privent ainsi, et c'est bien dommage, d'un public bien plus large, qu'ils méritent pourtant.
Alors, lecteurs adultes, faites comme Hsung-Ching, franchissez sans crainte les frontières, vous ne le regretterez pas!

Pas de vacances pour Immense Savoir, par Mark Salzman, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 371 p., 2006

Le fer et la soie, par Mark Salzman, ed. Gallimard (Page blanche), 1989, 351p.

Isabelle P.

lundi 7 décembre 2009

Rencontre d'auteur


La librairie La Licorne, qui est notre très chouette partenaire pour plusieurs projets, propose ce jeudi 10 décembre à 18 h 30 une rencontre avec l'univers de Anne Wiazemsky, qui parlera entre autres de son dernier livre "Mon enfant de Berlin".
Vous ne connaissez pas encore cette auteure? Plongez-vous par exemple dans "Sept garçons", un très attachant roman sur le monde de l'enfance.
Le récit se passe quelque part au bord de la Méditerranée, dans les années 60, autour de deux enfants, Roséliane et Dimitri, 11 et 9 ans.
Habitués à vivre en autarcie familiale, les voilà parachutés, au hasard des amitiés parentales, dans un groupe de 7 autres enfants de leur âge, sept garçons.
Durant deux étés successifs, les relations entre les enfants évoluent et se transforment, dans une quasi liberté. Roséliane découvre sa féminité, son pouvoir d'attraction sur chacun des garçons qui l'entourent, et qui chacun suivant leur tempérament se font valoir auprès d'elle. Mais de bravades en prises de bec agressives, les rivalités latentes finiront par basculer dans le tragique...
Anne Wiazemsky décrit ces relations à la manière d'une ethnologue abordant une peuplade aux rites complexes et particuliers, d'autant plus particuliers que les parents, soucieux de préserver leur tranquillité, sont très peu présents.
On entre dans ce roman sans trop se poser de questions; on y reste, fasciné par ce microcosme dans lequel l'auteur nous introduit peu à peu, de plus en plus profondément, avec beaucoup de subtilité.
Une invitation à nous retourner sur notre propre enfance, fut-elle ou non semblable à celle-là.

Sept garçons, par Anne Wiazemsky, ed. Gallimard (Folio), 2004

Librairie La Licorne, 656, chaussée d'Alsemberg, 1180 Bruxelles
Tel : 02/344.98.32

Isabelle P.

samedi 5 décembre 2009

Et hop ! un classement de plus


Top 50 des prêts en section adultes de juillet à septembre 2009

(juste pour se faire une idée bien-sûr…)

1. La 6e cible / Patterson
2. Le cimetière des poupées / Pingeot
3. Ultime rencontre / Shreve
4. Un homme accidentel / Besson
5. Âmes sœurs / Debois
6. La chasseresse écarlate / Debois
7. Clair de lune / Deaver
8. Erevan / Sinoué
9. N'oublie pas d'être heureuse / Orban
10. Sans un mot / Coben
11. Le bonheur des familles : récits / Fuentes
12. Le déjeuner de la nostalgie / Tyler
13. L'appel des morts / Rankin
14. N'habite plus à l'adresse indiquée / Grosman
15. La lamentation du prépuce / Auslander
16. Quand tu es parti / O'Farrell
17. Les hirondelles de Kaboul / Khadra
18. Et après... / Musso
19. L'homme dans la vitrine / Dahl
20. L'accusé / Grisham
21. Avalon / Istin
22. Le cromm-cruach / Istin
23. L'étoile de Babylone / Wood
24. Inés de mon âme / Allende
25. Profondeurs / Mankell
26. Disparu à jamais / Coben
27. Paradis conjugal / Ferney
28. Le secret du Bayou / Biguenet
29. La princesse des glaces / Läckberg
30. Le pacte des assassins : roman-histoire / Gallo
31. Dans les bois / Coben
32. Une question d'honneur / Leon
33. La jeune fille et le rossignol / Gourdin
34.A quand les bonnes nouvelles ? / Atkinson
35. L'anomalie / Jodorowsky
36. L'ange bossu / Jodorowsky
37.Le coeur de Kavatah / Jodorowsky
38. La porte du non-retour / Peyramaure
39.Dans la tête de Shéhérazade / Janicot
40. Un palais dans les dunes / Degroote
41. Le secret de Clara / Bourdin
42.Syngué sabour : pierre de patience / Rahimi
43. La deuxième lune de miel / Trollope
44. Le petit Nicolas
45.Dans le silence de l'aube / Bourdin
46. Chaos sur Bruges / Aspe
47. La lampe d'Aladino et autres histoires pour vaincre l'oubli / Sepulveda
48. Love & pop / Murakami
49.La pluie avant qu’elle tombe / Coe
50. Impardonnables / Djian

Pierre C.