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mercredi 16 décembre 2009

Pas de vacances pour Immense Savoir


A l'occasion d'une recherche bibliographique dans le cadre d'Europalia, j'ai redécouvert avec beaucoup de plaisir ce roman au titre énigmatique, paru à l'Ecole des Loisirs il y a déjà quelques années.
Né en 1956, dans la toute nouvelle République populaire de Chine, Sheng-Hui (Immense Savoir en chinois) a été ainsi nommé par sa mère afin qu'il devienne un savant réputé, ce que ses grandes oreilles laissent, paraît-il présager.
Le devin du village a, lui, une vision toute autre du destin du nourrisson : "le garçon quittera la maison très jeune. Il connaîtra le chagrin et le deuil quand il sera tout petit. Puis il parcourra le monde". Et c'est ce qui advient.
Orphelin à 4 ans, il est adopté par un moine bouddhiste qui s'est donné pour mission de conserver tous les "sutras", ces textes transmettant l'enseignement de Bouddha.
Seul manque au vieux moine le Sutra du rire, celui qui apporte illumination et immortalité.Le seul exemplaire au monde se trouve dans un musée de San Francisco.
Quinze ans, une révolution culturelle et bien des vicissitudes plus tard, Immense Savoir, rebaptisé Hsun Ching ou Chercheur de Sutras, entreprend de réaliser le voeu de son vieux maître.
Accompagné du colonel Sun, extraordinaire personnage aux yeux jaunes et à la force prodigieuse, le jeune homme traverse illégalement les frontières et débarque à San Francisco. les deux voyageurs découvrent la culture américaine avec l'ahurissement que l'on imagine. Hsun-Ching, nourri des préceptes communistes et le colonel qui juge toute chose à l'aune de ses valeurs guerrières accusent le choc culturel de leur mieux, ce qui donne, on s'en doute, quelques épisodes cocasses!
Au-delà de ces aventures picaresques, il y a dans ce récit toute une réflexion sur ce qui fait la grandeur et le déclin d'une civilisation, le besoin de spiritualité de l'être humain, les dérives d'une révolution pourtant voulue pour le bonheur des hommes...
Pour écrire ce roman, l'auteur, Mark Salzman, s'est inspiré de son expérience de vie en Chine, où il a passé deux ans à enseigner l'anglais dans une université de province. Passionné d'arts martiaux dès l'enfance, il parle le chinois, et raconte dans "Le fer et la Soie" les rencontres, drôles parfois, émouvantes souvent, qui ont jalonné ces deux années.

Parus tous les deux dans une collection estampillée "Jeunesse" ces deux livres se privent ainsi, et c'est bien dommage, d'un public bien plus large, qu'ils méritent pourtant.
Alors, lecteurs adultes, faites comme Hsung-Ching, franchissez sans crainte les frontières, vous ne le regretterez pas!

Pas de vacances pour Immense Savoir, par Mark Salzman, ed. Ecole des Loisirs (Medium), 371 p., 2006

Le fer et la soie, par Mark Salzman, ed. Gallimard (Page blanche), 1989, 351p.

Isabelle P.

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