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mercredi 24 février 2010

L’étrange grammaire d’un écrivain italien


Stefano Benni fait partie de ces rares auteurs que l’on reconnaît après lecture de deux ou trois pages seulement (pour ne pas dire des deux, trois premières lignes). Cet écrivain italien a un monde à lui qui ne ressemble à aucun autre. On est aux frontières du conte philosophique et du grotesque. Benni ne cesse de balader le lecteur entre le réel et un monde imaginaire peuplé de créatures plus étranges ou plus attendrissantes les unes que les autres.

Dans « La grammaire de Dieu », son dernier recueil de nouvelles, Benni s’énerve, comme souvent d’ailleurs. Il s’énerve sur la société en général, et sur sa prétendue modernité en particulier. Dans une de ses nouvelles, il ridiculise un pauvre bougre qui, grâce à son nouveau téléphone portable, est persuadé que le monde, bientôt, se prosternera à ses pieds. Enfin, c’est surtout la vendeuse qui lui fait faire tout et n’importe quoi, et comme tous ses clients, notre retardé de la communication se laissera trop facilement avoir.

Par le biais de ces nouvelles, l’écrivain italien le plus hilarant du moment tente de nous faire prendre conscience de notre solitude dans ce vaste monde dit « hyper-communicatif ». Mais il nous rappelle également que, plus on est nombreux à parler, moins on se comprend. Et c’est plutôt en grand-père vieillissant ayant quelques bonnes blagues en réserve qu’il nous prévient plutôt qu’en professeur émérite et ennuyeux.

Voilà, pour tous ceux qui sont prêts à se laisser dérouter par un écrivain génial, original et surprenant, tous les livres de Benni valent la peine d’être lus et pas seulement le dernier édité. Ses livres forment un univers bien à lui, on accroche ou pas, mais dans tous les cas, vous ne risquez que l’étonnement ou l’émerveillement.

La grammaire de Dieu, par Stefano Benni, ed. Actes Sud, 2009, 259 p.

Pierre C.

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